Le séisme japonais sur Google Maps

Remarquable réactivité des services d’imagerie satellitaire de Google Earth/Maps, dont les équipes ont obtenu en urgence de leurs fournisseurs une série de vues postérieures au passage du raz-de-marée, permettant d’effectuer des comparaisons avant/après.

Cette iconographie peut être consultée en haute résolution soit sur des mises à jour de Google Earth/Google Maps, ou encore par l’intermédiaire d’un album Picasa. Le site d’ABC News propose également un diaporama avant/après à partir de ce matériel (voir ci-dessus). Ces images sont mises à la disposition des médias et des organisations travaillant sur le terrain. La comparaison est saisissante, et la vision des zones côtières comme nettoyées par la vague permet de saisir l’ampleur d’un désastre que les premières images avaient paradoxalement banalisé et atténué.

Peut-on vendre sur papier sans s'afficher en ligne?

Confirmation par sondage express à partir de l’échantillon Gunthert: Boulet (Gilles Roussel) est un nouveau grand de la BD! Déjà qu’on ne pouvait pas attendre pour acheter le cinquième volume de Notes, fraîchement paru (« Quelques minutes avant la fin du monde« , éd. Delcourt). Mais depuis qu’on l’a, c’est pire: on n’arrête pas de se le piquer, les gosses et moi, il a fallu instaurer un tour de lecture pour ne pas pourrir le week-end.

L’inventivité, le dessin, l’humour, l’auto-dérision: tout est parfait chez Boulet. Mais à ces qualités classiques s’ajoute un trait qui mérite qu’on s’y attarde: depuis l’origine, l’auteur partage ses Notes graphiques sur son blog, Bouletcorp – c’est là que je les ai découvertes en 2005.

Un tel exemple a de quoi rassurer tous les éditeurs inquiets de la concurrence web/papier. Non, le codex n’est pas redondant avec la lecture sur écran: il redonne du volume à l’œuvre, il en permet une consultation plus souple et une lecture plus confortable, il offre le plaisir de la possession. Les deux médias s’épaulent et se confortent. Ce qu’on a aimé en ligne, on l’aimera plus encore sur papier.

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Metaconversations

L’équipe des blogueurs animateurs de Culture Visuelle entretient également des liens étroits sur Facebook. Ce qui explique le peu d’usage du réseau social de la plate-forme, qui apparaît superflu. Mais cette situation permet aussi d’observer de plus près la fameuse articulation blogs/réseaux sociaux (habituellement interprétée sur le mode du « ceci tuera cela« ). Il arrive souvent qu’un billet génère deux conversations parallèles, l’une sous la forme habituelle des commentaires sur le blog, l’autre à partir du signalement effectué sur Facebook.

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Les blogs du Monde.fr en panne pendant 3 jours

Imagine-t-on un quotidien national qui fermerait boutique durant trois jours sans la moindre explication? Alors que la plupart des sites de presse tirent désormais une bonne partie de leur audience du complément gratuit fourni par les blogueurs hébergés, la plate-forme de blogs du Monde.fr, qui accueille quelque 815 blogs actifs, a été mise en panne entre le mercredi 10 novembre à 12h et le vendredi 12 novembre vers 18h, suite à une erreur de manipulation d’un informaticien. Mis à part une vignette de signalement (voir ci-contre), aucune explication n’a été fournie, ni aux lecteurs, ni aux blogueurs, durant cet intervalle  d’une durée exceptionnelle.

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Le Monde confond photos et photos d'identité

Alertez les bébés! «A peine nés, et ils ont déjà une identité numérique. D’après une étude internationale, 81 % des enfants de moins de 2 ans sont déjà présents en ligne, que ce soit par le biais de photos ou de profils sur les réseaux sociaux.» Ou comment faire mousser la peur très franco-française des réseaux sociaux. Quand LeMonde.fr résume une pseudo-« étude internationale » d’une entreprise spécialisée dans la sécurité sur internet, il montre surtout qu’il a un train de retard.

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Au secours (catholique) de l'illustration

Le site du Secours catholique a utilisé récemment une de mes photos pour illustrer un billet, comme l’y autorise la licence Creative Commons sous laquelle cette image est enregistrée.

Comme toutes les images que je télécharge sur mon compte Flickr, celle-ci servait d’abord un but personnel (en l’occurrence, faire savoir discrètement à quelques amis, lecteurs de mon flux, que je passais par un moment de cafard), et n’avait pas vocation à fournir un matériel illustratif dans un contexte médiatique externe.

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Web: deux images et un enterrement

Discussion nourrie chez les geeks à propos de l’annonce par Chris-« Long Tail« -Anderson (et Michael Wolff) de la mort du web. Résumé: vous vous servez de moins en moins de votre browser et de plus en plus de votre smartphone pour naviguer en ligne. Ergo: « The Web Is Dead. Long Live the Internet » (Wired, 17/08/2010).

