Gros buzz autour de la couverture de la dernière livraison de Newsweek (datée du 04/10/2010), signalée notamment par Le Monde.fr. Une interprétation graphique par le couple d’illustrateurs Gluekit à partir d’une photo très recadrée d’Olivier Hoslet (EPA) donne un petit air de dictateur roumain au visage du président français, qui illustre le titre: «Le nouvel extrémisme européen. Sarkozy et la montée de la droite dure» («Europe’s New extrême. Sarkozy and the rise of the hard right»).
Mois : septembre 2010
Candidat au mème
Un fou-rire communicatif s’est emparé de Hans-Rudolf Merz, lors d’une intervention au Conseil national suisse, le 20 septembre dernier, au moment de détailler l’improbable explication de ses services sur les importations de viande séchée des Grisons. Repris et déjà remixé en ligne, l’extrait a été repéré par le journaliste Michel Mompontet, qui l’a assaisonné de faux sous-titres moquant les bourdes récentes du gouvernement français dans la dernière édition du 13h15 de France 2 (voir ci-dessous).
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=A_I99qsnAmI[/youtube]
Le succès viral de cette séquence, isolée et reproduite en ligne, s’appuie sur les mêmes ingrédients que les parodies de La Chute d’Oliver Hirschbiegel: une sortie de route que la méconnaissance de l’allemand rend comique se prête avantageusement à l’exercice du détournement.
Un changement de statut absolu
«Les femmes ont connu une aventure humaine incroyable depuis cinquante ans, un changement de statut absolu. Or, je ne vois pas comment les femmes peuvent changer sans changer les hommes… Est-ce que l’on va continuer à dire que les femmes sont formidables et qu’elles vont gérer la société en laissant aux garçons la bière et le foot? Continuer ainsi, c’est transformer le féminisme en un nouveau sexisme. Or, combattre un groupe sexiste par un autre groupe sexiste n’est pas un progrès. Il me semble plus intéressant de réfléchir au nouveau statut des hommes. L’ancien statut reposait sur la violence, celle du quotidien ou celle des guerres. L’homme devait être violent pour être prêt à se défendre et défendre les siens. Aujourd’hui, la violence n’est plus une vertu masculine. Dans notre culture, elle est devenue un outil de destruction. Du couple, de la famille et des hommes eux-mêmes. Du coup, l’«héroïsation» des hommes n’a plus de sens. D’ailleurs, c’était une mauvaise affaire pour les femmes, parce qu’elle légitimait leur domination. D’où la nécessité, après le féminisme, d’inventer le « masculinisme ».»
(Montage d’un visuel de la campagne de promotion du football féminin par la FFF avec une citation de Boris Cyrulnik piquée chez Olympe et le plafond de verre…)
MàJ: lire chez Kalista, « Un clou chasse l’autre« , Journal en noir et blanc, 25/09/2010.
Au secours (catholique) de l'illustration
Le site du Secours catholique a utilisé récemment une de mes photos pour illustrer un billet, comme l’y autorise la licence Creative Commons sous laquelle cette image est enregistrée.
Comme toutes les images que je télécharge sur mon compte Flickr, celle-ci servait d’abord un but personnel (en l’occurrence, faire savoir discrètement à quelques amis, lecteurs de mon flux, que je passais par un moment de cafard), et n’avait pas vocation à fournir un matériel illustratif dans un contexte médiatique externe.
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En image seulement tu outrageras
« Y a plus aucun respect ». C’est pas moi qui le dit, mais un internaute qui n’a visiblement pas voté Ségolène, en commentaire d’une reproduction de la couverture sarkophobe du Nouvel Obs du 9 septembre 2010.
On ne saurait mieux caractériser le virage d’un grand nombre d’organes de presse français depuis le discours de Grenoble. C’est notamment le cas du Monde, qui a connu une évolution spectaculaire en l’espace de quelques mois, mais aussi du Nouvel Observateur ou du Point, qui avaient conservé jusqu’à récemment les marques les plus élémentaires du respect à l’égard du président, fut-il controversé.
La perte du respect s’exprime par le passage à l’insulte. Insultants, les rapprochements avec le nazisme, le pétainisme ou le lepénisme. Insultantes, les images grimaçantes, les emprunts à l’imagerie militante, les allusions au salut hitlérien (voir ci-dessus).
Le Nouvel Obs recycle La France d'après
Nouvelle étape de la lepénisation visuelle de Nicolas Sarkozy. Après les grimaces inquiétantes, après le salut hitlérien, le Nouvel Obs opte pour le recyclage de l’imagerie militante.
Pour sa couverture intitulée « Les riches, le pouvoir et la droite » (n° 2391 du 02/09/2010) illustrée d’un billet de cinq cent euros portant le visage du président, l’hebdo s’était inspiré d’un motif similaire d’un tract du NPA de juillet dernier (voir ci-dessous).
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Donnez-nous aujourd'hui la photo de demain
Contrairement à ce que prétend la doxa de l’information, on ne lit pas le journal pour savoir ce qui est arrivé hier, mais bien pour deviner ce qui va nous arriver demain. Qui sera le prochain premier ministre? Qui d’Aubry ou de DSK représentera le PS? Sarkozy va-t-il être réélu? L’une des motivations fondamentales de la consommation de l’info est d’y chercher les clés de l’interprétation du futur. Libération applique à la lettre ce principe en publiant aujourd’hui la photo qui devrait théoriquement illustrer la Une dans deux jours, au lendemain de la manifestation contre les retraites.
Cette contorsion éditoriale est légitimée par une mise en scène aussi astucieuse qu’hypocrite: on prend une photo de la manif de samedi dernier contre la politique sécuritaire du gouvernement, on sous-titre en mêlant « Retraites, affaires, et Roms« , et le tour est joué! En texte comme en images, la Une est une projection qui donne rendez-vous à demain, en prédisant la « Poussée de fièvre« …
Pendant qu’à Visa pour l’image on célèbre la photographie du siècle passé, la pratique visuelle effective, au diapason du journalisme d’aujourd’hui, s’arrange pour nous donner, avec un clin d’œil de connivence, ce rêve d’iconographe: l’image de ce qui se passera demain…
Qui a besoin de la tronche à Trichet?
Pendant qu’au festival Visa pour l’image, Jean-François Leroy s’élève contre l’overphotoshopping, Slate.fr nous donne un bel exemple d’éditorialisation par l’image. On peut essayer de deviner ce que fait réellement Jean-Claude Trichet au moment de la prise de vue (Thierry Roge/Reuters). Un éclat de rire retenu? Un début d’éternuement? Quoiqu’il en soit de l’occasion que le photographe a su saisir, un tel portrait, étrange et amusant, attire l’attention.
Répondez franchement: auriez-vous lu un article intitulé: « Bonne rentrée, Monsieur Trichet!« , avec pour sous-titre: « Les divergences au sein de la zone euro sont presque ingérables par patron de la BCE« ? (l’appel de Une, plus réussi, évoque: « Le casse-tête de Trichet« ). Avec cette photo, il est presque impossible de ne pas jeter au moins un coup d’oeil au billet, tant la promesse de l’image est forte.
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