La science qui se fait (sur Facebook)

Illustration du billet d’Olivier Ertzscheid « Pourquoi je suis « ami » avec mes étudiants » (Affordance.info, 31/03/2010) à propos des nouvelles médiations de l’activité scientifique sur les réseaux sociaux. Après avoir présenté hier soir en séminaire une nouvelle théorie du succès social des récits, je reproduis ce matin sur Facebook une photo du cours qui me représente sur fond de Powerpoint (ci-contre).

Cédant à un réflexe typique, un de mes friends recherche sur Google le terme étrange qui apparaît sur l’écran, et découvre que « prosécogénie » (qualité de ce qui suscite l’attention) n’a aucune occurrence. Pour lui expliquer sommairement ce néologisme, je résume en commentaire: «Comme les espèces biologiques sont en compétition pour le partage des ressources, les récits sont en concurrence sur le marché de l’attention. La sélection des récits s’effectue donc en fonction de leur prosécogénie, ou capacité à susciter l’attention».

Il n’en fallait pas plus à Olivier pour épingler sans délai cette citation sur son wall – mention qui provoque une nouvelle discussion sur les mérites de la métaphore et la dangerosité des modèles biologiques en sciences humaines. Ce qui fait qu’une théorie dont il n’existe qu’une trace photographique et un résumé en commentaire a déjà été citée et discutée sur Facebook avant même d’avoir été rédigée. Pendant que l’AERES s’échine à classer et à compter les publications, la réactivité des réseaux favorise le «déplacement de la médiation» qu’évoquait Olivier.

Post-scriptum. Toujours sur Facebook, Patrick Peccatte me signale que je me suis trompé dans ma graphie, qui devrait s’écrire « proséchogénie » (la graphie exacte du terme grec signifiant « attention » étant par ailleurs: « prosochè »). Le fait qu’elle ait commencé à circuler sous cette forme va-t-il m’obliger à conserver la graphie fautive? A suivre…

PPS. Une proposition de définition

7 réflexions au sujet de « La science qui se fait (sur Facebook) »

  1. Merci! Comme je l’explique ci-dessus, je n’avais pas vraiment soigné la forme de mon intervention, effectuée sans diaporama (c’est la fin de l’année, et ça commence à sentir l’écurie ;). Mais je te promets une note ici-même dans les prochains jours. Je cherche en revanche quelqu’un qui pourrait faire le dessin animé qui va avec…

  2. Post-post-scriptum : et si le passage de la graphie fautive à la correcte orthographe faisait justement perdre l’origine de la théorie aux futurs archéologues du web ? On aurait là un bel exemple de redocumentarisation… la seule façon de la contourner est de conserver une trace de ce billet précis (ou de la remarque de P. Peccatte sur Facebook, mais quelle pérennité du contenu Facebook ?), seul « lieu » où les deux termes apparaissent conjointement.

    (Je dis ça parce que j’arrive évidemment d’ici : http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2010/06/du-cigare-de-churchill-a-celui-de-christian-blanc.html)

  3. Merci de mentionner le post churchillien, qui complète le puzzle. Sur le plan de la graphie, il est vraisemblable que les deux versions (l’une étymologiquement correcte, l’autre admissible au titre de la simplification en français) vont cohabiter. Je pronostique l’évolution parallèle de deux lignées interprétatives, dont on pourra observer l’écart progressif 😉

  4. @André: Je ne crois pas du tout à la pérennité de Flickr. C’est pour cela d’ailleurs que j’ai toujours défendu qu’il faut développer en amont d’autres archivages documentés basés sur des standards. Mais en l’espèce, je suis bien certain que l’auteur aura documenté son processus de découverte 😉

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