Nouvelles images: quand l'empreinte rencontre la modélisation

Je m’étais promis, lors de ma dernière réparation dentaire, de me munir de mon appareil photo à ma prochaine visite. Le système d’imagerie utilisé par mon dentiste a en effet tout pour intéresser les visualistes. Pour la réalisation d’une couronne, le logiciel propose, à partir d’une empreinte laser en 3D, une modélisation de la prothèse calculée pour offrir la meilleure orientation dans son environnement. Orientable en tous sens à l’écran, la modélisation est modifiable en temps réel par le praticien, qui peaufine la reconstruction avant d’en envoyer les données à un robot qui usine immédiatement la prothèse en sculptant un bloc de céramique (voir diaporama ci-dessus). Je suis ressorti avec ma couronne 35 mn après m’être allongé sur le fauteuil.

Le plus intéressant dans ce système, c’est sa capacité à articuler de la manière la plus étroite l’univers de l’empreinte et celui de la projection, du document et de la synthèse, du réel et du virtuel. Plutôt que les discussions théoriques sur la nature de la photographie, cet exemple témoigne des ressources effectives de l’imagerie. Des projections d’architecture à la réalité augmentée en passant par la retouche cosmétique, l’univers visuel fonde aujourd’hui sa puissance, non sur ses propriétés de reproduction exacte, mais sur l’intégration des données du réel dans l’univers de la modélisation.

8 réflexions au sujet de « Nouvelles images: quand l'empreinte rencontre la modélisation »

  1. Pas mal. C’est vrai que sans cet attirail 3D (tous les dentistes ne l’ont pas), la pose de couronne relève de la loterie bien souvent. Le problème le plus fréquent étant la sur (ou sous) occlusion (douloureuse, car elle fatigue l’os). Comme on est au centième de millimètre, il est fréquent que l’équilibrage maxillaire (droite-gauche) ne soit pas assez précis et qu’il faille retourner plusieurs fois chez le praticien pour qu’il « peaufine » (à l’aide du fameux papier bleu de contact, et d’une lime…).
    La 3D a de beaux jours devant elle (en chirurgie aussi d’ailleurs)

  2. @NLR: Toutes mes félicitations! Vous venez de publier le 2000e commentaire sur l’Atelier des icônes. Son caractère très informé, à propos d’un sujet lui-même particulièrement exotique, fournit un exemple significatif de la conversation sur ce blog. J’en profite pour remercier tou(te)s les intervenant(e)s qui, au cours de ces deux ans et quelques, ont participé à mes explorations. Leur présence est un encouragement quotidien, et fait de ce blog une expérience toujours aussi passionnante!

  3. Par Saint-Christophe ! J’en rosis d’aise, cher André – si vous me permettez cette familiarité en cette occasion exceptionnelle – ; j’ai craint quelques nano secondes (le temps de l’impact « 2000e commentaire » sur ma rétine) que j’avais gagné une croisière sur le Nil ou un tour en montgolfière, mais non, ouf.
    Vous dire, en tous cas, que je lis les billets avec un plaisir souvent renouvelé. C’est souvent plus intéressant et instructif que bien des « médias d’information »… Que les universitaires ouvrent leurs coulisses au quidam – aux non-spécialistes – est une excellente chose. « Construisons moins de murs, mais plus de passerelles » disait Newton (le physicien, pas le photographe). Puissiez-vous poursuivre dans cette optique – si j’ose dire. Merci et bonne suite.

  4. Merci aussi,
    l’imagerie médicale, ses usages sont parfois surprenants: quand elle devient par exemple un outil d’explication fantasmé par le corps médical. Ccomme si en voyant, simple péquin, nous savions en un clin d’oeil déchiffrer toutes les nuances du fin fond de notre corps et dialoguer en toute décontraction avec un spécialiste bac+11 car « on voit tout » n’est-ce pas. Ensuite il peut vous dit « Signez-là! » pour décharge et sans commentaire.
    Je m’étais promis depuis longtemps de regarder de plus près mes photos d’ophtalmo. Mais occupée à un autre billet…

  5. Bonjour,
    Vous avez eu une bonne idée de mémoriser votre visite chez le dentiste; je vais imprimer votre billet et le transmettre à mon dentiste. Car c’est assez époustouflant cette rapidité de construction d’après « l’empreinte » puis l’image 3D. Mon dentiste a le mérite de ne pas me faire mal!! Et ses prothèses s’ajustent très bien mais c’est grâce à son expérience de « l’Art dentaire ».
    Voilà pour l’anecdote je vais essayer de le convaincre d’investir dans les nouvelles technologies. Merci.

  6. « ses prothèses s’ajustent très bien mais c’est grâce à son expérience de “l’Art dentaire”. C’est justement le mot « Art » à côté de « dentaire » qui fait toute la créativité humaine! Grâce à une machine, toute la profession « prothésistes » disparait! une autre!De plus en plus de monde, de moins en moins de professions, de plus en plus de chômage…et demain?

  7. Oui, on peut parler d’Art dentaire; j’ai vaguement parlé de cette nouvelle machine dimanche à mon « ami » dentiste au sport. Avec nuance il m’a dit qu’il y a aussi la question de la teinte (il commande parfois au prothésiste une palette de 3 couleurs pour une seule dent). Pour les dents placées devant comme les incisives ce sera difficile d’avoir un bon résultat. Au fond de la bouche la couleur importe peu.
    De plus le coût de la machine ne peut être supporté que par un cabinet où se regroupe plusieurs dentistes; lui travaille seul.
    Les prothésistes auront encore du travail « demain » je pense.

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