L'ombre de vidéogag

A quelques jours de la fin de l’ère sarkozyste, l’impression s’impose d’une accélération de la désintégration. Au réveil de ce cauchemar, la première question sera: comment ont-ils pu? A la crédulité et au cynisme, il sera évident aux yeux de tous que s’ajoute la complicité médiatique.

Combien de Unes, combien de décryptages qui n’analysent rien, combien de manières de faire de la musique avec du vent? Admiré ou honni, Sarkozy sera resté jusqu’au bout la bouée de sauvetage d’une presse qui se noie, le meilleur argument de vente de canards qui, comme le Grand Journal, ne savent plus exhiber que leur propre caricature.

C’est un long sevrage qui s’engage dès à présent, et laisse les médias orphelins. Les plus malins comprendront que la page qui se tourne est celle de la superficialité – que l’attente est immense d’analyses dignes de ce nom. Ce n’est pas avec les vedettes du quinquennat passé qu’on fera un journalisme qui mérite son salaire.

Qu’adviendra-t-il de lui? Le triste destin de DSK, devenu pâte molle pour amuseurs après avoir figé toute la France éditoriale, est une assez bonne préfiguration du sort qui l’attend. Il est savoureux que l’ancien homme fort du PS ait précédé le caïd de l’UMP sur le chemin qui mène au jeu de massacre: ils seront bientôt réunis par le sarcasme et la détestation qui attend les puissants déchus, d’autant plus moqués qu’ils ont été craints. De l’hystérique président ne restera à terme que l’ombre reflétée par vidéogag: la série des dérapages, lapsus et autres accidents indéfiniment reproduits sur Youtube.

Les leçons de cette débâcle peuvent être profitables. Si l’échec flagrant du césarisme comme méthode de gouvernement et du clientélisme comme outil de gestion politique pouvait vacciner la démocratie française, cette mandature n’aurait pas été complètement vaine.

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