De Hitler à Mélenchon. Petite généalogie de la diabolisation visuelle

Le Monde.fr, portrait de Mélenchon par Laurent Hazgui, s. d.

La narration visuelle au service du journalisme fait rarement dans la dentelle. En ce jour de manif du Front de gauche, le Monde.fr a remis en Une le signalement du long article d’analyse politique de Raphaëlle Besse Desmoulières et Vanessa Schneider publié dans « M le magazine », illustré par une photo noir et blanc d’un Mélenchon vociférant, parfaitement raccord avec les éléments de langage gouvernementaux (voir ci-dessus).

La presse de la middleclass entretient une allergie notoire pour le leader gauchiste, qui s’exprime abondamment par l’image. Un récent article de Libération comportait un choix iconographique qui tapait délibérément sous la ceinture, en dévoilant l’oeil noir d’un Méluche comme sorti d’un puits d’ombre. L’association avec Marine Le Pen constitue un classique de la dénonciation du populisme mélenchonien, que le Journal du Dimanche reprend dans son édition d’aujourd’hui (voir ci-dessous).

Libération du 8 avril 2013.
Dessin de Plantu, L’Express, 19/01/2011. Une du JDD, 05/05/2013.

Rien n’interdit à un journal d’opinion de critiquer celles qui l’indisposent. Le Monde entretient de surcroît de mauvaises relations avec le dirigeant, qui a insulté un de ses journalistes. Mais un pas est franchi avec la photo de Laurent Hazgui, dont le noir et blanc, traitement rare dans le registre du portrait politique, souligne la violence tout en évoquant un rapport au passé. Comme le délit de sale gueule, l’attaque iconographique ne fait pas appel à des arguments politiques ou philosophiques, mais construit sur le mode de la médisance un document accusatoire qui s’appuie sur l’aspect physique et sur des jeux associatifs plus ou moins avoués.

Sélectionnée parmi les reportages de French-politics, collectif spécialisé dans le portrait politique, l’iconographie de l’article (5 visuels, dont une vidéo et 3 photos noir et blanc) a fait l’objet d’un travail élaboré. Sans surprise, elle souligne la dimension tribunicienne du dirigeant, angle traditionnel de dénonciation du « populisme ». Deux portraits qui montrent Mélenchon en pleine harangue sont des allusions manifestes à l’imagerie des dictateurs des années 1930, dont les discours tonitruants et les postures martiales nourrissaient dès cette époque le stéréotype du tyran (voir ci-dessous).

La diabolisation par l’image fonctionne à la manière de l’allusion: comparaison elliptique suggérant un rapprochement avec les clichés des totalitarismes, elle omet le comparant, qui reste implicite et doit être restitué par le destinataire. Cette figure s’est appliquée à diverses personnalités, à commencer par l’ancien président du Front National, Jean-Marie Le Pen, fréquemment associé depuis les années 1980 au souvenir de la période nazie. Nicolas Sarkozy a subi à son tour cette forme de caricature pendant une courte période, suite au tournant du discours de Grenoble en août 2010, qui prônait ouvertement une politique xénophobe (voir ci-dessous).

J. G. Shields, The Extreme right in France, 2007. Nouvel Observateur, 02/09/2010 (photo: Martinat/MaxPPP).

Ces applications sélectives d’une forme d’insulte par l’image montre que le journalisme politique, ou du moins son volet visuel, reflète moins une analyse politique qu’une condamnation morale. La diabolisation qui frappait Jean-Marie Le Pen en raison de ses nombreux dérapages et allusions racistes est largement épargnée à sa fille, dont les options politiques ne diffèrent pourtant qu’à la marge. De même, l’association de Mélenchon avec le répertoire de la diabolisation est la punition ponctuelle de l’expression « coup de balai », qui a fortement déplu aux élites politiques et médiatiques. Sorte de point Godwin visuel, le traitement iconographique du Monde traduit une réprobation dont la dimension morale autorise à franchir les limites habituelles de l’objectivité journalistique.

76 réflexions au sujet de « De Hitler à Mélenchon. Petite généalogie de la diabolisation visuelle »

  1. Je pense qu’il faudrait ajouter des guillemets à « objectivité journalistique » qui, même si elle fait mine de disposer de « limites habituelles » n’a, en fait, aucune raison objective à quelque objectivité que ce soit, sinon celle que lui imposent ses actionnaires. Non ?

  2. Ce n’est pas que visuel. Au JT de France 2, ce soir, j’ai entendu Nathalie Saint-Cricq parler de l’attitude de Mélenchon vis à vis de Hollande comme une « obsession aux limites du rationnel » ou quelque chose comme ça (je cite de mémoire, mais les notions d’obsession et d’irraison y étaient bien. On se demande si ce n’est pas elle qui est en croisade aveugle, parce que le discours de Mélenchon, qu’on y souscrive ou pas, est plutôt rationnel et cohérent.

  3. @PCH: L’objectivité journalistique n’est pas une notion …objective. Il faut plutôt l’entendre comme le résultat d’une négociation entre les contraintes de la prosécogénie et les limites narratives qu’acceptent de se fixer les journalistes, en fonction de la tradition et de l’image d’un organe, mais aussi des attentes du lectorat, qui dans le cas du Monde constitue un acteur vigilant (voir http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/02/17/populisme-le-mot-qui-fache_1644984_3232.html ).

    @gauchedecombat: You’re welcome!

    @Jean-no: Je ne m’intéresse ici qu’aux formes visuelles, mais l’article de Raphaëlle Besse Desmoulières et Vanessa Schneider est un exemple très intéressant d’une dénonciation qui est essentiellement celle des « mauvaises manières » du dirigeant du PG, qui ne respecte pas les codes du savoir vivre… Une leçon d’étiquette plutôt qu’une analyse politique, qui donne paradoxalement raison à Mélenchon…

  4. Tout à fait d’accord bien sûr, avec l’ensemble de ton analyse… Il s’agit d’une grossière disqualification politique, une façon de dire : « c’est un dictateur »… il est violent… il a le couteau entre les dents…

    Tu lui fournis une étude qu’il pourra citer en exemple dans ses diatribes contre les médias 😉

    Mais on peut aussi s’interroger sur le fait que cette posture tribunicienne, le « coup de gueule », soit devenue une disqualification presque automatique aux yeux de la presse « généraliste » expression de l’idéologie sociale-démocrate convertie en fait au libéralisme, qui défend l’austérité.

