En couverture du n° de novembre du Chasseur d’images, une photo de Vincent Munier sous le titre: «100.000° ISO c’est possible». Réalisée avec le nouveau Nikon D3s, l’image de « une » n’est pas à 100.000°, mais à 12.800°, sans retouche, ce qui n’est déjà pas mal. L’échelle ISO étant logarithmique, 100.000° est une valeur approximativement 6 fois plus sensible que 1.600° ISO (12.800° = 3 fois), qui représentait du temps de ma jeunesse un horizon indépassable en photo argentique noir et blanc.
La mesure en ° ISO des photocapteurs est une notion trompeuse, car la gestion de la sensiblité numérique n’a rien à voir avec celle des films à développement. Mais en termes d’échelle, elle est indicative du saut qualitatif effectué avec la photo numérique. Au temps de l’argentique, une émulsion de 400° ISO, considérée comme très sensible, peinait à produite une image en intérieur en fin d’après-midi. Avec les valeurs récemment atteintes par les derniers reflex numériques, on peut désormais envisager sereinement de photographier le soir – voire, pour les plus hauts degrés, la nuit. Le Chasseur d’images publie dans ses pages intérieures un exemple de photo à 100.000° ISO, fortement bruitée et désaturée, mais tout de même lisible, d’un ours traversant une clairière, à minuit. Des yeux de chat.
Malgré les faibles sensiblités des premiers appareils photonumériques, aux alentours de 50° ISO, la croissance de la sensibilité apportée par les photocapteurs était perceptible dès l’époque des caméras vidéos à CCD, qui arrivaient à enregistrer des images avec une luminosité entre 1 et 3 lux – à peine plus que la lueur d’une bougie. Pouvoir photographier aux limites de la vision humaine a longtemps représenté un rêve inatteignable. En ouvrant la gamme des possibles à des zones encore inexplorées du visuel, la prochaine génération des appareils numériques va permettre de créer une iconographie inédite. La révolution de la photo numérique est loin d’être achevée.
C’est la Nouvelle vision en remake ?
Prochaine étape : disparition du flash, images HDR (à grande gamme dynamique) …
Et dans quelques années on va se demander comment ils faisaient avant !