Comparaison des Unes des quotidiens du lundi 16 mai (en haut) avec celles des hebdos du jeudi 19 mai (en bas). Les deux séries traitent du même événement. Outre la différence de sources (les quotidiens parus le lundi ne disposent encore aucune image d’actualité et piochent dans un choix de portraits antérieurs à l’événement), la maturation du traitement éditorial à quelques jours d’intervalle apparaît clairement à travers le choix des titres et des visuels.
Deux preuves dans cette comparaison: 1) il a fallu du temps à la presse pour interpréter correctement l’événement (cf. « Une consternation française« ). 2) Ce que nous attendons du journalisme est moins la relation des événements que leur qualification.
Sur les photos du Point et du Nouvel Obs, DSK porte le blouson qu’il avait du samedi au lundi.
Alors …
Alors j’ai lu jusqu’au bout, c’est mieux !
Les photos de L’Express et de l’Obs sont celles effectuées dans la nuit de dimanche à lundi à la sortie du commissariat (transmises à Paris à partir de 5h40 du matin, bien après le bouclage des quotidiens du matin). La photo du Point est l’une de celles prises le lundi à l’occasion de la comparution devant le juge. La couv de l’Obs dramatise en outre l’image en détourant le portrait et en l’isolant sur fond noir.
(Lire jusqu’au bout un billet de 11 lignes, bel effort, félicitations! 😉
Je ne voudrais pas avoir l’air de m’acharner sur le NouvelObs qui semble parti à la conquête du chaland, mais la Une sur DSK, détouré sur fond noir, donne à DSK un air de Dracula, à la fois élégant et dangereux… Elle se distingue des autres par cette dimension tragique et n’est pas très éloignée de la mise en scène du « perp walk »…
Avec son acronyme comme talisman, elle nous parle de la personne et non de la situation… qui est il ? Vampire ou pas ? http://www.mad-monsters.com/Wallpapers/imagepages/image11.html
Si on les compare avec la dernière couverture du Time, qui choisit d’afficher un porc, les Unes de la 2e série restent mesurées. Parmi les hebdos, le titre de l’Obs, qui a été avec Libé l’un des soutiens les plus fidèles de DSK, est le moins sévère et le plus compréhensif. J’interpréterai plus volontiers cette couverture sinistre comme l’expression du deuil des espérances de la rédaction (voir l’édito de Jean Daniel: « Affaire DSK: l’organisation médiatique d’une mise à mort« )…
L’expression de DSK est étonnamment semblable sur ces 3 unes. Je suppose qu’elle correspond à l’idée que les journalistes (et donc nous) se font culturellement de ce que devrait être l’image d’un homme qui serait abattu mais digne.
Le petit cochon du Time est bien mignon et bien propre. Comme si, effrayés par leurs propre audace, les journalistes n’avaient osé aller jusqu’au bout de la représentation visuelle de leur idée en nous montrant un gros porc se roulant dans la fange.