Flickr agrandit son format standard

Mise à jour d’importance de l’interface de Flickr. Pour la première fois depuis 2004, le format standard de présentation des photos s’agrandit, passant de 500 px à 640 px: un nouveau format, /sizes/z/, qui s’ajoute à la série des réductions automatiques produites au moment du téléchargement (1024, 640, 500, 240, 100, 75 px). Un bouton loupe permet en outre d’ouvrir directement une fenêtre au format 1024 px sur fond anthracite, qui témoigne du souhait d’améliorer le confort de consultation.

Cette modification permet à Flickr de rattraper son retard sur les formats de visualisation de Youtube (640 px) ou de Facebook (720 px). Contrairement à Facebook, qui n’a pas procédé à l’agrandissement des photos téléchargées à l’ancien format (600 px en 2009), Flickr effectue progressivement la conversion en remontant des photos récentes vers les plus anciennes.

Une disposition améliorée des fonctions et des informations autour de l’image (avec notamment l’introduction du menu « Actions ») complète cette évolution. On notera l’apparition au dessous du choix d’attribution des licences Creative Commons d’un bouton « Want to license your photos through Getty Images?« , qui devient donc un choix par défaut pour n’importe quel contenu. Un tournant dans la philosophie de la plate-forme, qui la redéfinit comme un acteur de l’industrie des contenus visuels.

Jean-François Leroy donne son avis sur Twitter

Longtemps après les débuts du contentieux (décrit par Gilles Klein sur Arrêt sur images le 10 mai dernier), Le Monde se penche à son tour sur le procès qui oppose le photographe haïtien Daniel Morel et l’AFP à propos des conditions d’exploitation de la plus fameuse icône du tremblement de terre du 12 janvier (voir ci-contre).

On se souvient que, dans le chaos des premières heures, l’AFP avait commercialisé un peu vite une photo mise en ligne sur Twitpic, en l’attribuant faussement à Lisandro Suero. Face au refus de l’agence de lui octroyer un paiement, Daniel Morel fait monter les enchères par avocat interposé, ce qui lui vaut d’être à son tour attaqué par l’AFP pour « revendication de droits abusive ».

Après un résumé sommaire, sans illustration, l’article du Monde se clôt bizarrement par une mise en cause de Flickr, dont on se demande ce qu’elle vient faire ici: «Le cas de M. Morel n’est pas isolé. Sur Internet, les sites de partage d’image comme Flickr, alimentés surtout par des amateurs peu soucieux de leurs droits, ont favorisé la diffusion et la copie effrénée des images. Face à ce flot, pressés par les délais de bouclage et par la concurrence, les médias sont devenus moins regardants sur leurs sources».

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Le musée d’Orsay interdit les photos

«Il n’y a pas longtemps, le Louvre s’y était essayé. En vain. Après avoir interdit durant quelques mois toutes photos dans la partie la plus visitée du palais, le musée y avait renoncé. Par impossibilité de faire appliquer la mesure. D’un point de vue humain, les gardiens devenaient fous à courir après tout le monde, comme d’un point de vue technologique, chaque téléphone portable comportant désormais un appareil photo. Le musée d’Orsay argue du même prétexte pour éradiquer ce geste ô combien contemporain: des problèmes de circulation dus aux prises de vue des visiteurs. Phénomène d’embouteillage qui ne gêne plus du tout la direction du musée dans les espaces d’exposition temporaire à succès où pourtant la photo, de manière constante, est interdite. Là, aucune mesure n’est prise et il devient infernal, compte tenu de la densité de la foule, de visiter ce type d’exposition.»

Par Bernard Hasquenoph, Louvre pour tous, 11/06/2010
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L'évaporation est dans l'indexabilité

Tous les témoignages convergent pour estimer que les revenus des photographes professionnels ont chuté, et la fermeture une à une des grandes agences est venue confirmer le constat d’une évolution brutale. Mais la localisation de l’origine des pertes reste problématique. Dominique Sagot-Duvauroux parle «d’évaporation de la valeur des images», ce qui dit assez son caractère nébuleux.

Depuis 2000, les milieux spécialisés ont successivement incriminé les banques d’images numériques, la concurrence des amateurs ou la multiplication du recours à la mention « droits réservés » (D.R.). La mobilité de ces griefs peut laisser penser qu’il s’agit d’un réflexe de désignation de boucs émissaires plutôt que de l’identification de causes réelles de la crise. Pourtant, plusieurs de ces symptômes pointent bel et bien dans la bonne direction.

Comme telle, la thèse d’une concurrence de la photographie amateur ne résiste pas à l’analyse (Gunthert, 2009). Dans la plupart des cas, l’invitation à communiquer son témoignage émane des rédactions, qui conservent le privilège du choix et de l’éditorialisation des contributions. Le problème n’est donc pas la prolifération des appareils numériques au sein du grand public. La menace de l’amateurisme ne se situe pas du côté de la production des images, mais dans l’accès aux moyens de l’indexabilité, qui ont profondément changé la donne.

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Un demi-siècle dans une photo?

Que veut dire une photo? Ou plutôt: que peut-on lui faire dire, que peut-on projeter sur une image, et à quelles conditions? En lisant le dernier numéro de Courrier international, une phrase du philosophe Jürgen Habermas me fait songer aux investigations sur Culture Visuelle de Sylvain Maresca, Audrey Leblanc ou Olivier Beuvelet. Au lendemain du sommet européen du 7 mai, ce dernier s’était notamment amusé à comparer les différentes versions retenues par les sites de quotidiens en ligne pour illustrer le message dudit sommet.

