La 3D chez soi, on attendra

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Commentant il y a six mois la vogue marketing de la 3D, j’avançais que ces dispositifs ne tarderaient pas à être disponibles dans nos salons. J’ai essayé hier, à la Fnac, mon premier téléviseur 3D. Ces modèles équipés du système shutter glasses utilisent le même principe (lunettes à obturation alternée à cristaux liquides) que la stéréo numérique dont Avatar a assuré la promotion. Ils ont été lancés en France à l’occasion de la coupe du monde de football, TF1 devant diffuser 5 matchs en 3D via le bouquet satellite CanalSat.

Pas facile. En l’absence de vendeur, devant un Samsung qui montre en boucle des extraits de Monstres vs Aliens, je chausse les lunettes disponibles sur le présentoir, sans arriver à modifier la vision des lignes doubles qui m’indiquent que ma perception reste strictement 2D. J’essaie en me rapprochant puis en m’éloignant de l’écran. « Ca ne marche pas », me lance un môme rigolard.

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Star Wars, ou la nostalgie de l’avenir

« Impossible à prédire est l’avenir », énonce dans son baragouin le sage Yoda. Tu ne crois pas si bien dire. « Il est tout pourri son hologramme », assènent mes fils dans un français guère plus correct. Dans Star Wars, en effet, les projections holographiques tressautent comme de bonnes vieilles images vidéo noir et blanc des années 1950. Une figure de style typique du réalisme lucasien, qui consiste à « salir » la représentation pour la rendre plus crédible.

Problème: la manifestation du « bruit » de la transmission reproduit un effet de sautillement caractéristique du signal électronique, qui a totalement disparu des écrans. Plus habitués à l’affichage à retardement de quelques paquets de pixels, trace d’une inhomogénéité de diffusion, mes enfants n’ont jamais vu l’image qui leur permettrait de comprendre ce clin d’œil référentiel, issu du passé de George Lucas.

On l’avait déjà vu avec les androïdes de Blade Runner, rien ne vieillit plus vite que l’avenir.

La 3D sauvera-t-elle le cinéma?

3D-GlassesDepuis quelques années, le marketing cinématographique nous annonce pour demain l’arrivée de la 3D intégrale, supposée révolutionner l’expérience de vision. Elle intéresse surtout les majors pour éradiquer le piratage sous toutes ses formes – copies de films en salle ou téléchargements gratuits.

Les dégâts de ce programme ne se sont pas fait attendre. Hier, James Cameron venait présenter sur France 2 sa dernière oeuvre, Avatar, dont la bande-annonce donne plutôt l’impression qu’il a enfin réussi à faire un film de Luc Besson.

Pourtant, les lunettes en carton sont aussi vieilles que les drive-in. L’industrie les ressort à chaque fois que les recettes flageolent – la dernière fois, c’était dans les années 1950, pour contrer la télévision.

Cette stratégie est deux fois idiote. Parce qu’une barrière technologique ne fait que reculer d’un an ou deux des adaptations qui progressent à la même allure. Et surtout parce que la 3D a toujours été un échec cinématographique. Filmer pour l’effet fait systématiquement oublier l’histoire. Et rien n’est plus lassant que l’effet de surgissement censé représenter le comble du réalisme visuel. La première fois, on sursaute, la troisième, on baille, et à la sortie du film, on a mal à la tête.

Ce n’est pas avec les yeux qu’on fabrique de l’imaginaire, mais avec le cerveau. Ce n’est pas avec de l’optique qu’on crée des images, mais avec des histoires. Plus vite les majors se rappelleront de ces règles immuables, plus vite elles retrouveront le chemin du cinéma.