La presse en ligne ou le parasitage visuel

Au moment du bouclage d’une publication papier, les rédacteurs en chef examinent avec un soin fébrile le « chemin de fer » constitué par toutes les pages d’une édition mises bout à bout, chassant la moindre erreur de titraille, vérifiant l’équilibre visuel de la maquette.

Est-ce qu’il arrive aux éditeurs web de regarder le résultat de leurs mises en page sur écran? Arrivé via un signalement sur une page du Monde.fr, je m’aperçois que je viens de moins en moins souvent sur un site de presse. Quoi d’étonnant? Cette accumulation de signaux clignotants, de bannières animées qui s’agitent aux quatre coins de l’écran, chacun réclamant mon attention de manière impérative, ressemblent à la place Pigalle à l’heure de la sortie des bureaux et ne me donnent qu’une envie: celle de fuir cet envahissement agressif.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=X3XwSC3afPA[/youtube]

C’est le souhait de lire l’article qui me retient. Mais ce n’est pas facile. Tous ces clins d’œil intempestifs éparpillent ma vigilance et gênent constamment ma lecture. Le papier de Véronique Maurus porte sur le commentaire d’une photographie. Statique, en noir et blanc, si petite qu’elle est à peine lisible, cette illustration requiert une concentration et un travail analogue à celui de se frayer un chemin dans la foule.

A moins de procéder à une capture d’écran pour figer cette agitation sautillante, lire la presse en ligne demande un vrai effort. De là à penser que les éditeurs préfèreraient nous voir reprendre le chemin du kiosquier…

15 réflexions au sujet de « La presse en ligne ou le parasitage visuel »

  1. Sûr que, depuis que j’utilise personnellement les agrégateurs de contenus (type Feedly) lire en ligne est presque redevenu un plaisir.

    Sur les sites classiques, on a toutefois la possibilité d’utiliser des plug-in qui bloquent les contenus intempestifs ou non désirés… mais ça ne reste qu’un pis aller puisque le retrait n’apporte aucun gain contrairement à l’agrégateur qui recompose la page.

    En fait, derrière le syndrome « arbre de noël » on retrouve un peu la compétition entre gendarme et voleurs où c’est à qui anticipera au mieux l’avancé technologique de l’autre. Et où l’on sait aussi que c’est le second qui (au moins sur ce plan) gagne à tous les coups.

    Une bonne part de l’Internet est ainsi confronté à cette pollution visuelle le plus souvent imbécile, au seul titre que la convergence des médias justifierai le chaos et la contamination de l’un par l’autre (grand écart ici vers l’expo Fellini au jeu de Paume où la gestion des images et des sons est parfaite)

    Et où l’on se dit que, finalement, le modèle de l’Internet « officiel » ‘est plutôt le site porno que la revue en ligne…

  2. Je redécouvre avec votre article un aspect du web que j’oublie régulièrement. Non que j’aie cessé de consulter les sites de presse (même si le mode privilégié de consultation tend à devenir le flux rss), mais nombreux sont les logiciels qui permettent de se débarrasser de cette publicité vulgaire et envahissante et uniquement d’elle (ainsi d’adblock plus sur firefox, qui élimine la publicité jusqu’à l’intérieur de google reader et laisse intacte toutes les autres images). Lorsqu’il m’arrive de surfer sur un ordinateur qui n’est pas le mien, je me surprends d’ailleurs à l’installer immédiatement, faute sinon de pouvoir continuer à consulter ces sites.
    Il y par ailleurs une véritable spécificité du monde (et peut-être plus généralement des quotidiens français) sur cette question. Ils semblent être dans des difficultés financières telles qu’elles les obligent à racoler le plus de publicité possible. D’où ce côté putassier qui domine… Mais ça n’est pas la règle partout. Le site du guardian, dans mon souvenir, est un exemple de publicité discrète qui ne va pas jusqu’à parasiter la lecture des articles. Il me semble d’ailleurs qu’un journaliste du guardian avait fait une description féroce et incrédule du site internet du monde, il y a quelques années.

  3. @NR

    Tout à fait d’accord sur la propension à installer des plug in quand on est pas chez soi…
    comme c’est le cas imédiatement pour moi.

    Mais il y a aussi des clés pour ça (Type San disk) qui intègrent un navigateur Firefox que l’on peut paramétrer à son coup, et emporter partout… Sauf sur Mac.

  4. Oui, bien sûr j’ai adblock, mais je suis comme tout le monde, je lis de plus en plus en RSS, et donc j’ai de moins en moins souvent l’occasion d’être exposé à l’intrusion publicitaire. Le contraste avec la lecture du site du Monde.fr est d’autant plus frappant. La pub saute aux yeux, on cherche affolé sa commande adblock, mais on ne peut pas gérer les quatre coins de l’écran en même temps (sans parler des fenêtres qu’il est impossible de bloquer). Quand ils sont nombreux, procéder à l’exclusion des contenus un par un avant de pouvoir passer à la lecture n’est pas exactement mon idée du confort éditorial… Un dispositif plus efficace serait un freeze qui figerait toute la page d’un seul clic…

  5. J’avais d’abord pensé à CET article de la médiatrice, vu dans la version papier, pour la devinette de la théière,… Mais j’ignorais (j’aurais dû me douter) que vous ne consultiez le journal qu’en ligne.

