La photo de la victoire est sur Twitter

Listant les stéréotypes de la photo de victoire en couverture des magazines, Grégory Divoux se faisait fort de prévoir à l’avance les choix illustratifs découlant de l’élection du nouveau président américain. C’était sans compter avec les réseaux sociaux, qui ont délivré tôt ce matin une autre image symbole: un baiser de Barack et Michelle Obama, se découpant seuls sur fond de ciel nuageux (voir ci-dessus).

Publiée sans nom d’auteur sur les comptes Twitter et Facebook du candidat avec la légende « Four more years« , cette photo a été exécutée le 15 août dernier lors d’un meeting à Dubuque, Iowa (voir ci-dessous, photo Scout Tufankjian, Obama for America).

Son accession au rang de symbole découle logiquement de son choix par les services du candidat pour illustrer le « tweet de la victoire », qui est une première, et de sa reprise par les internautes, qui bat tous les records. Appropriative, partagée, conversationnelle: la nouvelle Une a tous les caractères de l’image privée. Que va-t-il rester au journalisme si les réseaux sociaux lui ôtent jusqu’à ses fonctions les plus emblématiques?

31 réflexions au sujet de « La photo de la victoire est sur Twitter »

  1. Il ne restera plus grand chose. Déjà que. En ce monde-ci, la profession de photo-reporter devient aussi pertinente que celle de vendeur de congélateurs sur la banquise. Ne resteront que les photographes qui couvriront des sujets de fond, en restant sur le terrain pendant des semaines, un vrai travail d’investigation (mais publié par qui ?). Pour ce qui est d’envoyer un photographe de presse sur un point chaud, une catastrophe ou un fait people, c’est à peu près devenu inutile. Outre que ce sont les réseaux sociaux qui se chargent ensuite de choisir et distribuer l’information. Je trouve très bien que l’information soit désormais un enfant de Darwin. Wikipedia en est un autre exemple.

    Cette image le la victoire d’Obama est parfaite. Tout y est. What else? comme dirait l’autre.

  2. Les illustrations de votre article sont tirés de FB et non de twitter, nous ne sommes pas dans la même relation privé/publique avec ces 2 réseaux…

  3. Ping : politis.ch
  4. Ping : Kestoria.it
  5. Je ne crois pas que la publication d’une photo « privée », même prise dans un meeting, soit emblématique de la fonction journalistique, c’est en revanche du ressort du business du spectacle, et ici de la politique-spectacle. Alors si le réseau social pouvait débarrasser le journalisme d’un de ses pires travers, ce serait vraiment une très bonne nouvelle !

  6. Confirmation de l’identité de l’auteur du Baiser: il s’agit bien de la photographe Scout Tufankjian, dont je reproduisais ci-dessus une autre prise de vue du même événement:
    http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-us-2012/20121108.OBS8666/obama-les-dessous-de-la-photo-la-plus-partagee-du-monde.html

    «Près de quatre millions de « likes » sur Facebook et 780.000 « retweets » sur Twitter. C’est le score record de la photo publiée par Barack Obama pour annoncer sa réélection à la présidence des États-Unis, dans la nuit du 6 au 7 novembre. (…) L’image s’est répandue comme une traînée de poudre et passe déjà pour une photo culte.» (Cyril Bonnet, merci à Dominique Hasselman pour son signalement)

    Comme quoi il y en a qui ont l’art de repérer sans retard les inflexions remarquables, et d’autres celui de passer systématiquement à côté… 😉

  7. « «Près de quatre millions de “likes” sur Facebook et 780.000 “retweets” sur Twitter. »
    « Comme quoi il y en a qui ont l’art de repérer sans retard les inflexions remarquables »

    Patience, Justin Bieber prépare sa revanche 😉

  8. Oui d’accord sur le plan de l’économie de l’attention, mais sur le plan de l’information c’est assez dérisoire. Je me permets cette remarque puisque vous posez la question :
    « Que va-t-il rester au journalisme si les réseaux sociaux lui ôtent jusqu’à ses fonctions les plus emblématiques? »
    Et au passage, vous pensez vraiment que la communication politique c’est du journalisme ?