    Au delà du style, la tension du moment est là … Cette austérité qui apparaît à beaucoup de personnes établies et peu inquiètes comme une évidence naturelle, à la fois logique et « morale »… est dangereusement remise en cause avec des arguments qui commencent à porter et à saper le travail idéologique de la raison libérale des dernières décennies, qui nous a amenés à accepter une régression sociale sans précédent…

    L’enjeu de ce parti pris narratif me semble être autant une disqualification de la personne qu’une disqualification de la parole élaborée, de la pensée et de leur incarnation en politique…

    Il est quand même le meilleur orateur politique du moment (mardi dernier dans le 7/9 de Cohen, dès l’aube à la maison de la radio, il semblait déjà sur une estrade au milieu de la foule, emporté, et pas une faute de syntaxe, une prosodie impeccable, des accents profonds – impressionnant, même si c’est joué, au moins il sait incarner son discours) et personne parmi les gens éduqués qui écrivent des éditoriaux ne le souligne… On dit qu’il est malin, habile, qu’il ne répond jamais aux questions chiffrées qu’on lui pose pour tester sa solidité… L’homme politique idéal devant un Lenglet et ses graphiques, ce serait un expert qui trouverait la solution mathématique à l’équation du moment… et il n’y en a qu’une… Or, il est quand même un des seuls, voire le seul, à montrer la politique comme un art oratoire, un mouvement d’idées parfois radicales, quelque chose de vivant et d’humain, une philosophie, qui s’adresse d’abord au peuple et à ses desseins… au sens large…

    Ce parti pris narratif nous révèle, au-delà d’une peur de la Révolution sociale, qui a été abandonnée par la gauche en 1984, qu’il semble acquis à certains que la politique est une affaire d’experts policés et éduqués (qui ne peuvent qu’être raisonnablement d’accord sur le fait qu’il faut que les peuples « puérils » se serrent la ceinture et revêtent le cilice, pieusement, pour expier leur gourmandise sur la mamelle tarie de l’Etat-providence) et que l’émotion et la force verbale n’ont plus rien à y faire, trop vulgaires, qu’elles appartiennent à la préhistoire, à l’enfance, de la démocratie…

    Ce qui est frappant, c’est cette construction d’une équivalence formelle entre les « extrêmes » sans considération des mots et des idées. Qu’on défende officiellement la haine et la peur de l’autre ou la solidarité et la justice sociale, pour Le Monde, c’est la même chose, du « populisme », nouveau concept pour disqualifier toute mise en jeu des peuples dans leur propre destin…

    Sarkozy a été raillé par les mêmes pour des postures « populistes » très droitières, dans une langue beaucoup plus pauvre et une syntaxe indigente, mais il a été beaucoup moins ringardisé, au contraire, il semblait incarner un populisme moderne, d’avenir, fruit de la culture télé… certainement parce qu’il était beaucoup plus en phase avec l’idéologie libérale… l’horizon actuel de la presse généraliste…

    Pour Mélenchon, le philosophe tribun, c’est la naphtaline qui est de mise.

    Le noir et blanc est ici d’une grande efficacité. Non seulement, Mélenchon est présenté comme un dictateur, un escroc démagogue, à travers sa grimace, mais il est aussi présenté comme appartenant au passé, le jour même de la mobilisation qu’il propose. Ce ne serait qu’une relique de notre vie démocratique…

    L’austérité libérale adossée à des comptes ronds, des chiffres magiques (3 %), défendue par un démonstrateur de Prisunic, c’est l’avenir, le peuple qui se révolte un peu sous le souffle d’un orateur qui sait parler sans abaisser son niveau de langue, c’est le passé.

    Selon l’expertise politique et économique du Monde, d’après ce que nous en montre cette image en N et B, le tribun de gauche et le peuple comme sujets politiques sont des pièces de musée.

  5. Tout à fait d’accord avec votre analyse.
    La diabolisation sans retenue de Melenchon par Le Monde peut avoir comme résultat de rejeter les mécontents du Hollandisme vers Marine Le Pen et non de récupérer ces mécontents vers la ligne politique du Monde. Mais il n’y a pas que ce journal.

  6. Un bel article. La pratique du coup de gueule qui dérange n’est pas nouvelle; sa dénonciation l’est; merci d’en avoir parlé. J’ai assisté à la campagne d’Oskar Lafontaine en 1990 à Bonn, et sa gestuelle dérangeait les historiens parmi nous (ou du moins ceux qui avaient de la mémoire): http://www.dw.de/the-comeback-kid/a-1635731
    Mais vu l’endroit et l’époque (et le fait qu’il était SPD), on s’était gardé d’en parler en dehors d’un cercle d’amis.

  7. Questions à Mr Beuvelet. Pour vous Mélenchon est-il le premier à s’ériger contre le libéralisme? Lorsque vous évoquez le Front de gauche, vous ne l’évoquez pas en tant que parti, vous faites uniquement référence à Mr Mélenchon, pourquoi? PS: ce sont des questions.

  8. Merci à Olivier pour son point de vue! Tout à fait d’accord que la disqualification est politique, même si elle est présentée comme s’appuyant sur des arguments moraux. La diabolisation, qui revient à présenter comme un monstre, et plus comme un homme politique respectable, la personnalité visée, fonctionne dans les deux cas (rapprochement explicite avec Marine Le Pen; rapprochement implicite avec l’imagerie du tribun) par la comparaison avec un point de repère déjà disqualifié. C’est une rhétorique beaucoup plus simpliste que les arguments relativement sophistiqués mobilisés par le texte. Un article qui dirait simplement « Mélenchon = Le Pen » ne serait pas très convaincant… Bien sur, il faut prendre en compte le dispositif d’ensemble (et je n’ai pas analysé la vidéo), mais je suis frappé par cette différence de niveau argumentatif entre texte et image…

  9. Bravo et merci pour cette analyse précise et argumentée. On peut se demander si ces ficelles grosses comme des câbles ont encore une chance de rester invisibles aux yeux du lecteur de bonne foi. A quand un « De Le Pen à Marine: petite généalogie de la dédiabolisation visuelle »?

