Belle démonstration. Une semaine à peine après le discours de Grenoble, Le Figaro publie un sondage réalisé par l’IFOP, repris par l’AFP et Reuters, qui semble démontrer l’appui massif de la population aux annonces xénophobes de Sarkozy, sous le titre « Sécurité: Les Français plébiscitent les projets du gouvernement ». Selon l’UMP, «Ce sondage prouve, s’il en est encore besoin, que le Président de la République est à l’écoute des Français».
Devant ces scores soviétiques, qui paraissent a priori étranges, plusieurs organes chaussent leurs lunettes pour chercher l’erreur. Premiers à dégainer, Vincent Truffy, sur Mediapart, puis Martin Clavey, Nicolas Kayser-Bril et Martin Untersinger, sur Owni, critiquent la rédaction des questions et la méthodologie du sondage (réalisé par questionnaire auto-administré en ligne). Nombreux sont ceux qui leur emboîtent le pas.
Mal leur en prend. Mes camarades d’Owni se font immédiatement taper sur les doigts par Yves-Marie Cann, directeur d’études au département Opinions et Stratégies d’entreprise de l’Ifop, qui leur reproche de «s’en prendre au thermomètre», ou Guillaume Main, ancien salarié d’institut de sondage, qui les met dans le même sac que Bourdieu et autres contempteurs de la mesure d’opinion: de quoi je me mêle, ils n’y connaissent rien, les questions sont les questions, il n’y a pas de biais, le client est roi.