Commenter la Une de Libé

Une Libé 29/11/2011, couverture The Economist, 27/04/2002.

De passage chez des amis, je tombe sur un n° papier de Libé, celui dont j’avais commenté la Une, avec le portrait d’Arnaud Montebourg par Yann Rabanier. Comme l’avait déjà noté Grégory Divoux chez Olivier Beuvelet, l’impression très pâle du quotidien atténue considérablement l’impression sinistre produite par le contraste de l’image sur écran.

En feuilletant le journal, je m’attarde sur les déclarations de l’ex-candidat, pour constater que la discussion qui a eu lieu à propos des images n’a tenu aucun compte de ces contenus. De fait, Olivier comme moi avons découvert les Unes du journal sur notre écran, la veille des parutions, ce qui nous a permis de développer un commentaire iconographique en phase avec la diffusion du quotidien, sans l’avoir eu entre les mains.

Hier soir encore, Sylvain Bourmeau, directeur adjoint de la rédaction de Libé, publiait sur son compte Facebook la Une d’aujourd’hui, ornée d’un portrait en noir et blanc de Claude Guéant, également diffusée un peu plus tard par le fil Twitter officiel de Libération et plusieurs autres sources internes.

Continuer la lecture de Commenter la Une de Libé

Pour une narratologie de l'information

Voilà du titre qui en jette! En tout cas pour un colloque… Mais est-il pertinent pour un petit billet rapidement griffonné? C’est ce qu’on va essayer de vérifier.

Il arrive souvent que des billets rédigés sur Culture Visuelle soient repris sur Owni. Depuis peu, la rédaction, qui comprend des journalistes professionnels, a entrepris de donner un tour un peu plus sexy à nos intitulés qui fleurent bon la craie et le tableau noir. C’est ainsi que le billet « Un Godard, du texte et des images: réflexions autour de l’épisode 2A des “Histoire(s) du Cinéma” de Pier-Alexis Vial est devenu: « Godard, le hackeur du cinéma »

Un toilettage qui ouvre de nombreuses questions. Je ne connais pas de narratologie du titre. Il semble que celui-ci soit généralement considéré comme une sorte de synthèse du contenu, sans que soit interrogé ni ses choix stylistiques ni la nature du rapport supposé lier l’un à l’autre. Pourtant, on voit bien qu’une modification de l’intitulé influe considérablement sur la perception du contenu. Lit-on le même article avec un titre différent?

Continuer la lecture de Pour une narratologie de l'information

Le bio ne se dévore pas des yeux

Complément à la discussion sur l’imagerie alimentaire, esquissée ici. Alors qu’une visualisation généreuse nous paraît indispensable pour éveiller le désir dans le cas de l’aliment industriel, le produit bio adopte au contraire une stratégie de restriction visuelle, marquée par le rétrécissement voire la disparition de tout appel photographique, au profit d’un design volontairement appauvri ou « primitivisé ».

Le produit bio se mérite. Il faut manifester son austérité militante, gage de sa qualité. D’où la disparition de la photo dans son rôle traditionnel de figuration du produit, comme si la fonction même de représentation visuelle trahissait une contamination avec le gaspillage consumériste. Pour un produit tout aussi industriel et tout aussi marketé (mais sans pesticides), écarter la séduction de l’image, c’est suggérer que le produit se défend par ses seules qualités, en refusant la tricherie des apparences. L’absence d’image est encore une image.

Mieux vaut être riche et bien portant…

Le site « Photos non contractuelles » a été signalé récemment par plusieurs de mes contacts. Celui-ci déclare recenser «les pires différences que l’on peut observer entre les publicités et la réalité» et appelle ses lecteurs à lui faire parvenir des photos.

«La ruine de la théorie indicielle», commente ironiquement un ami. Ce qui n’est qu’à moitié vrai, car si l’illustration de gauche est en effet supposée menteuse, la photo de droite a bien pour mission de rétablir la vérité en dévoilant l’image réelle du produit.

Continuer la lecture de Mieux vaut être riche et bien portant…

Bois, ceci est du vin…

Parfois, il y a des images qui m’arrêtent sans que je comprenne bien pourquoi. Comme ce cubitainer au supermarché, avec son image si ostensible de la bouteille et du verre. Juste le rappel insistant de cette fonction aussi vieille que l’image: la figuration – ce qui fait exister quelque chose en représentation, un cran en-deça de l’objet, pas tout à fait réel, mais presque.

Rien de très mystérieux. Et en même temps, on sent bien ici la nécessité de la figura. Plus qu’un autre, ce breuvage est lié à l’imaginaire d’une consommation traditionnelle. Du vin en cubi, ce n’est pas comme de la bière en canette, c’est une boisson noble ramenée à son état de liquide vulgaire, un rouquin qui a perdu toute allure, de la piquette en boîte. L’image est là pour racheter cette déchéance, à grand coups de reflets et de filets dorés, plus bouteille que moi tu meurs, sur fond évidemment bordeaux.

Comme le visuel en forme de timbre sur nos logiciels de messagerie ou la sonnerie du téléphone reconstituée sur nos portables, la bouteille appartient-elle aux usages déclinants dont il ne restera bientôt que le souvenir en image?

Ce qui me frappe, c’est que si on achète le cubi, à chaque fois qu’on l’utilise, on ne pense pas à l’emballage en carton, mais bien au vin en bouteille. La présence de l’image suffit à mettre en marche l’imaginaire lié à l’objet. De là à dire que le rouge en boîte se consomme à peu de choses près comme l’eucharistie…

Etre une femme L'Oréal en 2010

Bon OK, la vieillesse est un naufrage – et la vieillesse d’un réac, c’est le naufrage d’un bateau gonflable au fond d’une piscine à sec… Quelle importance que pépé Sardou vienne vendre ses fantasmes zemmouriens sur les télés (et jusqu’au JT de France 2)? A l’énoncé des pièces à conviction – le come back d’un chanteur à voix qui a réécrit les paroles d’un des ses vieux succès, « Etre une femme », devenu « Etre une femme 2010 », tube de l’album éponyme mis en scène dans un clip copie conforme des pubs l’Oréal – je comprendrai que les râleurs m’accusent de psychanalyse capillotractée et autre sodomie de diptères.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=EF-JfYFaC7I[/youtube]

Continuer la lecture de Etre une femme L'Oréal en 2010