  9. D’ailleurs non, il ne s’agit pas d’économie de l’attention, mais plus brutalement d’économie d’audience, l’attention c’est quand même un peu plus articulé que « like » ou ‘dislike » !

  10. Nous avons déjà eu cette discussion sur un autre billet. Vous avez une définition personnelle du journalisme qui vous arrange, mais qui ne correspond à aucune réalité observable (celle-ci étant plutôt en l’occurrence de l’ordre du « business du spectacle », pour reprendre votre expression ostensiblement disqualifiante). Pour ma part, je ne porte pas de jugement, j’observe des phénomènes, dans un cadre théorique qui est bien celui de l’économie de l’attention, très largement utilisé pour décrire les usages du web…

  11. Fort bien laissons de côté le spectacle. Reste la communication politique que vous confondez ostensiblement avec le journalisme …
    Une photographie ayant servi à la communication politique d’un élu n’a, à ma connaissance, jamais été reprise en Une d’une majorité de journaux après une élection.
    La confusion entre communication politique et information est un signe des temps, et une défaite critique.

  12. Ce qui me semble remarquable c’est que le choix d’une photo qui devient emblématique revienne au service de com d’un président et non de la presse que vous nommez « organe mainstream », d’ailleurs bien présente sur les réseaux sociaux.
    J’en conclu que vous confondez également journalisme et nouveau support tels twitter ou Facebook, contenu et contenant.
    A vous lire on ne peut s’empêcher de penser que ces propos se justifient par un règlement de compte en règle avec la presse, le journalisme et les photographes qui travaillent dans ce secteur, avec lesquels vous vous agrippez régulièrement.
    Pour le reste, la polémique, c’est vraiment du spectacle et un zeste de post éditing 😉
    Bonne journée.

  13. Mettons de côté un premier point: comme vous partez d’une acception très valorisante du « journalisme » (celle en cours dans la profession et dans les écoles spécialisées), vous ne pouvez trouver que dénigrante ma manière de considérer ce qui relève de mon point de vue de l’industrie culturelle. Si vous n’acceptez pas qu’on puisse avoir un autre point de vue sur cette pratique, nous n’irons pas très loin.

    Je précise qu’à mes yeux (et au contraire par exemple d’Acrimed qui, tel Platon, postule un journalisme idéal et s’étonne ensuite de constater que le journalisme réel s’écarte de ce modèle), la caractérisation socio-économico-culturelle du journalisme comme industrie du divertissement n’a rien de dévalorisant. Les industries du divertissement ou « médiacultures » (pour reprendre l’expression d’Eric Macé) représentent un fait historique majeur et un pan essentiel de la culture contemporaine. Si vous trouvez dévalorisante la notion de divertissement, c’est votre affaire, mais ce n’est pas du tout mon avis.

    La distinction que vous opérez entre com et journalisme porte là encore la marque de la vision professionnelle. Du point de vue d’un observateur non partisan, la différence n’est pas aussi claire que ce que vous semblez croire. Outre la presse qui relève explicitement de l’opinion (Le Figaro, L’Humanité, Libé…), et qui relaie largement les prises de positions des partis ou des responsables politiques, les organes grand public partagent évidemment une idéologie qui exonère de toute critique les notions ou les positions mainstream. « L’objectivité » n’est rien d’autre que le nom de la croyance dans les opinions dominantes (voir par exemple la façon dont le Monde présente le rapport d’Attac sur la compétivité…).