  10. Les médiocres ont besoin de boucs émissaires .
    J’en parle d’autant plus à l’aise que je n’appécie pas JL Mélenchon mais j’irai jusqu’à le défendre ! Acrimed passe au peigne fin les coups tordus dont il est l’objet
    Un parmi d’autres:
    http://www.acrimed.org/article3342.html

    Bonne lecture

  11. Peut-être l’époque se prête-t-elle à la réinvention de l’abjectivité journalistique ?
    (bien relu, pas de faute de frappe)

  12. article parfaitement CQFD. qui dénonce de manière plus générale, en filigrane, l’édulcoration des mots et des gestes, sans laquelle celui qui ne s’y plie pas est présenté, suggéré (et même plus que suggéré) fou-fourieux-dictateur-populiste par des journalistes abjectifs (j’adore ce jeu de mots). mais derrière ces derniers, qui ne sortent pas du néant, une majorité de gens en plein SSPT, avec cette vision, que pourtant la plupart d’entre eux n’ont pas vécue « en vrai », de l’éructant hitler. d’ailleurs l’émergence-même du concept du point godwin est en lui-même un symptôme de ce traumatisme. on se méfie a priori du tribun flamboyant, de l’orateur hors pair. on veut de l’insipide, du fadasse, du neutre. du normal…jamais autant de « communication » mais jamais autant de méfiance face à l’oralité maîtrisée. et il faut dire que ces orateurs finissent très mal, remember cicéron ou démosthène…

  13. at zozéfine. La notion d’oralité maitrisée n’est pas l’apanage de Mr Mélanchon. Pourquoi avoir ajouté « maitrisée »?

  14. Bonjour M. Gunthert
    Je suis obligé de vous saluer pour ce billet, qui est précisément un modèle de décryptage d’images.
    Indépendamment de nos divergences passées.
    Merci.
    FdC

  15. Bonjour, monsieur Gunthert,

    J’ai parlé de votre travail sur le forum où je sévis et où ce traitement très particulier appliqué à Mélenchon fait l’objet de nos sarcasmes -mais aussi de nos analyses- depuis plusieurs mois voire quelques années déjà, ce qui nuance un peu l’argument du « coup de balai » que vous évoquez et qui aurait été à l’origine de ce déferlement médiatique hostile. Si vous le permettez, je vous mets un lien vers un post qui recense une partie de l’iconographie propre à Mélenchon et de l’association systématiquement faite avec Marine Le Pen bien que, concernant cette dernière, vous noterez qu’elle devient au fil du temps de plus en plus avenante ! En fait, plus Mélenchon devient laid, grimaçant et terrifiant, plus elle devient parallèlement aimable, souriante, mignonnette, la belle-fille idéale, quoi… ^^
    http://sansentraves.heberg-forum.net/sutra110695_melenchon-chevenement-2012.html#110695

  16. @Raide: intéressant relevé. Je précise bien ci-dessus que la diabolisation de Mélenchon ne date pas d’hier, et que la figure de comparaison avec MLP est ancienne. Mais il y a des étapes dans le processus, et le fait que Le Point ou Le Monde casse du Mélenchon n’a pas tout à fait la même signification. Compte tenu de la « dédiabolisation » de Marine, la comparaison avec elle s’est affaiblie, et représente une disqualification moindre que celle qu’aurait pu produire un parallèle avec JMLP. On peut donc considérer les comparaisons implicites à travers l’imagerie du tribun comme un pas supplémentaire pour éloigner JLM de la figure du politicien « normal » (le N/B ajoute encore une couche).

    Tous ces jeux d’allusions sont plus compliqués à manipuler qu’il n’y paraît. Comme ce traitement sort du registre communément admis, il faut à chaque fois une bonne raison. Pour que ces écarts avec la norme ne soient pas lus comme un simple « bashing » systématique, il doivent s’appuyer sur un énoncé présenté comme un dérapage, c’est ce que je note ci-dessus avec le « coup de balai ». Bien sûr, au total, pour la presse mainstream, la figure de Mélenchon ressemble de plus en plus à celle de Le Pen père. Et le plus intéressant, c’est que quand vous discutez avec des journalistes, ils sont eux-mêmes parfaitement convaincus du bien-fondé de la caricature (« c’est vrai qu’il est agressif et vociférant, donc on a raison de le présenter comme ça »), montrant l’efficacité autoréalisatrice du processus de disqualification.

  17. Cet argument des journalistes (“c’est vrai qu’il est agressif et vociférant, donc on a raison de le présenter comme ça”) est facile à démonter. C’est alors que Mélenchon réunissait les foules pendant la campagne présidentielle (et donc sans qu’il fut besoin de prétextes du genre « agression d’un pauvre petit étudiant en journalisme ») que Libération, par exemple, a produit les images les plus dévalorisantes. Ce qui démontre bien l’intention pour les chiens de garde du canard à Rothschild de dégommer un adversaire politique.

  18. Des histoires de diabolisations visuelles et de comparaisons ineptes entre le Front de Gauche et l’extrême droite, on en trouve à peu près une ou deux par jour.
    Il y a d’ailleurs un site qui en fait le décompte. C’est l’observatoire de la propagande et des inepties anti-Mélenchon : http://opiam2012.wordpress.com/
    Pour ce qui est du Monde, Raphaëlle Besse Desmoulières écrit depuis longtemps le blog Rouges et verts (http://gauche.blog.lemonde.fr/).
    Elle n’a jamais été particulièrement fan de Mélenchon, c’est le moins que l’on puisse dire, son article de vendredi est en gros une compilation des habituelles perfidies que l’on peut lire sur ce blog, donc rien de vraiment nouveau sous le soleil !