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Flickr agrandit son format standard

Mise à jour d’importance de l’interface de Flickr. Pour la première fois depuis 2004, le format standard de présentation des photos s’agrandit, passant de 500 px à 640 px: un nouveau format, /sizes/z/, qui s’ajoute à la série des réductions automatiques produites au moment du téléchargement (1024, 640, 500, 240, 100, 75 px). Un bouton loupe permet en outre d’ouvrir directement une fenêtre au format 1024 px sur fond anthracite, qui témoigne du souhait d’améliorer le confort de consultation.

Cette modification permet à Flickr de rattraper son retard sur les formats de visualisation de Youtube (640 px) ou de Facebook (720 px). Contrairement à Facebook, qui n’a pas procédé à l’agrandissement des photos téléchargées à l’ancien format (600 px en 2009), Flickr effectue progressivement la conversion en remontant des photos récentes vers les plus anciennes.

Une disposition améliorée des fonctions et des informations autour de l’image (avec notamment l’introduction du menu « Actions ») complète cette évolution. On notera l’apparition au dessous du choix d’attribution des licences Creative Commons d’un bouton « Want to license your photos through Getty Images?« , qui devient donc un choix par défaut pour n’importe quel contenu. Un tournant dans la philosophie de la plate-forme, qui la redéfinit comme un acteur de l’industrie des contenus visuels.

Jean-François Leroy donne son avis sur Twitter

Longtemps après les débuts du contentieux (décrit par Gilles Klein sur Arrêt sur images le 10 mai dernier), Le Monde se penche à son tour sur le procès qui oppose le photographe haïtien Daniel Morel et l’AFP à propos des conditions d’exploitation de la plus fameuse icône du tremblement de terre du 12 janvier (voir ci-contre).

On se souvient que, dans le chaos des premières heures, l’AFP avait commercialisé un peu vite une photo mise en ligne sur Twitpic, en l’attribuant faussement à Lisandro Suero. Face au refus de l’agence de lui octroyer un paiement, Daniel Morel fait monter les enchères par avocat interposé, ce qui lui vaut d’être à son tour attaqué par l’AFP pour « revendication de droits abusive ».

Après un résumé sommaire, sans illustration, l’article du Monde se clôt bizarrement par une mise en cause de Flickr, dont on se demande ce qu’elle vient faire ici: «Le cas de M. Morel n’est pas isolé. Sur Internet, les sites de partage d’image comme Flickr, alimentés surtout par des amateurs peu soucieux de leurs droits, ont favorisé la diffusion et la copie effrénée des images. Face à ce flot, pressés par les délais de bouclage et par la concurrence, les médias sont devenus moins regardants sur leurs sources».

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La science qui se fait (sur Facebook)

Illustration du billet d’Olivier Ertzscheid « Pourquoi je suis « ami » avec mes étudiants » (Affordance.info, 31/03/2010) à propos des nouvelles médiations de l’activité scientifique sur les réseaux sociaux. Après avoir présenté hier soir en séminaire une nouvelle théorie du succès social des récits, je reproduis ce matin sur Facebook une photo du cours qui me représente sur fond de Powerpoint (ci-contre).

Cédant à un réflexe typique, un de mes friends recherche sur Google le terme étrange qui apparaît sur l’écran, et découvre que « prosécogénie » (qualité de ce qui suscite l’attention) n’a aucune occurrence. Pour lui expliquer sommairement ce néologisme, je résume en commentaire: «Comme les espèces biologiques sont en compétition pour le partage des ressources, les récits sont en concurrence sur le marché de l’attention. La sélection des récits s’effectue donc en fonction de leur prosécogénie, ou capacité à susciter l’attention».

Il n’en fallait pas plus à Olivier pour épingler sans délai cette citation sur son wall – mention qui provoque une nouvelle discussion sur les mérites de la métaphore et la dangerosité des modèles biologiques en sciences humaines. Ce qui fait qu’une théorie dont il n’existe qu’une trace photographique et un résumé en commentaire a déjà été citée et discutée sur Facebook avant même d’avoir été rédigée. Pendant que l’AERES s’échine à classer et à compter les publications, la réactivité des réseaux favorise le «déplacement de la médiation» qu’évoquait Olivier.

Post-scriptum. Toujours sur Facebook, Patrick Peccatte me signale que je me suis trompé dans ma graphie, qui devrait s’écrire « proséchogénie » (la graphie exacte du terme grec signifiant « attention » étant par ailleurs: « prosochè »). Le fait qu’elle ait commencé à circuler sous cette forme va-t-il m’obliger à conserver la graphie fautive? A suivre…

PPS. Une proposition de définition