Gros buzz autour de la couverture de la dernière livraison de Newsweek (datée du 04/10/2010), signalée notamment par Le Monde.fr. Une interprétation graphique par le couple d’illustrateurs Gluekit à partir d’une photo très recadrée d’Olivier Hoslet (EPA) donne un petit air de dictateur roumain au visage du président français, qui illustre le titre: «Le nouvel extrémisme européen. Sarkozy et la montée de la droite dure» («Europe’s New extrême. Sarkozy and the rise of the hard right»).
Catégorie : Notes
Au secours (catholique) de l'illustration
Le site du Secours catholique a utilisé récemment une de mes photos pour illustrer un billet, comme l’y autorise la licence Creative Commons sous laquelle cette image est enregistrée.
Comme toutes les images que je télécharge sur mon compte Flickr, celle-ci servait d’abord un but personnel (en l’occurrence, faire savoir discrètement à quelques amis, lecteurs de mon flux, que je passais par un moment de cafard), et n’avait pas vocation à fournir un matériel illustratif dans un contexte médiatique externe.
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En image seulement tu outrageras
« Y a plus aucun respect ». C’est pas moi qui le dit, mais un internaute qui n’a visiblement pas voté Ségolène, en commentaire d’une reproduction de la couverture sarkophobe du Nouvel Obs du 9 septembre 2010.
On ne saurait mieux caractériser le virage d’un grand nombre d’organes de presse français depuis le discours de Grenoble. C’est notamment le cas du Monde, qui a connu une évolution spectaculaire en l’espace de quelques mois, mais aussi du Nouvel Observateur ou du Point, qui avaient conservé jusqu’à récemment les marques les plus élémentaires du respect à l’égard du président, fut-il controversé.
La perte du respect s’exprime par le passage à l’insulte. Insultants, les rapprochements avec le nazisme, le pétainisme ou le lepénisme. Insultantes, les images grimaçantes, les emprunts à l’imagerie militante, les allusions au salut hitlérien (voir ci-dessus).
Le Nouvel Obs recycle La France d'après
Nouvelle étape de la lepénisation visuelle de Nicolas Sarkozy. Après les grimaces inquiétantes, après le salut hitlérien, le Nouvel Obs opte pour le recyclage de l’imagerie militante.
Pour sa couverture intitulée « Les riches, le pouvoir et la droite » (n° 2391 du 02/09/2010) illustrée d’un billet de cinq cent euros portant le visage du président, l’hebdo s’était inspiré d’un motif similaire d’un tract du NPA de juillet dernier (voir ci-dessous).
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Donnez-nous aujourd'hui la photo de demain
Contrairement à ce que prétend la doxa de l’information, on ne lit pas le journal pour savoir ce qui est arrivé hier, mais bien pour deviner ce qui va nous arriver demain. Qui sera le prochain premier ministre? Qui d’Aubry ou de DSK représentera le PS? Sarkozy va-t-il être réélu? L’une des motivations fondamentales de la consommation de l’info est d’y chercher les clés de l’interprétation du futur. Libération applique à la lettre ce principe en publiant aujourd’hui la photo qui devrait théoriquement illustrer la Une dans deux jours, au lendemain de la manifestation contre les retraites.
Cette contorsion éditoriale est légitimée par une mise en scène aussi astucieuse qu’hypocrite: on prend une photo de la manif de samedi dernier contre la politique sécuritaire du gouvernement, on sous-titre en mêlant « Retraites, affaires, et Roms« , et le tour est joué! En texte comme en images, la Une est une projection qui donne rendez-vous à demain, en prédisant la « Poussée de fièvre« …
Pendant qu’à Visa pour l’image on célèbre la photographie du siècle passé, la pratique visuelle effective, au diapason du journalisme d’aujourd’hui, s’arrange pour nous donner, avec un clin d’œil de connivence, ce rêve d’iconographe: l’image de ce qui se passera demain…
Qui a besoin de la tronche à Trichet?
Pendant qu’au festival Visa pour l’image, Jean-François Leroy s’élève contre l’overphotoshopping, Slate.fr nous donne un bel exemple d’éditorialisation par l’image. On peut essayer de deviner ce que fait réellement Jean-Claude Trichet au moment de la prise de vue (Thierry Roge/Reuters). Un éclat de rire retenu? Un début d’éternuement? Quoiqu’il en soit de l’occasion que le photographe a su saisir, un tel portrait, étrange et amusant, attire l’attention.
Répondez franchement: auriez-vous lu un article intitulé: « Bonne rentrée, Monsieur Trichet!« , avec pour sous-titre: « Les divergences au sein de la zone euro sont presque ingérables par patron de la BCE« ? (l’appel de Une, plus réussi, évoque: « Le casse-tête de Trichet« ). Avec cette photo, il est presque impossible de ne pas jeter au moins un coup d’oeil au billet, tant la promesse de l’image est forte.