    Et puis, quelle mauvaise foi !, si on est motivé (et si on arrive à lire,…) on peut agrandir l’image (si, si, c’est marqué en tout petit). Et ça donne une image, … à peine plus grande.

    Qui dit lecteur gratuit, dit pub. D’aileurs, chez Libé.fr, maintenant il faut payer. Je n’ai pas été voir, je ne sais donc pas si leur mise en page est tout aussi arbre de Noël.

    PS : d’ailleurs, dans la série maquette, j’ai plein de messages d’erreur (des warnings, en fait) qui viennent enjoliver le haut de ma page sur mon navigateur (Safari 4 sur Mac). Aussi bien quand je consulte que quand je commente (mais alors là, c’est Byzance !)

  6. Quand je veux lire un article avec un peu de confort visuel, j’utilise Readable. II s’agit d’un Bookmarklet (en JavaScript) qui a la propriété de vous présenter le texte que vous lisez selon vos propres préférences typographiques.

  7. adblock plus permet de s’abonner a des listes de de filtres qui en théorie bloquent automatiquement les publicités. ça marche très bien et je rencontre que très rarement des publicités, sans être oblige de les bloquer individuellement comme avec adblock basic.

  8. Sur Adblock, on peut s’abonner à des filtres :
    Outils -> Adblock Plus… Filtres -> S’abonner à la liste de filtres…
    L’abonnement ‘Liste FR (France) + EasyList’ permet de virer toutes les pubs sur les sites français : plus besoin de virer les pubs une par une

  9. @ André says « Un dispositif plus efficace serait un freeze qui figerait toute la page d’un seul clic… »
    J’utilise en complément d’Adblock le module Noscript qui bloque le javascript ,sauf autorisation de ma part.Je procède ainsi à l’autorisation (et non pas à l’exclusion) un par un des contenus.

  10. Le module Adblock sur Firefox, avec AdblockPlus et un abonnement aux bons filtres (tout cela est tres facile a faire), m’a littéralement débarassé de toute pub sur internet.

    C’est bien simple, je ne peux plus revenir en arrière, c’est un tel bonheur, un tel plaisir.

    Plus de parasitages, plus de merdes, de bannières immondes, de trucs qu’on veut m’imposer. Je choisis ce que je veux voir.

    Et en bonus cadeau, la jubilation de se dire que leur modèle lamentable de financement par la pub est mis en échec par ce petit module, ainsi que toute une idéologie culpabilisante derrière « ouinnn svp regardez nos pubs, sinon … ».

    Pour une fois qu’on peut concrètement faire quelque chose pour se soustraire vraiment à la propagande pubarde, on va pas se priver.

  11. Vous pouvez y ajouter, toujours avec Firefox à la place d’IE,

    – FlashBlock qui remplace les animations Flash par un bouton que vous pouvez presser ou non. Du coup, les pages se chargent plus vite et sont plus reposantes.

    Plus orienté vie privée mais aussi résultats objectifs:

    – « Customize Google », à condition d’inverser tous les choix « par défaut » (imposés pour cause de menace de procés), permet d’éliminer toute la pub de Google et tous les traceurs et identifiants de ce gros indiscret. Il automatise le passage de toute votre communication Google (mails, messagerie instantanée) en https (cryptée donc) pour éviter que votre employeur sache à qui et ce que vous écrivez sur l’ordinateur du bureau.

    Plus strictement « vie privée » donc un peu hors sujet:

    – Ghostery qui empêche les sites tiers (type Statcounter ou plus pirates) de vous identifier.

    – Cookie Monster qui vous permet de choisir « on the fly » les cookies que vous souhaitez autoriser ou non.

    – Better privacy qui élimine les « super cookies » identifiants qui vont se cacher à des endroits VRAIMENT bizarres.

  12. Oui, de tous les sites de presse que je connais (en français, en anglais — parfois en allemand, italien ou espagnol que je déchiffre tant bien que mal), celui du Monde est vraiment le plus atroce. Pardon pour la brutalité de cette métaphore, mais il me donne l’impression qu’on me déverse des flots ininterrompus de pisse tiède dans les yeux.

    Raison de plus pour consulter des sites étrangers, qui donnent accès à des informations beaucoup moins franco-européo-centrées — même si on ne souhaite pas savoir chaque matin ce qui se passe dans l’État indien du Bihar…

  13. Les annonceurs « institutionnels » sont en train de rendre Flash insupportable comme les annonceurs crapuleux ont rendu les pop-ups et les gifs animés insupportables en leur temps.
    Effectivement ces animations sont faites pour attirer l’attention et dérangent, le pire étant les fade-in / fade-out, qui sont insoutenables du coin de l’œil. Ceci dit c’est une bonne pub pour le papier : à ce jour il ne peut pas nous faire ça.

  14. Complètement d’accord, la presse en ligne se tire dans le pied à coups de « flashball ». De là à considérer par défaut que flash est un add-on à vocation publicitaire, il n’y a qu’un pas que je ne vais pas tarder à franchir.

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