Le film à l'intérieur de nos têtes

La bande-annonce est un genre. Son miroir sur les plates-formes visuelles est le trailer cut, ou montage de bandes-annonces. Une nouvelle manière de faire du cinéma par intérim, sans enfreindre le sacro-saint copyright.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tZaTFmEL-l0[/youtube]

Signé Vadoskin, celui-ci se présente comme un tour de force, réalisé avec pas moins de 50 trailers, dont Underworld, 2012, Ninja Assassin, Whiteout,  Inglourious Basterd, The Box, Star Trek, Terminator Salvation, Transformers, Harry Potter and the Half-Blood Prince, Watchmen, District 9, Surrogates, The Day the Earth Stood Still, etc… (illustration sonore: AudioMachine – Akkadian Empire, Groove Addicts – Zero Hour, Audio Network – Mars, AudioMachine – Lachrimae, Wild Rumpus Music – Blame It on the Falling Sky 2.0, John Murphy – The Last House On The Left Score).

Cette remarquable synthèse en images, véritable critique visuelle de l’usine à rêves d’Hollywood, est fascinante par sa triple homogénéité: homogénéité de l’imagerie, homogénéité de la narrativité, homogénéité de l’imaginaire. Oui, presque toutes ces images pourraient se fondre en un seul film. N’est-ce pas d’ailleurs ce qu’elles font? Ce blockbuster ultime, résumé de toutes les catastrophes, c’est le film qui est à l’intérieur de nos têtes (merci à Rémi pour son signalement).

Frankenstein au pays des images

Pilote de l’excellent blog Devant les images, et un des visualistes les plus sagaces de la blogosphère, Olivier Beuvelet a trouvé matière à exercer sa verve avec l’enquête iconographique du Petit Journal de Canal +, qui révélait mardi dernier qu’un clip de propagande de l’UMP était composé d’images américaines issues de l’agence Getty Images. Chevauchant l’antithèse d’un parti féru d’identité nationale et de l’origine étrangère des séquences, Olivier dénonce « cette vision Disneyenne de la France » et prend un malin plaisir à moquer un lapsus qui révèle la confusion d’un pouvoir incapable de distinguer la réalité de ses projections imaginaires.

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xbcuiu_pour-son-clip-lump-achete-les-video_news[/dailymotion]

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Rêver avec YouTube

Quelles sont les motivations de la consultation de YouTube? Principalement le loisir, le jeu, pensons-nous, accessoirement la recherche d’informations.

Ce matin, je trouve mon fils de 11 ans, à peine levé, devant l’écran de son ordinateur. Noël approche. Hier soir, nous avons évoqué les vacances de neige, il a demandé s’il pourrait faire du snowboard.

Ce matin, au saut du lit, c’est à YouTube qu’il a demandé de lui apporter l’image de son désir. Simple: taper « snowboard« , choisir une vidéo, cliquer sur la touche grand écran. Pour un garçon de son âge, habitué à recourir à cette boîte à trésors, quoi de plus normal que de rêver avec YouTube?

Croissance des formats visuels: avantage vidéo

La comparaison des tailles d’images sur les plates-formes visuelles montre une évolution intéressante. Alors qu’en 2005, le format photo de Flickr, avec une largeur standard de 500 pixels, dépassait le format vidéo de YouTube (450 px) ou Dailymotion (360 px), la situation s’est aujourd’hui inversée. Le lecteur de Dailymotion s’est élargi à 600 px, celui de YouTube à 640 px. Depuis 2008, Facebook surclasse ses rivaux avec une largeur vidéo de 760 px (600 px pour les photos). Pendant ce temps, Flickr est resté scotché à 500 pixels: les tailles d’image sont le résultat d’un redimensionnement du fichier original, décliné en 5 copies au moment du téléchargement. Le format Flash, lui, est un format virtuel: il est possible d’en améliorer l’affichage, en fonction des aménagements de la plate-forme. Alors même qu’elless partaient d’une qualité d’image et d’un format inférieurs, les plates-formes vidéo ont fait mieux que rattraper leur retard, et proposent un confort de lecture supérieur.

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L'oasis de nos rêves

Aujourd’hui, le moteur de recherche Google a changé son visuel pour saluer la confirmation par la NASA de la présence d’eau sur la Lune. L’eau, dans l’univers extraterrestre, c’est comme le sang chaud dans celui des dinosaures: la promesse d’une proximité, la signature d’une dynamique, le symbole de tous les possibles. L’eau, c’est le récit sous l’image, l’oasis de nos rêves.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YrLuOFoPlRc[/youtube]

(CBSNewsOnline, 13 novembre 2009)

MàJ 15/11/2009 – Deux liens en complément:

  • la vision orthodoxe, par Pascal Riché sur Rue89, selon laquelle « la découverte d’eau par la Nasa pourrait ouvrir la voie à une future colonisation de la Lune ».
  • une version plus critique, par Sylvestre Huet sur Sciences2, qui laisse entendre à demi-mot que la photo « preuve » a fait l’objet d’une retouche attentive.

Les lecteurs de Tintin se souviennent que l’idée de la présence d’eau sur la Lune ne date pas d’hier. En faire aujourd’hui le ressort d’une nouvelle colonisation est évidemment burlesque. Accréditer cette théorie se fait essentiellement par l’image – par la fabrication (coûteuse) d’une science-fiction de synthèse qui a pour mission de donner corps au fantasme. Bref, rien de changé depuis 1952.