En attendant la catastrophe

Pour traiter de la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima, le Monde.fr a remplacé pendant plusieurs jours sa maquette habituelle de Une par l’association d’un flux live (essentiellement composé de dépêches AFP et de leurs commentaires par les journalistes et les abonnés) et d’un couple titre/illustration régulièrement mis à jour, en fonction de l’évolution de l’actualité (cliquer sur le diaporama pour faire défiler).

Ce traitement de type breaking news, à ma connaissance le plus long du genre, s’est étendu de lundi à jeudi. Quatre longs jours d’attente de la catastrophe, qui ne s’est finalement pas produite – ou en tout cas pas selon le bon tempo. L’urgence s’éloignant, le site a repris ce matin son organisation habituelle.

A noter que ce genre de dispositif ne peut faire l’objet d’une sauvegarde selon les modalités classiques, et s’efface au fur et à mesure de son renouvellement.

8 réflexions au sujet de « En attendant la catastrophe »

  1. Revenu à une Une plus sobre, plus conventionnelle, Le Monde a commencé dès hier un nouveau compte-à-rebours : « Une intervention militaire se profile en Libye ». Comme on le sait, les paris de type pascalien coûtent d’autant moins cher à la presse qu’ils attirent les annonceurs comme l’aimant la limaille.

  2. Bonjour,

    A la décharge du Monde, il faut saluer la grande qualité de ce fil d’info, qui était la principale source en français réellement actualisée. De même, la possibilité des internautes d’intervenir (vraisemblablement après modération) a permis de lier vers d’autres sources.

    Quant à cette hypothèse d’une catastrophe prenant la seule forme de l’expulsion mondiale de matière radioactive, c’est à la fois un moteur d’audience et un grand risque : même en l’absence d’une telle acmé, la catastrophe est déjà là, notamment parce que les matières radioactives, dont certaines sont non seulement radio-toxiques, mais aussi chimiquement toxiques, se dispersent d’ores et déjà, et en permanence.

    Mais si l’explosion n’a pas lieu, le reste est de l’ordre de l’invisible… donc de l’in-montrable. On fera donc comme si de rien n’était. Pire, les personnes qui auraient soulevé l’ampleur du techno-risque seront bientôt raillées… puisqu’il n’y aura pas eu explosion.

    Le plus bel article sur l’événement est publié par Les Echos :
    De Tchernobyl à Fukushima : une pédagogie du désastre, par Frédérick Lemarchand (http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0201230751787.htm)

  3. @Hervé LC: Voir également le commentaire par la rédac elle-même de son live: « Live sur le Japon : Le Monde.fr en fait-il trop? »
    http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/03/18/live-sur-le-japon-le-monde-fr-en-fait-il-trop_1493033_3236.html

    L’expérience est évidemment intéressante, notamment par sa composante interactive. Je pense moi aussi que le live du Monde.fr a été une des sources les plus réactives et les plus précises sur l’événement.

    Il n’empêche que ce choix éditorial comportait aussi de nombreux inconvénients, à commencer par la focalisation sur l’accident nucléaire, au détriment du traitement des conséquences du tsunami, l’inévitable surenchère dramatique imposée par le dispositif du live, la création d’une situation narrative d’attente de la catastrophe comme seule « fin » possible du scénario, enfin, comme tu l’indiques, le camouflage paradoxal de la gravité de l’accident qui s’est bel et bien produit (sur le mode: c’est Tchernobyl ou rien).

  4. et le live sur le Japon a continué (suspendu depuis quelques minutes à 17 heures 30) – simplement celui sur la Libye a pris la première page.
    C’est tout de même un bon contrepoint aux nouvelles schématiques et alarmistes des radios – plus modéré (d’autant que des lecteurs en lien avec des sources non françaises interviennent)

  5. il y avait d’ailleurs régulièrement quelqu’un pour réclamer que l’on parle de la situation dans le nord ce qui obligeait à en parler et donner les renseignements disponibles – et parfois des français installés au Japon en colère contre le fait que l’ambassade de France ait été à la pointe des consignes de départ

  6. Les lives se multiplient… – mais n’oubliez pas les autres éléments du dispositif, illustrés par mon diaporama, à savoir les choix d’illustration soulignés par les titres, guide éditorial régulièrement mis à jour du fourre-tout du live, qui donnait le ton sur un mode dramatisé.

  7. Également à la décharge du monde : CV a également mis en place un dispositif particulier (pour la première fois à ma connaissance) : un post agrégeant les billets consacrés au japon, ainsi que la création d’un tag « japon » (qui ne recense qu’à partir de la catastrophe). L’actualisation du billet agrégateur dans la sélection, crée aussi son petit effet « live ».
    Moi même j’avais ajouté le NHK Live en plugin (ce qui me pose question d’ailleurs comme démarche, en fin de compte)

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