    Pour un décryptage de l’article de Libération dont tu parles, il y a aussi l’article d’Acrimed :
    Libération, mode d’emploi (1) : Une purification politique et éditoriale ?
    http://www.acrimed.org/article4052.html

    Claude (ancienne étudiante qui a suivi tes cours à Paris 8 il y a longtemps)

  19. @Claude: Le cas de l’article du Monde que je relève est-il négligeable? Pas de chance, la référence à laquelle tu me renvoies, http://opiam2012.wordpress.com/, vient de mettre en ligne, 5 jours après mon billet, une analyse détaillée du dossier proposé par M le magazine, jugé « d’une extrême violence ». L’article de Raphaëlle Besse Desmoulière et Vanessa Schneider et son illustration est qualifié de « parangon » de l’entreprise de diabolisation de Mélenchon.

    http://opiam2012.wordpress.com/2013/05/10/diabolisation-de-melenchon-et-nombrilisme-journalistique/
    ( Reprise du billet: http://antoineleaument.fr/diabolisation-de-melenchon-et-nombrilisme-journalistique-les-errements-du-magazine-du-monde/ )

    Cette analyse, qui porte essentiellement sur le texte de l’article, ne consacre que quelques lignes aux images, pour paraphraser les expressions retenues, mais ne signale pas l’allusion à l’iconographie des totalitarismes. Mon approche, limitée au volet visuel, complète donc utilement la description proposée par ce billet.

    Merci de rappeler l’analyse d’Acrimed du dossier à charge de Libé, qui passe malheureusement lui aussi un peu vite sur l’aspect iconographique.

    Je constate avec regret que tu n’accordes pas plus d’intérêt à la dimension visuelle que ces contributions, puisque tu ne comprends pas ce que je m’attache à décrire. Raphaëlle Besse Desmoulière et Vanessa Schneider ne sont en rien responsables des choix iconographiques, qui ont été effectués par un éditeur spécialisé (anonyme). Ces choix, s’ils sont bien sûr cohérents avec les options générales du dossier, ne jouent pas sur les mêmes ressorts narratifs. J’esquisse ci-dessus à la fois une généalogie de la diabolisation visuelle, qui inscrit l’épisode récent dans une histoire plus longue, et quelques éléments de théorie, en caractérisant cette forme de caricature comme une comparaison elliptique.

  20. Votre explication sur l’allusion et l’omission du comparant est simple et précise. Me permettez-vous de reproduire votre analyse sur mon blog, M. Gunthert?

  21. AG : « Merci de rappeler l’analyse d’Acrimed du dossier à charge de Libé, qui passe malheureusement lui aussi un peu vite sur l’aspect iconographique ».

    C’est sans doute pour vous laisser faire le boulot pour lequel vous êtes mieux armé 😉

  22. Ouh là là, la volée de bois vert, dois je refaire ma copie , professeur Gunthert ? 😉
    Pour parler un peu plus sérieusement, ce n’étaient que quelques remarques (plus politiques que d’analyse iconographique je te l’accorde ) au fil des commentaires et de la discussion plutôt qu’une apostrophe directe au sujet de ton billet que je trouve excellent au demeurant.
    A noter que ce type de diabolisation visuelle a été directement utilisé par des adversaires politiques de Mélenchon, je te laisse deviner par qui.
    http://www.20minutes.fr/elections/legislatives/948673-legislatives-melenchon-grime-hitler-tract-anonyme

  23. Ha ha! Non, pas la peine! Je suis content d’avoir de tes nouvelles. Desolé si j’ai réagi un peu vite… Je suis d’assez près les differentes phases de la polemique sur Mélenchon, et on voit que la barque est maintenant très chargée… Si l’on en juge par le précédent Le Pen, il paraît désormais difficile pour le leader de se défaire de cette image négative, qui se nourrit d’elle-même… Le paradoxe est qu’en voulant stigmatiser les mauvaises manières de Mélenchon, Le Monde a recours a des méthodes de voyou…

  24. C’est encore moi. Puis-je savoir d’où proviennent les trois photos d’Hitler ? Sont-elles à l’origine mises les trois ensemble ?

  25. Oui, moi aussi je suis d’assez près les polémiques sur Mélenchon, il faut que je te dise que je suis au Parti de Gauche depuis fin 2008, ça me donne disons quelques motivations(!). Et également une grande habitude des controverses et autres diabolisations médiatiques.
    Sur les méthodes de voyou du Monde, ô combien oui, mais ce qui est intéressant c’est justement que ça devient très très visible et qu’ils se disqualifient autant qu’ils disqualifient Mélenchon par leur procédés un peu trop caricaturaux , je ne crois pas du tout que ça desserve le Front de Gauche au contraire. Le coup de balai, la belle affaire !
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/loeil-de-la-campagne/?album=4&gallery=393 (Iconographie FdG…)
    Ce type de diabolisation, n’est bien sur pas réservée au seul Mélenchon, tous les dirigeants de la gauche radicale doivent y faire face dans leur pays que ce soit en Europe ou bien en Amérique latine. Le journaliste du Monde que tu mentionnes dans ton billet (Paulo A. Paranagua) en est d’ailleurs un spécialiste pour les leaders de la gauche latino-américaine.
    La raison en est bien sûre au fond très idéologique, et de mon point de vue aucun homme politique avec ces idées et ce programme là ne peut espérer y échapper.
    A partir de là bien sûr, de notre côté on se sert aussi de cette situation et il est assez hallucinant de constater qu’une phrase comme « les 17 salopards de l’Eurogroupe » a pu ouvrir de portes tant de portes médiatiques à François Delapierre (secrétaire national du PG http://www.francoisdelapierre.fr/)

  26. @o.p.i.a.m: ces photos sont extraites d’une célèbre série de portraits de Hitler par Heinrich Hoffmann, exécutées alors qu’il est chef de parti, en 1923 si ma mémoire est bonne.

  27. Bonjour,
    Je commence à comprendre pourquoi cette rubrique s’intitule « l’atelier des ic^ones », ,Mélenchon y fait l’unanimité en tant que ma^itre à penser et en tant qu’homme. L’admiration qu’il provoque ici dans les commentaires a de quoi susciter des interrogations.Ce n’est pas forcémént celui qui parle le plus fort, avec le plus d’emphase tout en conservant une attitude patriarcale qui a raison.

  28. Oui André il s’agit bien de clichés réalisés par Hoffmann (en 1925).
    Emmanuelle ce que vous dites est peu original. Selon votre raisonnement, défendre Mélenchon c’est avoir une icône et un maître à penser ? Votre pensée est peu profonde… et peu originale, vous ne faites que répéter ce que 1000 autres ont dit avant vous, enfin bon.