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A-t-il déjà perdu (son image)?
Un pas de plus dans la « lepénisation visuelle » qui affecte le personnage Sarkozy dans la presse depuis le discours de Grenoble. C’est cette fois Le Point qui s’y colle, dans son numéro du 26 août 2010 intitulé: “Présidentielle 2012. A-t-il déjà perdu?”, dont l’enquête est illustrée par un portrait en pied du président le bras levé à l’horizontale (non signée, agence Abaca Press), en une ébauche à peine atténuée de salut nazi (ci-dessus, cliquer pour agrandir).
Web: deux images et un enterrement
Discussion nourrie chez les geeks à propos de l’annonce par Chris-« Long Tail« -Anderson (et Michael Wolff) de la mort du web. Résumé: vous vous servez de moins en moins de votre browser et de plus en plus de votre smartphone pour naviguer en ligne. Ergo: « The Web Is Dead. Long Live the Internet » (Wired, 17/08/2010).
Un sondage 100% nul
Belle démonstration. Une semaine à peine après le discours de Grenoble, Le Figaro publie un sondage réalisé par l’IFOP, repris par l’AFP et Reuters, qui semble démontrer l’appui massif de la population aux annonces xénophobes de Sarkozy, sous le titre « Sécurité: Les Français plébiscitent les projets du gouvernement ». Selon l’UMP, «Ce sondage prouve, s’il en est encore besoin, que le Président de la République est à l’écoute des Français».
Devant ces scores soviétiques, qui paraissent a priori étranges, plusieurs organes chaussent leurs lunettes pour chercher l’erreur. Premiers à dégainer, Vincent Truffy, sur Mediapart, puis Martin Clavey, Nicolas Kayser-Bril et Martin Untersinger, sur Owni, critiquent la rédaction des questions et la méthodologie du sondage (réalisé par questionnaire auto-administré en ligne). Nombreux sont ceux qui leur emboîtent le pas.
Mal leur en prend. Mes camarades d’Owni se font immédiatement taper sur les doigts par Yves-Marie Cann, directeur d’études au département Opinions et Stratégies d’entreprise de l’Ifop, qui leur reproche de «s’en prendre au thermomètre», ou Guillaume Main, ancien salarié d’institut de sondage, qui les met dans le même sac que Bourdieu et autres contempteurs de la mesure d’opinion: de quoi je me mêle, ils n’y connaissent rien, les questions sont les questions, il n’y a pas de biais, le client est roi.
Opération soucoupe (sociologie du journalisme d'été)
La saison change-t-elle la nature du travail journalistique? Le sérieux de l’information est-il fonction de l’ensoleillement? Parmi les sujets qu’un journaliste dédaigne l’hiver et redécouvre l’été, les soucoupes volantes occupent une place de choix. Début août, ça n’a pas manqué, de TF1 au Monde en passant par Rue89, la presse nous a rapporté un scoop d’ampleur, issu d’archives nouvellement divulguées par les archives nationales anglaises: un équipage de la Royal Air Force aurait aperçu un OVNI pendant la guerre, témoignage si inquiétant que Churchill en personne aurait décidé de le mettre au secret pendant cinquante ans pour éviter la panique.
Pour quiconque a quelques notions d’ufologie, un tel récit est à mourir de rire. «Aujourd’hui, on parle de soucoupes comme si tout le monde s’entendait sur ce dont il s’agit, explique Pierre Lagrange. Pour nous, s’ils existent, les ovnis viennent d’autres mondes: après 50 ans de controverse dans la presse et la télévision, de films décrivant des invasions « extraterrestres » et quelques centaines d’ouvrages d’experts, l’identité des soucoupes est fixée» (La Rumeur de Roswell, La Découverte, 1996, p. 25).
Tel n’est évidemment pas le cas au début des années 1940, au moment où est censé avoir eu lieu la rencontre, en pleine deuxième guerre mondiale. La notion même de « soucoupe volante » n’existe pas avant l’été 1947, date de publication du premier témoignage par la presse américaine, celui de Kenneth Arnold. A ce moment, au début de la guerre froide, on ne pense pas encore aux extraterrestres pour expliquer ces phénomènes, mais plutôt à des armes secrètes américaines ou soviétiques. Ce n’est qu’à partir de 1950, avec les ouvrages de Daniel Keyhoe (Flying Saucers are real) ou de Frank Scully (Behind the Flying Saucers), puis avec le film The Day the Earth stood still (Robert Wise, 1951) que l’idée s’impose de la présence de mystérieux visiteurs extraterrestres.
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