Je note au passage, à titre de documentation de l’évolution des pratiques critiques, qu’Arrêt sur Images est allé lire les réactions des spectateurs du « Petit Journal » de Yann Barthès sur Canal + (qui effectuait hier sa rentrée dans une version allongée à 20 mn), enregistrées sur la page Facebook dédiée (200 commentaires hier, 653 au moment où je rédige ce post) pour évaluer la réception du programme. Appuyé sur quelques citations (« Vraiment naze ! Et clairement pas drôle ! », « On se serait presque cru chez Drucker :/ »), Asi conclut à une réception négative du public, qu’il oppose à la vision beaucoup plus positive des sites spécialisés TVMag et Puremedias.
Mois : août 2011
L'image du bord des routes
Une image de retour de vacances. Le long des autoroutes, de loin en loin, cette ponctuation familière: les panneaux d’information touristique.
Le principe de ces panneaux s’inspire de la signalétique routière. Comme une indication toponymique, l’image légendée signale, sur un mode déictique, la proximité immédiate d’un site remarquable, l’entrée dans une région, voire une spécialité locale.
La proximité avec le langage du code de la route s’étend à l’iconographie. Tout comme les panneaux de signalisation s’ornent de signes génériques et simplifiés, ces dessins qui emploient les mêmes supports sont eux aussi stylisés et uniformisés, dans un monochrome orangé qui leur est propre.
Est-ce une idée que je me fais? J’ai l’impression que ce graphisme évolue et se complique progressivement, en même temps que se multiplient ces indications.
Qui prend la décision de créer ces emblèmes? Qui réalise ces dessins uniques, selon quel cahier des charges? Leur apparition crée à chaque fois une nouvelle réalité jusque là imperceptible (et qui reste souvent invisible si l’on ne quitte pas le réseau routier) – tel ce panneau qui me paraît récent et qui désigne cette entité étrange: « Les jardins de l’Essonne » (voir ci-dessus).
Au croisement improbable de l’iconographie touristique et de la signalétique routière, ces images du bord de route dessinent une cartographie augmentée, partition précieuse qui apporte à sa manière la confirmation du voyage et de ses promesses.
Aliénante fiction (retour sur entretien)
Entretien productif hier avec Martin Quenehen, qui a juré depuis longtemps de me réveiller aux aurores en plein mois d’août pour discuter de blockbusters sur France Culture. Une invitation formulée au début de l’été, qui m’aura incité à accentuer ma consommation de films commerciaux US (je n’aurais sans doute pas été voir Transformers 3 sans cette opportunité).
Les Matins d’été, 16/08/2011 (19 min.).
C’est donc à Martin que je dois deux petites illuminations récentes: 1) la prise de conscience de la relativité de la fiction comme produit parmi d’autres de l’offre culturelle (un point important pour moi qui ait jusqu’à présent articulé mon investigation du phénomène culturel autour de la notion de récit), débouchant notamment sur l’opposition symétrique divertissement/culture et sur l’idée d’une (sur)valorisation de la signification en régime culturel; 2) la découverte (via l’expérience d’une exposition sur Rue89) que la virulence des commentaires des fans de blockbuster, et particulièrement leur disqualification de la signification, correspond à une véritable revendication culturelle, une opération de distinction paradoxale. Qui a dit que les circulations médiatiques n’étaient pas profitables?
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