France-Inter, fini de rire

Dire « j’encule Sarkozy » n’est pas du meilleur goût. Mais saisir illico ce prétexte pour signifier son congé à l’auteur de la saillie est franchement dégueulasse. Didier Porte n’avait pas fait dans la dentelle dans sa chronique du 20 mai dernier. Mais faut-il que nous vivions dans une démocratie malade pour que l’offense d’un humoriste au chef de l’Etat débonde aussitôt la peur et l’autocensure? Sur France-Inter, l’humour sera désormais cul serré. On est prié de rire au claquement de bottes. La station n’était pas gaie, elle sera sinistre. A l’image de son directeur, qui sursaute dès qu’on ouvre un Carambar. L’exécuteur de Siné avait été nommé directement par Sarkozy. De bons esprits s’étaient demandé ce que ça changerait. Ils ont maintenant la réponse. Il ne manque plus que de reboulonner le sigle ORTF.

4 réflexions au sujet de « France-Inter, fini de rire »

  1. Il est important de rappeler ce qui n’est pas qu’un détail : le «j’encule Sarkozy !» est placé par Porte dans la bouche de Villepin. Que ce soit une astuce rhétorique, certes, mais si un humoriste ou un comédien doit assumer au premier degré tout ce qu’il place dans la bouche des personnages qu’il joue, on risque de beaucoup s’emmerder…
    Mais surtout, ce billet manque à mon avis l’essentiel : car Val fut d’abord un chansonnier et un humoriste, puis le rédac chef d’un hebdo satirique – héritier d’un journal «bête et méchant» ayant outragé le bon goût de manière bien plus violente que ne le fait aujourd’hui Didier Porte –, et enfin le héraut d’une lutte épique et fambloyante (c’est ainsi qu’on nous l’a présentée…) contre la censure intégriste et pour la liberté d’expression (l’affaire des «caricatures de Mahomet») qui lui a valu le soutien d’un Sarkozy déclarant alors que «l’excès de caricature vaut mieux que l’absence de caricature.»
    Il y a dans ce parcours de Philippe Val la beauté d’une boucle parfaite, d’un retournement tellement magistral qu’il ringardise certains des plus fambloyants renégats de 68…

  2. La liberté d’expression ne peut être à géométrie variable : pendant qu’un Didier Porte est lourdé (mais faut dire que ça faisait longtemps que Val devait chercher un prétexte pour virer le dernier furoncle de gauche de son antenne tellement proprette), les BHL et Finkelkraut peuvent enfiler des monstruosités sans fondement dans le journal de référence.
    Si France-Inter a fini de rire, moi, j’arrête d’écouter!

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