    Cela posé, les Unes post-électorales représentent un cas particulier. Le choix d’une image pour emblématiser la victoire d’un responsable politique ne relève en aucune manière du « journalisme critique » postulé par la doxa (et c’est bien pour cela que cette forme vous énerve). Il est en revanche caractéristique d’un « journalisme de communication » qui a pris le relais de la tradition du portrait du souverain, qui entretient depuis l’Antiquité cette fonction de sacralisation par l’image.

    Dans le cas qui nous occupe, si vous tenez à maintenir la fiction d’une étanchéité entre communication politique et représentation journalistique, ce n’est en tout cas pas moi qui opère une quelconque confusion, mais bien l’usage constaté qui produit le déplacement qui vous inquiète. Ce que vous refusez d’apercevoir, c’est que la viralité d’un message ne dépend pas de son producteur, mais de son appropriation par les usagers. Ce n’est pas le choix d’une image par le service de com d’Obama qui transforme comme par magie une photo en emblème, c’est son appropriation et sa rediffusion virale sur les réseaux sociaux qui lui octroie a posteriori sa valeur symbolique. Mercredi matin, sur Facebook ou Twitter, la réitération de cette image lui conférait bel et bien les fonctions de « Une » de couronnement. On peut toujours casser le thermomètre si l’indication qu’il fournit irrite, mais je n’ai fait que décrire un phénomène indéniable…

  14. La une de The Economist est vraiment géniale, avec ce choix iconographique, même s’il n’est pas exactement celui des communicants d’Obama, on assiste à un fabuleux détournement de propagande dont l’article de Slate se fait largement le relais.

  15. Qu’un journal salue l’instant de la victoire d’un candidat, ce n’est pas forcément de la propagande ! ni un chèque en blanc pour l’avenir : « Four more years ».
    Pour ce qui est de Libération, jamais ils n’auraient repris le cliché de Scout Tufankjian, la question pour ce journal et pour tous les autres, c’est de savoir d’où vient l’image, quelle utilisation en a été faite, par qui et dans quel but. Dans le cas précis de la photo diffusée sur le compte Twitter d’Obama, il n’y a pas d’ambiguïté : c’est bien de la propagande politique visant à rendre crédible le récit d’un homme qui serait saisi dans un moment d’intimité lui échappant au cours d’un meeting, situation justifiée par un excès d’amour authentique, tellement « inspirant » ;), cf Slate et les commentaires fleur bleue de Tufankjian; on se pince, il s’agit tout de même de politique ! Quatre ans d’amour supplémentaire donc 😉
    Je suis assez surpris que vous n’ayez livré aucune critique de cette image et du dispositif qui l’entoure, comme vous l’aviez fait avec le saut en parachute de Baumgartner, comme si son chiffre de diffusion avait neutralisé tout sens critique, et justifierait à lui seul la perte de la fonction journalistique.
    Si vous ne comprenez pas la différence certes subtile, dans la liberté de choix éditorial, même dans un contexte de soulagement général (du Figaro à CI), vous devez également reléguer aux oubliettes de l’histoire le rôle du journalisme dans le jeu démocratique, ou dans l’esprit embrumé de « professionnels » shootés à l’Acrimed (qui semble s’ajouter à vos bêtes noires). Je vous conseille donc de faire un stage au service photo de Libé, ou du Monde, pour voir comment les choses se passent dans le réel 😉
    Je pourrais vous dire que l’importance du journalisme (professionnel ou non, sur papier ou réseau social) dans ce jeu ne tient pas à la diffusion, ou à une majorité de titre pratiquant un journalisme critique, mais à la qualité d’analyse et d’enquête. Je ne citerais donc pas les journaux auxquels je pense, ni aux journalistes, ni aux démocraties qui regorgent d’exemples, notamment de gouvernements renversés et de ministres déchus.
    On connait vos réponses sur le « culte » de journaux, et de journalistes érigés en « héros » pour écoles de journalisme, n’ayant aucun rapport avec le « réel », le hic c’est qu’ils interviennent efficacement dans ce réel, mais bon, passons.
    Vous soulevez systématiquement la perspective historique en convoquant la tradition du portrait du souverain, pour justifier un journalisme de communication. La photo d’Obama en est exclue, puisqu’ici c’est le souverain lui même qui fabrique le portrait ! Le fait que le président construit une image de lui-même qu’il propose à la diffusion et que son appropriation immédiate par le réseau lui confère un statut d’icône, pose un sérieux problème de média-démocratie ! L’analyse des chiffres de diffusion est également manquante, avec 22 millions de followers, qui doivent bien compter 10 followers chacuns il touche d’emblée au minimum plus de 200 millions de personnes. La concurrence d’un tel phénomène se fait comme vous l’avez précisé avec les stars du business de l’audience, et ici Justin Bieber, rien de plus, très loin d’un quelconque enjeu démocratique.
    C’est ce qui rend la Une de The Economist si percutante, en opérant un tel détournement, ils s’offrent à la fois une analyse de ce qui attend Obama : composer avec les républicains comme il a dû le faire dans le mandat précédant : « Now hugh a republican » « Four more years » ; et dynamiter avec un humour dévastateur le storytelling fleur bleue des communicants d’Obama, un bel exemple de journalisme critique de qualité. Très, très fort 😉