  29. @emmanuelle Fabre: Si l’on en juge par vos propres commentaires ci-dessus, vous ne paraissez pas totalement neutre non plus par rapport à Mélenchon (ce qui contredit accessoirement votre jugement global sur la conversation, car vous ne faites visiblement pas partie des fans de Méluche. Le commentaire n° 12 signale également qu’il « n’apprécie pas Mélenchon »).

    Mon billet n’est pas une analyse politique, mais une analyse médiatique. Je signale dans son 2e volet que Le Pen a subi le même traitement, et l’on pourrait facilement effectuer les mêmes comparaisons visuelles que celles que je propose ci-dessus. Cela fait-il de moi un lepéniste?

    Comme orca (comm’ n° 12), on peut n’avoir aucune sympathie pour Mélenchon, et constater objectivement que le traitement médiatique le concernant est largement biaisé par l’idéologie. De même, le jugement exprimé ci-dessus par Olivier, selon lequel il est « le meilleur orateur politique du moment » est un constat difficile à contredire, qui ne sera remis en cause que par ses adversaires politiques (remise en cause pas vraiment objective, donc). Le constat de cette compétence, que l’on pouvait aussi attribuer objectivement à Le Pen, ne correspond pas forcément à l’expression d’une opinion politique.

    Quant au fait que ce billet ait été pas mal retweeté ou signalé dans les réseaux de la gauche de la gauche (plus de 7000 vues enregistrées au moment où je rédige ce comm’), il s’explique aisément par son contenu. Que la diabolisation de Mélenchon concerne au premier chef ses partisans, plutôt que les lecteurs du Figaro, vous paraît-elle vraiment anormale?

    Si vous vous intéressez à la signification du titre de mon blog (qui n’est pas une « rubrique », mais mon carnet de recherches, c’est écrit ci-dessus), mon programme de séminaire de l’an prochain pourra vous éclairer: http://culturevisuelle.org/icones/2741

    Et si vous vous intéressez à mes opinions politiques, sachez que je ne suis convaincu aujourd’hui par aucun programme ni aucun leader politique…

  30. Merci pour vos réponses. Quant à l’originalité, je ne m’en suis pas revendiquée. Pour ce qui est de la profondeur, le sujet est la diabolisation visuelle de ces personnes publiques- Ils ont donc une responsabilité et un impact issus de leur gestuel, leur physique selon le titre. Ne sont-ils pas entourés de communicants, de personnes qui, comme vous ont fait des études poussées? Ils

  31. Si se parer de principes humanistes pour faire fructifier sa c^ote de popularité et se permettre en bon orateur d’envoyer au mieux des remarques cinglantes au pire des attaques injustifiées et catégoriques, sur le journaliste par exemple, est de la politique, la manipulation peut en effet revetir des formes complexes qui me dépassent, O.P.I.A.M

  32. Tu parles de 7000 vues de ce billet. Par pure curiosité est-ce que c’est un chiffre important pour ton blog ?

  33. Bonjour,
    Je me glisse parmi les commentateurs car ce post m’a été signalé. Je l’ai lu avec intérêt. Je complète la description des faits par un rapprochement iconographique supplémentaire. La série de photos en noir et blanc publiée en une est une re-dite de la série de photos bien connues d’Adolf Hitler devant un miroir pour étudier ses poses. Le choix du noir et blanc est en soi un message, évidemment, et il éclate aux yeux de l’observateur dans la pleine page intérieure, lorsqu’on me voit à peine distingué d’un fond noir total, les rides creusées, le visage lugubre. L’intention de nuire est parfaitement claire. Je n’ai aucun moyen de m’y opposer ni de la contredire. Je ne peux donc que prendre appui sur son énergie pour la retourner contre ses auteurs. Ma stratégie médiatique consiste à organiser ce retournement. Car si vous voulez bien considérer la situation, aucun argument rationnel n’est proposé contre moi. Ce n’est pas mon programme, mes thèses ou quoi que ce soit de semblable qui sont mis en cause, comme ce serait le cas dans une polémique politique normale. Ce sont mes manières, et parfois mon vocabulaire. Sur ce point il n’y a pas non plus de registre rationnel. Le cas du « balai » me semble significatif. Il s’en est dit dix fois pire dans le passé et dans le présent le plus actuel sans soulever aucune des indignations collectives dont je bénéficie. Pire : « Libération », « le Monde » puis même repris ironiquement par « le Canard Enchainé » m’ont attribué une expression que je n’ai jamais prononcée d’aucune manière, placée de surcroit entre guillemets : « purification éthique » (Libération), « purificateur éthique « Le Monde ». Ces comportements signalent davantage qu’un parti pris purement politique. Je vous laisse établir à quel inconscient de caste, évidemment refoulé, renvoie cette fixation. Pour l’histoire rappelons que « Le Monde » est le successeur du « Temps » journal dont il a longtemps gardé le caractère graphique du titre. Le « Temps » a été saisi à la libération pour avoir collaboré avec l’occupant nazi. « Libération » est un ancien journal Maoïste dont la une a publié un portrait en pleine page de Mao lui-même. Une interminable prise de distance avec un passé honteux explique peut-être l’acharnement contre ma vocation dictatoriale, façon de se battre la coulpe sur la poitrine d’un autre. Ce transfert peu couteux explique peut-être que tous les papiers à mon sujet se positionnent dans un registre qui vise à « révéler la face cachée » supposée de mon personnage produisant ainsi des « dévoilements psychologiques » consternant par leur contenu comme par leur répétition. Ainsi de cette page entière dans « le monde » pour faire de mon opposition à la politique de François Hollande une affaire de conflit de personne. Et encore cette fois ci dans « la revue » sur plusieurs pages. Au final, la dépolitisation de mon personnage remplit la fonction de désarmement intellectuel qui est la mission de ce type de production. On ne jugera pas mon programme mais ma personne. Ça tombe bien car chacun sait qu’il n’y a qu’une politique possible, qu’il n’y a pas d’alternative et que seuls des fous peuvent le nier. Ça tombe bien : Mélenchon est fou, comme le montre indiscutablement les photos. La dépolitisation du personnage va jusqu’au détail : les photos de une de la revue du Monde date d’il y a trois ans. On le vérifie à ce fait que je n’y ai pas la cravate rouge qui affiche mon engagement politique depuis bientôt deux ans…. Vue ainsi l’iconographie des dernières productions est en ligne avec ce « récit » de moi qui veut en rester à ce qui est antérieur au discours politique. Je finis en vous apprenant que tout cela n’est pas du tout original. Dans tous les pays d’Europe et du nouveau monde hispanophone, tous les porte-paroles de notre gauche, sans exception, sont traités de cette même façon, écrite et visuelle, comme nous en avons fait le constat à l’occasion d’une réunion commune. Hommes et femmes. Mais les femmes sont évidemment encore plus grossièrement insultées que les hommes, cela va de soi. Jean Luc Mélenchon

