Stéphane Guillon, le sketch qui tue

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Un mot en passant sur le dernier sketch de Stéphane Guillon. Guillon se définit comme un humoriste, ce que j’ai toujours trouvé étrange. Ni très bon comédien, ni vraiment très drôle, c’est plutôt un personnage. Même si l’un fait profession de comique, l’autre d’éditocrate, je comprends pourquoi Fred Mitterrand peut le comparer à Zemmour. Il y a chez l’un comme chez l’autre ce goût du coup à l’estomac qui est un trait d’époque, un trait fabriqué par la télé, qui n’aime rien tant que ces croc-en-jambes faux-culs qui font trébucher l’adversaire tout en gardant le sourire.

Dans son dernier sketch, Guillon raconte qu’il a rêvé que l’accident d’avion de Kaczynski était arrivé à Sarkozy. Cette charge donne toute la mesure d’un style qui relève moins de l’humour que du fait de pousser au bout ce que tout le monde s’est dit in petto (du moins du côté de ceux qui, comme moi, éprouvent pour le régime actuel une allergie viscérale).

Je n’ai pas encore entendu de réactions à ce sketch d’une violence incroyable. Qui dépeint en traits vifs la mort du président et de quelques ministres, dont l’abhorré Besson, dans un sommet de cruauté verbale dont je ne crois pas avoir jamais entendu l’équivalent. On peut craindre le pire pour l’humoriste qui a délibérément choisi l’escalade. Mais s’il faut dire le vrai, cette expression si brutale fait d’abord un bien fou.

J’entends déjà le chœur des pleureuses qui diront que Guillon a dépassé les bornes. Mais ce que je ressens profondément, c’est que la violence de ce sketch est d’abord une réponse à l’agression qui nous est faite depuis bientôt trois ans. Agression des mots, du Karcher à casse-toi pauv’ con, agression des comportements qui nous sont imposés, agression des mensonges qui sont autant d’insultes à l’intelligence de tous ceux qui ont encore un cerveau. Personne ne le dira, et c’est pourtant la vérité: à côté de cette violence-là, dont les Besson-Lefebvre se sont fait une spécialité, le sketch de Stéphane Guillon, c’est Oui-Oui au pays des jouets.

Comme quand les banlieues s’enflamment, on crucifiera le vilain humoriste, coupable de s’être rebellé contre la loi du silence. Et l’on ne dira mot de la violence et de l’injustice quotidienne, de l’arrogance et de la provocation permanente des Méduses gouvernementales, qui n’ouvrent la bouche que pour agiter des serpents.

21 réflexions au sujet de « Stéphane Guillon, le sketch qui tue »

  1. Une caricature doit appuyer là ou ça fait mal, partir d’une réalité et être pertinente. Celle de Guillon a ces trois qualités (et je ne suis pas un inconditionnel de Guillon, par exemple quand il daube sur le physique de gens comme Martine Aubry : autant il peut le faire pour Sarko qui nous gonfle avec ses façons de petit qui n’assume pas, autant pour Aubry ça ne s’appuie sur rien dans son comportement public).

    – Ce qu’il dit de la vie privée de Besson est connu, tant dit par son ex que par lui. Et le thème de l’infidélité est un thème fondateur chez Judas Besson.

    – Le travail d’apprenti sorcier (de malheur) de l’ex-ps en matière de réhabilitation du FN saute aux yeux, voir les dernières régionales.

    Si Besson n’est pas content, qu’il porte plainte, il y a des tribunaux pour ça. Non, il préfère en appeler à l’autocensure voire au limogeage. Ah là là, Besson un jour Besson toujours !

    (Bon, moi j’aurais plutôt comparé Besson à Pete l’indécis, dans Lucky Luke contre Joss Jamon, surtout que la ressemblance physique y est…)

    Se rappeler qu’Inter est dirigé par un Val à qui Sarko a apporté un soutien intéressé sur le thème du droit à la caricature. Amusant de voir que Val a été, du temps où il ne faisait pas mine d’ignorer qui était Patrick Font, aussi iconoclaste que Guillon. Vivrai-je assez longtemps pour voir Guillon devenu directeur de France Inter nommé par Sarkozy II (l’actuel Prince Jean porté au pouvoir par la droite en 2024) ?