  16. Je n’aime pas votre manière de parsemer vos commentaires d’attaques personnelles, d’insinuations malveillantes et de procès d’intentions… Pour ne prendre qu’un exemple, lorsque je prends le temps de vous répondre en détaillant des différences de point de vue, vous transformez immédiatement mon comparant en « bête noire ». Cette vision paranoïaque et manichéenne est d’autant plus ridicule que je cite et relaie abondamment les analyses, souvent excellentes, d’Acrimed (qui, Dieu soit loué, a bien le droit d’avoir un point de vue différent du mien…). Il est de même inopportun de me faire le reproche de ne pas procéder à une analyse complète du cas, alors qu’il s’agit d’une simple prise de note (c’est pourquoi elle est consignée sur Totem et non sur l’Atelier des icônes). A défaut d’analyse, ce billet était la première réaction publiée à mentionner le lieu et la date de l’événement (repris ensuite par l’article de L’Obs…), ainsi que le nom du photographe.

    Puisque le journalisme vous semble si « percutant », puisque qu’il ne vous intéresse pas le moins du monde de comprendre mon avis, puisque vous « connaissez mes réponses » d’avance, puisque mon approche vous semble si peu justifiée, n’est-il pas étrange de vous voir revenir si souvent sur mes blogs? Quand il n’y aucun effort pour tenir compte de la position adverse, et que seul le goût de la contradiction anime le commentaire, le dialogue est un leurre et une perte de temps. Pour vous faire économiser le vôtre comme pour éviter de perdre le mien, je vous laisse à vos « enjeux démocratiques ». De votre côté, soyez aimable de me laisser effectuer tranquillement mes observations. Nul n’est contraint de les lire s’il n’y trouve pas son intérêt.

  17. J’ai simplement essayé de répondre à votre question posée en fin d’article, mais peut être n’était ce pas une question ?
    😉

  18. L’analyse proposée par Zek me semble intéressante quant à la provenance et la destination de cette image. Il serait inédit qu’une photo icône d’une réélection ne passe par aucun filtre médiatique entre un élu et le public, une telle situation verrait l’avénement d’une sorte de populisme médiatique dignes des pays totalitaires. Les médias classiques sont durement et souvent pertinemment critiqués sur culture visuelle, mais sans eux les politiques ont les mains libres pour manipuler l’opinion au travers de « storytelling » plus ou moins crédibles.

