Le retour du Perv?

Dans l’ensemble, le traitement visuel de DSK par la presse française est resté jusqu’à présent plutôt mesuré. Si l’on a pu observer une accentuation progressive de la sévérité des images, l’iconographie n’a pas pour autant versé dans l’irrespect généralisé qui avait affecté la représentation du président de la République l’été dernier suite au discours de Grenoble.

La dernière couverture du Point franchit un pas dans la direction de la caricature, qui manifeste la réprobation morale. On y voit un DSK de profil, courbé et comme vieilli (alors que François Hollande nous est présenté de face, dans un élan vigoureux), arborant une mine défaite qui rappelle la Une du New York Daily News du 16 mai, intitulée « Le Perv », qui avait alors fait scandale.

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Quand la photo fait générique

Ce matin, deux exemples sur la Une du Monde.fr d’un usage non pas illustratif mais bel et bien signalétique de l’image. « Hollande et Aubry ont la cote après l’affaire DSK » commente le dernier sondage favorable aux deux leaders du PS. On devine que la photo qui décore le papier, issue des présidentielles de 2007, a été sélectionnée en réponse à la requête « Hollande », « Aubry », « DSK » sur le moteur de recherche de la banque d’images. Elle ne sert à rien, qu’à permettre d’identifier plus vite et plus efficacement les protagonistes mis en scène dans l’article. Même logique pour la sélection de l’image qui illustre « Ouverture de la succession de DSK à la tête du FMI« , qui montre les bobines de l’ancien directeur et de son successeur supposé, en la personne de Christine Lagarde (photo de juin 2010), ce qui résume élégamment la situation exposée dans l’article.

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Le temps de la réflexion

Comparaison des Unes des quotidiens du lundi 16 mai (en haut) avec celles des hebdos du jeudi 19 mai (en bas). Les deux séries traitent du même événement. Outre la différence de sources (les quotidiens parus le lundi ne disposent encore aucune image d’actualité et piochent dans un choix de portraits antérieurs à l’événement), la maturation du traitement éditorial à quelques jours d’intervalle apparaît clairement à travers le choix des titres et des visuels.

Deux preuves dans cette comparaison: 1) il a fallu du temps à la presse pour interpréter correctement l’événement (cf. « Une consternation française« ). 2) Ce que nous attendons du journalisme est moins la relation des événements que leur qualification.

Le pic DSK

Plus de 6500 vues en 48h pour mon billet « Une consternation française« , un des premiers à réagir à l’insupportable lecture classiste et sexiste de l’affaire DSK par la presse et les politiques, cité notamment par Rezo, Acrimed ou Rue89.

Selon la leçon naguère formulée dans « L’image parasite » qu’un pic de fréquentation en ligne traduit un déficit dans le traitement de l’information par les médias classiques, ce chiffre qui représente un record absolu sur mon blog, dépassant même mes commentaires de l’exécution de Ben Laden, fonctionne comme un sismographe révélateur de l’ampleur du problème DSK.

Quel est le visage de l'actu?

Ci-dessous les portraits de Dominique Strauss-Kahn sélectionnés par l’AFP sur le site ImageForum dimanche matin, après l’annonce de son arrestation pour agression sexuelle. Bon exemple du principe de l’image ventriloque: les photos, toutes antérieures à l’événement (la plupart issues d’une réunion du FMI à Washington le 15 avril dernier), n’ont par définition aucun rapport avec ce qui s’est passé hier. La sélection de grimaces exprimant divers degrés de préoccupation est proposée aux rédactions à des fins illustratives, tout en offrant un choix qui permet de s’adapter aux nuances éventuelles du positionnement éditorial.

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Qui suis-je?

Un prénom, une liste de choses que j’aime bien en vue sur un T-shirt (ici de la chaîne KFC): une auto-définition sociale et culturelle, inspirée des informations affichées sur les sites de rencontre ou les réseaux sociaux.

Qu’est-ce qui me définit aux yeux des autres? Le mot important ici est: « j’aime ». Et la structure d’une liste de termes interchangeables, dont seule la totalité est originale. Deux indications simples, qui disent le déclin de la culture dominante au profit de l’acceptation de la polyculturalité, la valorisation de l’appropriation individuelle au détriment de la conformité à la norme, le caractère profondément identitaire de la revendication culturelle. Je suis mes cultures. Mes cultures, c’est moi.

Sarkozy contredit Chomsky

On s’en doute, la panique qui gagne la droite devant la perspective de la déroute aux prochaines présidentielles, obstinément confirmée par les sondages, n’est pas pour m’attrister. Mais cette circonstance électorale me pose un problème théorique. Selon la thèse naguère défendue par Noam Chomsky et Edward Herman dans La Fabrication du consentement (1988/2008, Agone), largement partagée à gauche, les puissants ont la capacité d’imposer au peuple les représentations qu’ils souhaitent par l’intermédiaire des institutions et des médias qu’ils contrôlent. Or, comme la chute du Mur ou les révolutions arabes, en cas de non-réélection, le cas Sarkozy apportera un sérieux démenti à cette thèse.

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Sois fan et tais-toi

Excellente dans Inglourious Basterds de Tarantino, nouvelle égérie de Dior, future maîtresse de cérémonie du festival de Cannes, Mélanie Laurent a décidé de se lancer aussi dans la chanson. Mais son album à paraître le 2 mai ne lui vaut pas que des louanges. Dans une interview au journal leberry.fr, la jeune femme se lâche: «Internet, c’est une ouverture sur la haine». Il n’en fallait pas plus pour assurer le buzz, et des commentaires pas sympa du tout des internautes, qui défendent à juste raison leur droit au dislike.

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Le monde est-il plus méchant depuis internet? Contrairement à ce que laisse entendre l’actrice, la critique n’a pas attendu le web pour jouer du pouce baissé. Je n’aurais pas aimé être à la place de Pontecorvo lorsque Rivette lui balance son « abjection », assassinat définitif du réalisateur.

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