    Sur le sujet Besson et sur la « radio du service public » (c’est ainsi que la nomment ceux qui sont outrés qu’elle ne parle pas comme Radio Courtoisie), un François Morel a écrit des chroniques, deux au moins, autrement plus destructrices que celles de Guillon.

    http://www.lepost.fr/article/2009/09/04/1681426_eric-besson-aurait-un-pe

    http://www.lepost.fr/article/2010/02/19/1950004_francois-morel-trouvait-

    http://www.lepost.fr/article/2009/10/17/1746517_francois-morel-on-est-en

    Pour la dernière chronique citée, la plus meurtrière avec celle qui le vichyse, Besson était arrivé à Inter quand Morel l’a lue, il l’a donc entendue comme celle du Guillon. Mais s’est bien gardé de réagir car il sait que Morel a une image (fausse bien sûr) de gentil concon qui empêche qu’on le diabolise comme le méchant Guyon.

    Donc, la sincérité de l’émotion de Judas Besson, poufpouf. J’ajoute que la violence qu’il aurait subie (en tant qu’homme politique, il en a vu et fait d’autres) n’est rien à côté de celle qu’il inflige aux gens qu’il fait expulser.

  2. Je n’ai rien contre Guillon, mais là je trouve qu’il provoque pour le plaisir de provoquer parce qu’il sait que ça fera parler de lui. Si encore c’était drôle et mordant — l’humour excuse et même justifie à peu près tout –, hélas ce ne l’est pas. Ça me fait penser à Bigard quand il fait du vulgaire pour le vulgaire, juste pour « oser » plus que les autres, et tant pis si dans le fond ce n’est pas vraiment marrant.

  3. Gabriel, de l’humour, je ne saurais faire ! Je suis parti du copié-collé, avec modifs, d’une page Word que j’avais réalisée pour un autre blogue.

    Je viens de la réouvrir… et ça marche, à l’inverse d’ici.

    Sans doute un blocage par l’anti-spam de notre hôte.

    Je pense que si vous gougueulez Morel, Besson et Le Post, vous arriverez à ces pages.

  4. On reçoit les caricatures que l’on mérite, et il est certain qu’un Mitterrand ou un Chirac ont su ne pas prêter le flanc aux mêmes critiques que l’omni-président actuel. Il m’arrive, à moi aussi, de penser qu’un accident d’avion ou de périnée qui nous sauverait serait une bénédiction et pourtant je ne suis pas croyant…

  5. Je pense que vous avez tort quand vous dites « Guillon se définit comme un humoriste, ce que j’ai toujours trouvé étrange. Ni très bon comédien, ni vraiment très drôle, c’est plutôt un personnage.

    C’est un excellent comédien,je suis allé voir « le temps de la kermesse est terminé » Alex/ Stephane GUILLON confirme que c’est un très bon acteur.

  6. @ André Gunthert, Alex, PMB…

    Vu d’ici (hors hexagone) c’est plutôt drôle. En tout cas il m’a fait rire. De là à généraliser c’est un pas que je ne franchirai.

    Puis de « casse-toi pauv’con » à « pulverise-toi petit con » faut l’avouer c’est tentant. Puis peut-on nier qu’il démonte plutôt bien la mécanique (merci Bergson)risible des commentateurs médiatiques, médiatisés, médiatisants, proposant toujours le même spéctacle à chaque occasion..? Un peu comme la messe…

    Et si l’on veut vraiment y réfléchir c’est tant de totems que de tabous qu’il s’agit. D’abord la mort avec laquelle il ne faut pas rire. Et pourquoi au fait? Puis le président, notre (votre) papa à tous même qu’il peut avoir plein de femmes canon donc le sexe. Puis les travers humains, la méchanceté, le mort dont personne ne veut. Les médias qui ne sont (presque) plus que caisse de raisonnance, transmission de la pensée des Danubes de la pensée contemporains.

    C’est si vrai que cela fait du bien d’entendre quelqun s’en prendre à cette caste en voie de cristallisation qui explique ce qu’il est acceptable de dire, de montrer, de porter, à quoi on peut et doit réfléchir.