  19. Vous semblez penser, comme Zek, que le « filtre médiatique » offre une garantie ontologique contre l’immédiateté de l’offre politique. Quoiqu’elle corresponde à la vision standard du rôle des médias, cette opinion ne résiste pas à l’analyse. Lorsque le Figaro Magazine publie l’interview qui lance la campagne de Nicolas Sarkozy, illustrée comme un dépliant de campagne, j’ai du mal à apercevoir la pertinence de la notion de « filtre médiatique » pour décrire la réalité des pratiques éditoriales. Celle-ci me paraît de toute façon problématique à l’endroit d’élections au suffrage universel, dont la dynamique vise à produire « la rencontre d’un homme et d’un peuple » (dynamique dont on peut penser qu’elle comporte en effet une dimension populiste, c’est inscrit dans les gênes de l’élection directe, mais il y a un paradoxe à assimiler celle-ci au totalitarisme…).

    Encore une fois, je le répète (mais on ne tient guère compte ci-dessus de mes arguments… 😉 le point qui m’intéresse n’est pas le choix d’une image par l’équipe du candidat (qui s’inscrit en effet dans la communication politique, et qui n’a qu’un intérêt très secondaire), c’est le choix d’un canal qui en favorise l’appropriation et la rediffusion virale. Confondre propagande et construction par la réception revient à confondre l’émetteur et le récepteur d’un message. Je ne suis pas abonné à la page Facebook ou au compte Twitter d’Obama. J’ai vu en revanche apparaître cette photo mercredi matin dans ma timeline, répétée au fil des signalements par plusieurs de mes friends. Il n’y a donc pas de communication directe entre moi et le vainqueur de l’élection, mais bien une relation médiée par la recommandation, qui est l’outil essentiel de la production de sens sur les réseaux sociaux. C’est cette inscription dans la conversation qui a métamorphosé cette photo en emblème de victoire, et lui a conféré l’équivalent de la valeur symbolique que de nombreux médias cherchent précisément à produire dans ce cas – mais encore faut-il avoir l’expérience des réseaux sociaux pour comprendre l’effet de signal produit par le partage et la réitération d’une information.

    « Les médias classiques sont durement et souvent pertinemment critiqués sur culture visuelle, mais sans eux les politiques ont les mains libres pour manipuler l’opinion au travers de “storytelling” plus ou moins crédibles. » Je pense que les médias, et plus globalement les industries culturelles, ont un rôle primordial dans la construction collective des récits communs. L’influence des réseaux sociaux, qui contribuent à cette construction, reste encore marginale. Comme le montre par exemple la gestion de la crise économique, médias, politiques et pouvoirs établis sont plus alliés qu’adversaires dans l’établissement du « storytelling » (cf. Acrimed… 😉

  20. J’ouvre une parenthèse sur vos propos qui précèdent.
    Ma vision du rôle de la presse entre la classe politique et le peuple est peut être standard, mais elle correspond à une réalité : c’est un contre pouvoir sans lequel les affaires de corruptions ne sortiraient pas.
    L’exemple que vous donnez du Figaro est peut être valable, mais il ne saurait s’étendre à tous les journaux d’opinion que vous citez. Libération titre « Normal » au lendemain de l’élection de Hollande en reprenant à la lettre un des slogans de campagne, mais ils annoncent « Amateurs » quelques semaines plus tard pour qualifier l’exercice du couple Ayrault-Hollande, ou de dénonçer les dérives droitières de Valls, difficile de les taxer de comportement godillot sur le long terme.
    Je suis effaré par votre définition d’un suffrage universel populiste, le populisme c’est quand un homme politique prétend être la voix d’un peuple, se substituant du même coup au vote qui en est l’expression, à terme le populisme et le totalitarisme s’en passent très bien.
    Sur le Storytelling d’Obama, le cas présent est donc à considérer comme un échec cuisant de connivence médiatique puisque la seule couverture de presse reprenant l’image est un détournement de la photographie, un exemple intéressant de déconstruction du récit voulu par un candidat…

  21. Je ne poursuivrai pas la discussion sur la dimension politique, qui me paraît hors sujet, mon billet porte exclusivement sur l’aspect médiatique.

