Inspiré par une enquête du New York Times, un article des Inrocks revient sur un des nouveaux marronniers de la photographie conversationnelle: la photo de plats au restaurant. Sans nier l’existence du genre, je remarque son absence à peu près complète sur ma propre timeline. Mon groupe d’amis n’a visiblement pas les moyens de fréquenter assidûment les grandes tables: quand on y voit des photos de plats, ce sont plutôt des préparations maison.
Admettons donc a priori le symptôme, tout en notant que l’article “modes de vie” lui confère une forme standardisée, en se plaçant du côté du restaurateur, considéré comme lésé, et en décrivant le consommateur photographe comme un gêneur, sans jamais se demander quels sont les usages de l’image.
Comme la photographie au musée, l’enregistrement visuel au restaurant est présenté comme une rupture de convention dans une structure ternaire composée par 1) un espace fortement ritualisé, 2) un visiteur décrit comme un hôte, toléré par 3) une instance tutélaire, gardienne du rite et disposant de pouvoirs impératifs sur la manière de le faire respecter.