Le 11 novembre 2008, Michèle Alliot-Marie désignait en conférence de presse les vingt personnes interpellées le matin même en Corrèze, à Paris, Rouen et dans la Meuse comme appartenant à « l’ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome ».
« S’il est encore trop tôt pour évoquer la naissance d’une police politique ou d’une persécution d’opinion en France, les suites données à cette affaire permettront d’en juger », écrivais-je peu après. Un an plus tard, le doute n’est plus permis. En face des faits, le dossier monté par les enquêteurs, appuyé pour l’essentiel sur un ravaudage de l’Insurrection qui vient, mérite d’être relu (pdf). Et apparaît pour ce qu’il est: un pur délire.
On sait maintenant qui sont les véritables instigateurs du « terrorisme » ferroviaire. Non pas les épiciers de Tarnac. Mais bien les services de l’Etat, qui ont persécuté un groupe maintenu sous étroite surveillance depuis de longs mois. Les serviteurs de la République qui, au nom d’une analyse politique paranoïaque, ont décidé que le retard de quelques TGV relevait de cette qualification radicale. « Dans notre histoire, chaque fois que les partis extrêmes sont considérablement affaiblis, nous voyons se créer des groupuscules beaucoup plus radicaux qui, dans un certains nombre de cas, sont passés à l’acte », estimait début 2008 Michèle Alliot-Marie. Qui sont aujourd’hui ceux qui fabriquent la terreur, sinon ceux qui n’arrivent pas à se réveiller de leur cauchemar?
L’erreur de la ministre de l’intérieur est de penser que « les partis extrêmes sont considérablement affaiblis ». Je veux dire par là que tout ce qui a pu servir à l’avènement de partis extrêmes « dans notre histoire » opère aujourd’hui de façon latente ou diffuse dans le jeu des partis majoritaires. Son raisonnement, par conséquent… est erroné.