On attend pour mardi la présentation des derniers travaux des physiciens du LHC et l’annonce possible de l’observation du boson de Higgs, événement scientifique majeur. Anticipant sur cette découverte, le journalisme de vulgarisation s’enthousiasme: «La Force de Star Wars pourrait bientôt livrer ses secrets.»
Au comble de l’excitation, François Léger explique dans le Reviewer: «Le boson de Higgs est un peu l’équivalent de la Force dans Star Wars, et sa présence reste théorique depuis près de 50 ans. En gros, le boson serait le vecteur d’un champ de Higgs, qui donnerait aux particules une masse. Sans lui, rien ne pourrait exister. Dans Star Wars, le boson de Higgs serait un Jedi par rapport à la Force. On appelle aussi le boson de Higgs « la particule de Dieu ».»
Comme personne ne sait très bien comment marche la Force imaginée par George Lucas, il n’est pas certain que cette mention à vocation pédagogique contribue véritablement à éclairer le lecteur. Eric Randall, dans The Atlantic Wire, raillait déjà l’omniprésence de la référence à la saga la plus rentable du cinéma dans les annonces scientifiques (encore sollicitée récemment à propos de la découverte d’un système à deux soleils, immédiatement rebaptisé Tatooine). Il est temps de renouveler le répertoire, comme Michel de Pracontal, qui renvoie plutôt à Inception (Christopher Nolan, 2010) pour expliquer des essais de contrôle du processus onirique.
…et d’une façon plus générale, il est amusant de se pencher sur les illustrations des revues de vulgarisation scientifique, à travers le temps : il y a une évolution entre les peintures (signalées comme «vue d’artiste» des années 70-80, qui faisaient pour moi clairement référence aux couvertures des romans de science-fiction (couleurs vives, contrastes colorés, rayons lumineux exacerbés…), celles des années 90, plus informatiques et à l’aspect plus lisse dans un souci de dire ‘cette image est objective’, jusqu’à aujourd’hui, où le recours à la fiction comme mode d’explication est plus décomplexé, même dans les illustrations.
D’autant qu’on a moins besoin des artistes illustrateurs des années précédentes, grâce à à la précision des télescopes (dont les images richement colorées des nuages stellaires ne sont pas moins des reconstitutions !)
Il n’y a pas d’image objective, ce qui implique que l’mage est déjà une fiction en soi.