  34. Sans remettre en cause le fond de l’article, le titre retenu est sujet à débat et peut conduire à une certaine confusion et cela sous deux aspects :
    – Peut-on parler de diabolisation du Furher comme d’une volonté de nuire mise en scène par les medias ainsi que pourrait le suggérer le raccourci provocant retenu. Il me semble sans pousser trop loin l’analyse historique que les images du chef nazi étaient surtout le fait de son cercle propagandiste soucieux d’asseoir son leadership plutôt que de journalistes mal intentionnés dont souffrirait de son côté JLM.
    – D’autre part aucune image ne pourra refléter le degré de diabolisme incarné par Hitler, fut-elle de profil, en Noir et Blanc, avec ou sans ride…Par quel grimage ou subterfuge photographique pourrait on ‘diaboliser’ encore un peu plus celui qui constitue le niveau ultime de la Barbarie
    Attention par conséquent de ne pas user des mêmes artifices avec les mots que ceux dénoncés pour les photos mises en causes. L’intention initiale dans le choix du titre mérite d’être clarifiée, la profondeur d’analyse du corps de l’article n’en sera que grandie…Cordialement

  35. merci pour cette mise en perspective visuelle qui touche plus profond que bien des discours. Je signale que cette méthode d’attention aux éléments iconographiques est très porteuse pour sortir des concepts bien grossiers et indiscutables car à tout usage tel que le populisme. Un de mes doctorants Xavier Mellet réalise sa thèse en ce moment sur la composition médiatique du populisme (comparaison france Japon). Son idée consiste à ne pas attribuer une essence ou une évidence au populisme mais à comprendre de quoi c’est fait, à comprendre quels sont les éléments qui le composent, dont ces “signes transposables” dont Mariannig Le Béchec a parlé qui étudiait dans sa thèse récente comment une “nation” se construit à travers ce qui circule sur le web. Le pouvoir de circulation de certains éléments du populisme est d’autant plus puissant qu’il fait des connections avec d’autres références, quelquefois insues, mais cela permet d’utiliser le qualificatif de populisme pour tout le monde, à tel point que tout le monde a été à un moment donné le populiste de quelqu’un. Quand on voit toutes les ressources sur lesquelles s’appuie cette qualification, on voit qu’elles sont en fait constitutives de la démocratie, et encore plus de la démocratie médiatique mais qu’on trouve toujours que c’est l’autre qui en fait trop: qui n’en appelle pas au peuple (aux français ou à la France d’accord aussi mais c’est le même principe), qui ne se vante pas de créer une relation directe avec lui (surtout en france, dont la Ve république est exactement taillée pour ça) de faire des propositions simples (sinon il devient qualifié de technocrate ou d’intello comme dans les cours d’école!) , de jouer de l’émotion (mais celui qui ne le fait pas est froid et calculateur,ou indifférent, etc..) Tous les qualificatifs se retournent en leur contraire selon que vous voulez noyer votre chien…. Cela permet aussi de voir comment la mythologie qu’on a largement diffusé sur la politique qui devrait raisonner et mettre à l’écart les passions, doit être refusée pour admettre la composition faite de propositions discutables et d’émotions et de valeurs partageables. La presse qui feint de trier le bon grain de l’ivraie en cette matière applique en fait les mêmes recettes comme le montre excellemment André Gunther, “faites comme je dis, ne faites pas comme je fais”, devrait dire Le Monde.

  36. @ECX : Si Hitler n’était connu que pour une série de photos, on n’en dirait pas de mal aujourd’hui. Mais toute image produite ou utilisée aujourd’hui en référence à Hitler est, forcément, tout sauf innocente et est censée nous rappeler précisément « les pires heures de l’histoire ».

  37. @Jean-Luc Mélenchon: Merci pour votre réaction détaillée. L’article de Besse/Schneider et son glissement de l’analyse politique à la critique des bonnes manières confirme vos analyses du traitement médiatique… J’aurais aimé en savoir plus sur la réunion des porte-paroles de gauche à laquelle vous faites allusion, et sur les constats effectués à cette occasion. En existe-t-il un compte rendu?

    @ECX: La propagande alliée en 1939-1945 ne présente pas Hitler ou Mussolini de manière neutre, mais souvent violemment caricaturale (le film de Chaplin Le Dictateur est un bon exemple de caricature des discours de Hitler). Il y a donc bien eu une diabolisation contemporaine de ces dictateurs – la différence essentielle étant que ce processus de caricature est assumé, voire revendiqué, et considéré comme justifié.

    Il faut bien comprendre que l’arme visuelle n’a aucun caractère d’objectivité. Quelle que soit l’ampleur de ses crimes, Hitler n’était pas 24h sur 24 un pantin vociférant, la bave aux lèvres. Des photos ou des films le montrent souriant, caressant son chien, ou plaisantant avec ses proches. Qu’il soit un monstre n’est pas quelque chose qui « se voit » à l’œil nu, mais ressort d’un choix iconographique orienté – un processus qu’on peut appliquer à d’autres personnes, le cas échéant de manière injustifiée.

