Au moment du bouclage d’une publication papier, les rédacteurs en chef examinent avec un soin fébrile le « chemin de fer » constitué par toutes les pages d’une édition mises bout à bout, chassant la moindre erreur de titraille, vérifiant l’équilibre visuel de la maquette.
Est-ce qu’il arrive aux éditeurs web de regarder le résultat de leurs mises en page sur écran? Arrivé via un signalement sur une page du Monde.fr, je m’aperçois que je viens de moins en moins souvent sur un site de presse. Quoi d’étonnant? Cette accumulation de signaux clignotants, de bannières animées qui s’agitent aux quatre coins de l’écran, chacun réclamant mon attention de manière impérative, ressemblent à la place Pigalle à l’heure de la sortie des bureaux et ne me donnent qu’une envie: celle de fuir cet envahissement agressif.
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C’est le souhait de lire l’article qui me retient. Mais ce n’est pas facile. Tous ces clins d’œil intempestifs éparpillent ma vigilance et gênent constamment ma lecture. Le papier de Véronique Maurus porte sur le commentaire d’une photographie. Statique, en noir et blanc, si petite qu’elle est à peine lisible, cette illustration requiert une concentration et un travail analogue à celui de se frayer un chemin dans la foule.
A moins de procéder à une capture d’écran pour figer cette agitation sautillante, lire la presse en ligne demande un vrai effort. De là à penser que les éditeurs préfèreraient nous voir reprendre le chemin du kiosquier…