La conversation entre dans la caméra

N’en déplaise à ceux qui m’expliquaient doctement qu’un smartphone et un appareil photo, ce n’est pas la même chose (voir mon billet: « Pourquoi l’iPhone est le meilleur appareil photo » et ses commentaires), Nikon vient d’annoncer aujourd’hui la commercialisation du modèle compact Coolpix S800c (16 Mpx, zoom 10x), doté en standard de capacités de transmission wifi (comme la gamme hybride NX et le compact expert EX2F de Samsung), mais surtout de l’OS Android, autrement dit le système de gestion de communication de Google, disponible jusqu’à présent sur les smartphones concurrents d’Apple, qui permet d’accéder rapidement et confortablement au web et de transmettre immédiatement une photo en ligne. Doté d’un écran de contrôle inhabituellement large (3.5″), l’appareil peut également transmettre ses images sans fil à un smartphone ou une tablette en l’absence de wifi (prix annoncé: env. 380 €).

Une telle proposition vient enfin fournir une réponse concrète, de la part des fabricants historiques, à l’évolution décisive des pratiques que je décrivais récemment à Arles (cf. « La révolution de la photographie vient de la conversation« ). Je ne doute pas qu’elle sera rapidement copiée.

L’alliance d’une qualité d’image supérieure à celle des smartphones, associée à des capacités communicantes, pourrait représenter une concurrence non négligeable pour les fonctions visuelles des mobiles. A tout le moins, cette nouvelle étape confirme la fusion de plus en plus en plus étroite du visuel et du communicable et préfigure la pente qui sera suivie par une part importante du marché.

La 3D sauvera-t-elle le cinéma?

3D-GlassesDepuis quelques années, le marketing cinématographique nous annonce pour demain l’arrivée de la 3D intégrale, supposée révolutionner l’expérience de vision. Elle intéresse surtout les majors pour éradiquer le piratage sous toutes ses formes – copies de films en salle ou téléchargements gratuits.

Les dégâts de ce programme ne se sont pas fait attendre. Hier, James Cameron venait présenter sur France 2 sa dernière oeuvre, Avatar, dont la bande-annonce donne plutôt l’impression qu’il a enfin réussi à faire un film de Luc Besson.

Pourtant, les lunettes en carton sont aussi vieilles que les drive-in. L’industrie les ressort à chaque fois que les recettes flageolent – la dernière fois, c’était dans les années 1950, pour contrer la télévision.

Cette stratégie est deux fois idiote. Parce qu’une barrière technologique ne fait que reculer d’un an ou deux des adaptations qui progressent à la même allure. Et surtout parce que la 3D a toujours été un échec cinématographique. Filmer pour l’effet fait systématiquement oublier l’histoire. Et rien n’est plus lassant que l’effet de surgissement censé représenter le comble du réalisme visuel. La première fois, on sursaute, la troisième, on baille, et à la sortie du film, on a mal à la tête.

Ce n’est pas avec les yeux qu’on fabrique de l’imaginaire, mais avec le cerveau. Ce n’est pas avec de l’optique qu’on crée des images, mais avec des histoires. Plus vite les majors se rappelleront de ces règles immuables, plus vite elles retrouveront le chemin du cinéma.

La photo aux yeux de chat

En couverture du n° de novembre du Chasseur d’images, une photo de Vincent Munier sous le titre: «100.000° ISO c’est possible». Réalisée avec le nouveau Nikon D3s, l’image de « une » n’est pas à 100.000°, mais à 12.800°, sans retouche, ce qui n’est déjà pas mal. L’échelle ISO étant logarithmique, 100.000° est une valeur approximativement 6 fois plus sensible que 1.600° ISO (12.800° = 3 fois), qui représentait du temps de ma jeunesse un horizon indépassable en photo argentique noir et blanc.

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