    Il est dans la nature du discours politique de se prêter à la caricature tribunicienne. Dans un discours public d’une heure ou deux, n’importe quel orateur aura nécessairement des moments de harangue que la photographie peut isoler et rendre de façon brutale. Même dans le cas de quelqu’un de relativement peu expressif comme Hollande, les enregistrements vidéo des discours de la campagne présidentielle de 2012 montrent qu’il serait facile de produire des images grimaçantes ou tribuniciennes. Si des photos de ce genre existent, ce ne sont pas celles-là qui ont été retenues, car elles ont été jugées non pertinentes par rapport à l’image que l’on voulait donner du candidat… Ce qui signifie que ce sont les choix narratifs qui orientent la représentation visuelle, et non le contraire… La meilleure preuve est que dans un journal comme l’Humanité, Mélenchon paraît souriant et charismatique…

  38. Merci pour cette analyse sobre, objective donc révélatrice du climat à l’égard de Jean-Luc Mélenchon. Je ne cacherai pas ici ma proximité avec le FDG en général, le PG en particulier. Mais il ne faut pas être militant ou sympathisant de la gauche du PS pour comprendre l’entreprise de « propagande » organisée par les penseurs du libéralisme social dans le but de limiter l’influence d’une autre voix à gauche.
    Tout comme il ne faut pas être un grand spécialiste de la communication visuelle pour se rendre compte du hold up actuellement opéré par la droite et l’extrême droite française de l’imagerie et des slogans du FDG.
    Tout laisse à penser, finalement, que ce FDG en général, le PG en particulier, deviennent le point central de la pensée politique française en ce moment.
    Pour illustrer modestement, ce billet rédigé en fin de semaine dernière:
    http://agauchepourdevrai.fr/post/50080882460/melenchon-lhomme-central-de-la-politique-francaise

  39. @André
    La progression sur une semaine est intéressante mais sans doute due aussi au fait que ce dimanche 5 mai nous étions tous très occupés et les jours suivants très fatigués donc il y a peut-être eu un peu de retard à l’allumage.
    Je suppose que tu as eu quelques dizaines de « vues » de plus hier ?

  40. En effet, la « visite » de JLM a attiré quelque 3000 clics supplémentaires (dont environ un millier en provenance de Facebook)…

    Acrimed reproduit aujourd’hui mon billet sous la forme de « tribune » (« Les articles publiés sous forme de tribune n’engagent pas collectivement l’association Acrimed, mais seulement leurs auteurs »), tout en tenant à souligner: 1) que la dimension visuelle n’est pas tout (« Le «dossier» du supplément magazine du Monde du 4 mai ne s’est pas contenté de tenter de disqualifier Jean-Luc Mélenchon par l’image »), et 2) qu’ils n’avaient pas besoin de moi pour tenir compte de cette dimension (« Un correspondant (à qui n’avait pas échappé le dispositif iconographique) montre ainsi (…) que le contenu de l’article vise tout autant à dénigrer le co-président du Parti de gauche que les photos qui l’accompagnent »). Ces précisions, qui gâchent un peu le plaisir, correspondent assez bien à la tonalité de ton premier commentaire…

    (MàJ: Le post-scriptum d’Acrimed a été modifié en tenant compte de mes remarques)

    Je suis habitué à ces relativisations de la part de spécialistes de l’énoncé, qui tiennent à ce que l’image reste à sa place. Mais je répète que l’image ne dit pas forcément tout à fait la même chose que le texte. Les images disent ici, sur un mode implicite (c’est à dire visible seulement pour le destinataire capable de reconstituer le message): « Mélenchon = Hitler ». L’article de Besse/Schneider ne pourrait se permettre d’énoncer un message aussi grossier et aussi insultant. Cet écart, qui devrait intéresser Acrimed, passe à la trappe dans l’analyse conjointe du texte et de l’image, qui part du principe que la seconde n’est que le miroir du premier. Il y a donc bien un intérêt à produire – et à multiplier – des analyses visuelles autonomes.

    http://www.acrimed.org/article4068.html

  41. Je suis d’accord avec l’idée que l’image ne dit pas forcément tout à fait la même chose que le texte. Je ne crois pas que ça échappe aux animateurs d’Acrimed. À mon avis, ils ont simplement profité de l’occasion pour rappeler qu’ils avaient traité le dénigrement de Mélenchon par ailleurs. Et peut-être sont-ils moins armés que vous pour se pencher sur la question spécifique de l’iconographie ?
    En tous les cas, ça fera au moins 6 000 clics de plus pour votre article. Je trouve que c’est une très bonne idée de faire circuler les contributions pour élargir le public.

  42. En parallèle de l’excommunication politique par le visuel de Mr Mélenchon (et de la gauche de gauche européenne) par les médias traditionalistes, on pourrait analyser le style de communication visuel de l’Union Européenne. Clips, affiches, brochures, tout est calqué sur la communication d’entreprise (corporate). On se rend rapidement compte que le seul projet politique européen c’est l’économie libérale point final. L’horizon radieux de la croissance mise en image aussi sereinement, ça peut aussi faire peur :

    http://www.youtube.com/user/ecbeuro

  43. gnagnagna toujours cette question d’image…mais vous n’avez que ca en tête au PG? Vous les néologistes, les phraseurs, vous pensez réellement qu’on est des débiles sans esprit critique? incapables de distance critique sur les médias? qu’on a besoin de trostkystes mittérendiens et françs-maçons (non non ca compte pas sauf que tous les présidents africains en sont -source RFI) pour nous ouvrir les yeux? mmmm bon…amusez vous biens les bobos mais pas sur ma couenne.
    En fait , vous allez à la télé parceque vous avez pas les couilles de Robespierre et des siens dont vous vous réclamez d’aller sur les barricades! Moi je fais le compte: il y a pas de martyr dans votre genre.Vous etes contre le capitalisme mais vous avez jamais rien prit au capitalisme; contre le fn et vous perdez contre le fn…vous servez a rien en fait. Alors basta les leçons.

  44. @André
    On (Acrimed et moi?) ne voit pas le problème à la même distance et du même point de vue (l’image) que toi.
    On est peut être plus partisans aussi.
    Tu t’intéresses à l’aspect iconographique de la diabolisation ce qui est ton champ d’analyse et qui est bien sûr passionnant en soi, mais tout le monde peut convenir que cette demonisation n’est pas non plus que visuelle.
    Qu’est ce que l’expression « purification éthique » sinon une autre façon de dire « Mélenchon = Hitler » ?
    Est ce que c’est relativiser l’image de dire que le dispositif est double, l’un (le visuel) appuyant et renvoyant à l’autre (le textuel)?
    Ça ne veut pas dire qu’Acrimed et moi ne trouvions pas absolument pertinente ton analyse bien sûr !