    Je n’ai pas la même vision que vous de la presse comme contre-pouvoir, mais c’est un point dont on peut parfaitement se passer pour discuter du cas ci-dessus.

    Assimiler l’appropriation de cette image au « storytelling » d’Obama est en revanche une erreur. Vous avez un compte Facebook ou Twitter? Vous arrive-t-il de partager le signalement d’une ressource quelconque à l’intention de votre groupe de contacts? Si c’est le cas, ce message sera reçu comme portant votre recommandation, et non celle de l’émetteur d’origine. L’information ainsi relayée peut changer complètement de sens en fonction de ce qui est bel et bien une médiation.

  22. Qu’est-ce qui différencie les photos de la com politique du
    photo-journalisme?

    La prise de vue:
    Les auteurs sont souvent les mêmes. Ca a d’ailleurs toujours été le cas, mais c’est de plus en plus vrai en raisons des difficultés économiques que traverse aujourd’hui la profession.

    La censure de l’équipe de communication:
    La censure se fait à postériori ou à priori par la com, mais elle est toujours présente. Un photographe qui travaille pour le service de com va disposer d’une très grande liberté pendant la prise de vue parce que les commanditaires de l’image savent qu’ils pourront censurer après coup celles qui leurs déplaisent. Les photo-journalistes « indépendants » devront travailler où et quand on les laissera travailler. C’est une censure plus indirecte mais également très efficace.
    Pete Souza par exemple, et quoiqu’en disent les photos-journalistes qui commentent ses images, a des photographies approuvées par le service de com d’Obama qu’un photo-journaliste ayant eu accès aux mêmes instants aurait été ravi de réaliser. Mais il n’en aurait jamais eu l’opportunité.
    http://www.slate.fr/grand-format/photo-souza-64429
    L’exemple le plus extrême étant celui des photographes « embedded » qui seront les seuls à pouvoir réaliser des images de certains conflits.

    La censure au moment de la diffusion:
    Les journaux vont sélectionner les images qui les intéressent à un moment donné. Les équipes de com vont sélectionner les images qui les intéressent à un moment donné.
    Je suis attaché à l’indépendance de la presse et heureux que leur agenda ne soit pas le même que celui des services de com, mais la différence la plus flagrante me semble quand même relever du contexte (légende, article, mise en page) que de l’essence même du style ou des cadrages des photographes.

    Les réseaux sociaux qui n’auront accès qu’aux images mises en ligne par les uns ou les autres vont s’approprier certaines de ces images mais selon des logiques qui échappent totalement à ceux qui les ont mis en ligne comme le montrent les lol sur la publicité politique par exemple. http://culturevisuelle.org/icones/2317

    On est en présence d’une nouvelle diffusion dans un nouveau contexte des images qui auront été filtrées par les services de com et par les titres de presse. Un troisième pouvoir?

  23. In SNS through the Twitter ‘reTweet’ button or in Facebook with the ‘share’ one, users tend to share links by reposting what a friend has formerly signaled or recommended: a link posted in his/her wall. This is called aggregation.

    When this is done, the circulation, the importance and the impact or ‘buzz’ an image, video or piece of information will have, happens in a bottom-up mechanism.
    When tweeting and/or retweeting madiatization gains a new layer: a new mediation (André’s comment N°27) that reflects social capital.

    But, how does social capital affect reTweets, especially for news? “Timing is related to making information quickly accessible – the earlier the information reaches someone the more value this person can get from it.” (RECUERO, ARAUJO and ZAGO, How does Social Capital affect Retweets ?, http://www.pontomidia.com.br/raquel/artigos/ICWSM_v7.pdf)

    When talking about news creation or news making, time and reactivity speed are always crucial but so is aggregation.
    The Michelle and Barack hug case is just an example on the cultural impact social networking sites – Twitter in this case – have; it has gained penetration and influences (the mass) media in/for the information chain.

    Social Networks as Social Media set the real mediatization pace.

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