    Et s’il dépasse les « limites »-fixées par qui? (merci dr Freud)- c’est j’imagine, car je le suppose intelligent, bien pour se situer dans le champ de l’humour. Enfin surtout clairement hors du champ du sérieux. Et de là attendre sereinement les attaques en arrivance. Il fait pas bon vivre aux frontières par les temps qui se traînent.

    A regarder faire Guillon, il le fait de son mieux. Tant pis si pour d’incertains il le fait mal.

  7. Moi, j’ai éclaté de rire toute seule en entendant cette chronique de Guillon. j’adore qu’il prenne autant de risques, j’en ai tellement marre de tous ces faux culs!

  8. « Personne ne le dira, et c’est pourtant la vérité: à côté de cette violence-là, dont les Besson-Lefebvre se sont fait une spécialité, le sketch de Stéphane Guillon, c’est Oui-Oui au pays des jouets ».

    Clapclapclapclapclapclapclapclap!

  9. Je viens de découvrir le sketch de Guillon.

    Il se trouve qu’en Italie, le dessinateur Sergio staino a publié dans l’Unità (journal de gauche) une vignette basée sur le même principe (en imaginant le crash aérien de Berlusconi). Mais, est-ce la concision ou la narration du dessin, je trouve la vignette de Staino bien plus trash que le sketch de Guillon, qui en comparaison est plutôt bien troussé.

    Le dessin en question est visible ici: http://www.unita.it/index.php?a2_content_id=1297&firma=staino&pagina=4 . J’ai peur qu’il ne s’agisse d’une adresse dynamique, aussi je décris (et traduis sommairement) ci-dessous l’image:

    Un père et sa fille discutent:
    LE PÈRE: 96 membres du gouvernement polonais ont disparu d’un coup.
    LA FILLE: C’est toujours comme ça: certains ont trop et certains n’ont rien.

    La presse de droite (appartenant, cela va sans dire, à Berlusconi), et les partis du même bord, n’ont guère apprécié l’humour du dessinateur, ce qui a déclenché une petite polémique médiatique dans la Péninsule, la droite dénonçant l’appel au meutre d’une gauche forcément fanatisée (et communiste, laquelle, pour Berlusconi, mange des enfants)…

  10. OUi je trouve que vous avez tout à fait raison. La violence exercée par la clique au pouvoir est énorme. Ils pillent carrément la france en réduisant de plus en plus de monde à la pauvreté, mènent des trains de vie de prince à nos frais, placent leurs amis et leur famille, bradent nos services publics à leurs amis et menacent de nous entrainer dans des guerres au MO pour faire plaisir à Israel avec la complicité des médias et des élites qui profitent du pillage …
    Je trouve que S Guillon fait une oeuvre de salut public en disant ce que nous n’osons plus dire sous ce pouvoir de plus en plus répressif et raciste, il nous aide à supporter cette horreur en attendant qu’ils s’en aillent tous, le plus vite possible…

  11. Il me semble d’ailleurs que Guillon avait expliqué, lors d’une interview, qu’il se permettait d’aller si loin justement parce que les hommes politiques (ie Nicolas Sarkozy) avaient décomplexé la parole publique. C’est com’ contre com’.

  12. Juste un détail, Guillon est aussi un humoriste, bien que ses chronique ne soient pas toujours comiques, son one man show est excellent (le titre est en avant la musique je crois), c’est bien un humoriste

    Et pour ce qui est de la provocation; ce qu’il met au président de France inter, me parait être beaucoup plus « impressionant » que d’imaginer la mort de sarko

  13. Personnellement, il ne m’a jamais fait rire.
    Je n’ai jamais trouvé ses « sketchs » un brin drôles, critiques, ou de quel qu’autre qualité, et pourtant je suis plutôt indulgent avec les « humoristes ».

    Bon, et puis là, les imitations des commentateurs sont très mauvaises, c’est un fait.

  14. C’est un peu un super-héros de comics, Guillon, il a besoin de super-vilains pour donner un sens à ce qu’il fait. Je le trouve assez drôle, pour ma part, mais dès qu’il touche à un sujet dont je me moque complètement (football ou que sais-je), ça ne fonctionne plus du tout.

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