Dans « Qui veut sauver l’Europe? », Habermas commente en ces termes l’une de ces images: «Cette photo grinçante fixe les visages de pierre de Merkel et Sarkozy – des chefs de gouvernement éreintés, qui n’ont plus rien à se dire. Cette image deviendra-t-elle le document iconographique symbolisant l’échec d’une vision qui, pendant un demi-siècle, a marqué l’histoire de l’Europe de l’après-guerre?»

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Conversation "La photographie vue par les blogs"

Dans le cadre des conversations proposées par la Fondation Henri Cartier-Bresson, Sam Stourdzé m’a invité à débattre avec deux prestigieux blogueurs: Rémi Coignet (Des Livres et des photos) et Marc Lenot (Lunettes rouges), tous deux hébergés sur la plate forme du Monde.fr, sur le thème: “Quelle critique pour la photographie? La photographie vue par les blogs”. Premier sujet de controverse: sous-domaine ou sous-dossier? Le mercredi 2 juin de 18h30 à 20h (Fondation HCB, 2, impasse Lebouis, Paris 14e. Réservation contact(à)henricartierbresson.org).

Seul… ou presque

Chronique du mensonge ordinaire (suite). A l’occasion de la sortie du film Comme les cinq doigts de la main, d’Alexandre Arcady, le dernier numéro de Paris-Match propose un entretien biographique avec Patrick Bruel, illustré de photos de Floriana Pasquier qui peignent l’acteur en aventurier au cours d’un séjour en Namibie, où il est allé «se ressourcer» (n° 2533, 29 avril 2010).

Se détachant sur un magnifique décor montagneux, seul, les yeux fermés, les bras en croix, Bruel incarne la communion avec la nature vierge, «loin de tout et proche de soi». Une très belle image – dont la magie ne fonctionne que si l’on oublie l’opératrice, juchée sur un promontoire, au-dessus du comédien, pour créer cette vue en plongée qui inscrit son corps sur la majestueuse perspective des reliefs étendus jusqu’à l’horizon.

Nul doute que Bruel a bien été faire son trekking en Namibie. Et pourtant, voici un portrait qui, sans la moindre retouche, est à proprement parler une fiction. Non pas un instantané pris sur le vif au moment où le comédien inspire l’air pur, mais une reconstitution pour la prise de vue, habilement cadrée pour suggérer cette impression de solitude aventureuse – par une photographe de l’agence H&K, consacrée au people chic, spécialement dépêchée dans l’autre hémisphère pour réaliser ce publi–reportage qui a coûté bonbon. Une mise en scène qui repose sur cette caractéristique essentielle de la photographie: se faire oublier comme dispositif.

Que veut dire le sourire d'Allègre?

Grâce à des électrodes savamment disposées, Duchenne de Boulogne pouvait provoquer artificiellement le dessin d’une émotion sur le visage de ses sujets. Grâce au Point, pourra-t-on démontrer l’existence d’une intention éditoriale?

Le magazine consacre cette semaine sa une au « procès Allègre », et l’illustre par un portrait de l’ancien ministre par Frédéric Souloy (Gamma/Eyedea). Cette photo est-elle neutre et innocente? Ou peut-on au contraire, sans avoir lu les articles, deviner à partir de cette image le parti-pris du magazine? C’est le jeu auquel je propose de participer, en indiquant ci-dessous votre interprétation de ce sourire jovial (cliquer pour agrandir).

La photographie, miroir du réel

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xcr5d1_making-of-du-visuel-du-salon-de-la_creation[/dailymotion]

Le visuel du Salon de la Photo vu par François Darmigny, filmé par Jean-François Fortchantre (08/03/2010)

«Mon travail consiste essentiellement à photographier des gens connus, inconnus ou méconnus, et de leur faire sortir certaines choses qu’on n’a pas l’habitude de voir en eux, et surtout de les mettre vraiment dans la lumière. (…) Je voulais une femme qui soit à la fois rock et glamour, et à la fois sensuelle, sans vulgarité, et mettre vraiment en valeur la femme qui a l’envie de photographier et de séduire en même temps son sujet.»

Un blogueur sachant bloguer

Je ne me suis jamais considéré comme un photographe. Tout juste quelqu’un qui, comme beaucoup d’autres, aime à produire ces images – un amateur, au sens premier du terme. C’est pourquoi j’ai décidé, il y a quatre ans, en ouvrant mon compte Flickr, de placer mes photos sous licence creative commons, autrement dit d’en autoriser la reproduction gratuite.

Depuis, plusieurs dizaines de mes photos se sont trouvées reproduites ici et là. Selon deux scénarios, et toujours la même ligne de partage. D’un côté l’internaute souhaitant illustrer son site, qui m’en fait au préalable la demande, ou m’en informe a posteriori, par un mail sur mon compte Flickr, ou encore le site de presse anglophone, toujours scrupuleusement poli, bien outillé, qui me permet de confirmer d’un clic mon accord pour la reproduction. Dans tous ces cas, c’est un plaisir de voir mes images reprises, employées dans des contextes particuliers, de façon aimable et respectueuse.

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