Hubert, voici la réponse à ta question d’hier. L’iPad est un outil tout entier dédié à la consultation, un parfait compagnon de train ou d’avion. Le premier qui réunit vidéo et livres, presse et jeux: tout l’univers de nos industries culturelles, dans un format confortable. Avec une touche d’interaction – la disponibilité d’un clavier – pour améliorer nos circulations et documenter nos consultations. Avec surtout la connexion permanente, wifi ou 3G, qui permet de relier ce super-lecteur à nos bibliothèques dans les nuages, et annule toute velléité de collection. L’offre en VOD est encore un peu short, et il manque évidemment la webcam, mais ces défauts ne tarderont pas à être corrigés (mon conseil: attendre la 2e version). L’objet révèle l’abandon de la fiction du user generated content et raconte le retour des contenus numériques dans l’ample sein des industries culturelles. De l’ancien programme du web 2.0, dans quelques années, il ne restera finalement que la pratique photo, la conversation des réseaux sociaux, et une touche de search.
Étiquette : Lhivic
Le secret de l'oeuvre d'art
Le système narratif de Dan Brown est désespérant. Sous le lourd appareil ésotérique qui forme décor, il n’y a qu’un vulgaire jeu de piste. La mécanique du détective novel réduite à sa plus simple expression – litanie d’énigmes comme un clou chassant l’autre.
Mais pour le visualiste, ses romans présentent une particularité non dénuée d’intérêt: celle de mettre en scène, au cœur de ce dispositif de quasi-jeu vidéo, quelques icônes fameuses. Le Da Vinci Code (2004) situait dans La Cène et La Joconde quelques-unes des clés essentielles à la révélation de l’union de Jésus avec Marie-Madeleine. Le Symbole Perdu (2009) va chercher dans la Mélancolie de Dürer le carré magique qui permettra de décrypter le message caché.
Faire jouer à Léonard ou à Dürer le rôle de guide dans une saga à la Indiana Jones peut faire sourire. Le recours à ces figures relève sans doute d’un effet de couleur locale, où la mobilisation d’un référent ultra-connu produit une impression de « culture ressentie » particulièrement gratifiante pour le lecteur.
Un roman qui invite à relire Arasse ou Panofsky ne peut pas être complètement mauvais. Mais au-delà de l’usage très fonctionnel qu’il fait des œuvres, je trouve intéressant de voir comment de vieux points de repère de la culture lettrée peuvent être repris et partiellement revitalisés par l’industrie culturelle. Après tout, l’idée que les chefs d’œuvres les plus célèbres abritent des secrets, à la manière de la lettre volée de Poe, n’est pas qu’un truc de roman-feuilleton: c’est le moteur de l’histoire de l’art, qui carbure au décryptage toujours recommencé des œuvres. A se demander pourquoi cet art de l’interprétation n’est pas plus populaire aujourd’hui.