  45. Je suppose que tu est déjà au courant, Jean-Luc Mélenchon a mis un lien vers ton billet sur son blog. Hum, avec ça et Acrimed, tu vas peut-être arriver à battre ton record de « vues » ou du moins t’en approcher !
    En espérant que cela ne te renvoie pas trop de commentateurs du type de celui de 20:35.

  46. @ Claude : Le dispositif n’est pas double, il est un.
    Ces analyses ne montrent pas seulement que l’image transmet du récit ; elles montrent qu’elles font pleinement partie d’un ensemble et de son sens. Ces analyses invitent à ne pas laisser (négliger) l’image ET à lire texte et image ensemble et non plus côte à côte (comme 2 parallèles qui ne se croiseraient pas).

  47. @ Claude: La diabolisation de Mélenchon n’est pas un phénomène nouveau. Il me semble que si ce billet a rencontré un certain intérêt, attesté par ses reprises sur Opiam et Acrimed, c’est précisément parce que: 1) il s’agit d’une analyse iconographique élaborée; 2) cette analyse est proposée, non par un militant du FDG, mais par un chercheur indépendant.

    Il ne suffit pas de rapprocher des images (comme le fait par exemple Opiam) pour rendre compte d’un processus de caricature visuelle. Il faut pouvoir faire entrer ces rapprochements dans le cadre d’une démonstration, ce que propose mon billet. Acrimed ne republie pas ma dernière illustration, qui comprend un portrait tribunicien de Le Pen, alors qu’il s’agit d’un élément important de cette démonstration. Celle-ci est, comme je l’indique en titre, une « généalogie », qui permet de comprendre par quel chemin on va « de Hitler à Mélenchon » (alors que cette association peut paraître incongrue lorsqu’elle est vue sous son seul angle politique). Cette approche généalogique montre: 1) que la diabolisation n’est pas une opération ponctuelle, mais une figure de rhétorique; 2) que sa fonction vise une exclusion du champ politique; 3) qu’elle comporte un volet iconographique autonome, inscrit dans la culture visuelle, et destiné à renforcer les autres composantes de la figure.

  48. J’aime beaucoup l’approche généalogique que vous avez mis en œuvre. (Même si je suppose qu’il manque encore beaucoup d’intermédiaires entre Hitler et Mélenchon, ce qui nuit peut-être au caractère approfondi de votre analyse, pas du tout à sa pertinence. Comme vous l’avez dit vous-même, c’est une « esquisse ».) L’approche généalogique se distingue il me semble à la fois de l’approche historique, qui s’en tient à l’histoire factuelle de la circulation des images, des influences ou transferts culturels, etc., et d’une approche « intericonique » qui ne fonctionne de son côté que par rapprochements iconographiques « sauvages », sans toujours une grande pertinence ni sémantique ni historique (ce que faisait par exemple très souvent Alain Korkos dans son ancien blog dont j’ai oublié le nom, et où il faisait toujours soit des rapprochements d’images censés parler d’eux-mêmes, soit des interprétations pour le moins hasardeuses). L’approche généalogique est à mon sens très féconde, parce qu’elle arrive à réintroduire une perspective historique dans l’analyse iconographique, ou inversement à réintroduire une perspective sémantique dans la simple description historique. Stoichita est très bon dans ce domaine. Ségolène Le Men également (qui est mon « mentor » :-)), dans une perspective historique moins étendue.
    Et ce qui est important dans le cadre de l’analyse d’une culture visuelle: l’approche généalogique permet de comprendre à quoi renvoie culturellement un « cliché », ce que ne permet ni la méthodologie de l’histoire des arts factuelle ni le simple et anachronique rapprochement de deux images.

    (Petite contribution à une méthodologie de la « culture visuelle » :-).)

  49. @Audrey Leblanc
    Oui, bien sûr texte et image ne sont pas parallèles comme par exemple sur l’article de Libération où l’œil noir de Mélenchon pointe son regard et le notre vers sa « purification éthique »
    Mais double ne veut pas tout à fait dire parallèle, disons que le message (politique) de l’image redouble celui du texte.
    Je note avec intérêt l’adresse de votre blog.
    @André
    Je vois d’après ta MàJ qu’Acrimed a compris le message:)

  50. Une voix dans l’oreillette me dit que l’article sur Acrimed a enregistré 10 000 visites en deux jours.

  51. Voici copie de la lettre envoyée à Alain Duhamel. Me répondra-t-il ?

    Bonjour Monsieur,

    Choqué qu’à deux reprises, le fantôme d’Hitler apparaisse dans votre prose :
    La résistible ascension de Jean-Luc Mélenchon
    Référence claire à « La résistible ascension d’Arturo Ui », et on sait qui Brecht désignait sous ce nom.

    « Un seul leader cependant, un seul chef de file, une seule figure de proue : Mélenchon. »

    Ça sonne comme « Ein Volk, Ein reich, Ein Fuhrer »…

    Et puis, et surtout, vous associez son succès personnel à l’échec collectif de la gauche… comme si cet échec n’était pas d’abord celui des maigres promesses non tenues, des reculades, de l’adhésion aveugle à la doxa néo-libérale, de la trahison de la classe laborieuse (oui, je sais, appellation désuète) qui reprend lentement et par contrainte le chemin du XIX° siècle !

    Salutations citoyennes (oui, je sais, qualificatif désuet)

    Pierre-Marie Bourdaud

    PS Je n’ai pas voté Mélenchon en 2012, mais en 2017, grâce à des gens comme vous et Nicolas Demorand « travailler plus et gagner moins », ça se pourrait…

  52. A la lecture de votre article, me vient cette observation :
    – Mettez votre bras en avant et fermez votre poing : vous aurez toujours l’air vigoureux, dur, et un poil dictacteur.

    – Mettez votre bras en avant et rapprochez seulement votre pouce de votre index : vous aurez toujours l’air mesuré, pondéré, précis, et un poil technocrate.

    Ce n’est une découverte pour personne : gestuelle des hommes politiques porte en elle un sens et on ne peut douter que le choix du poing fermé ou des doigts rapprochés soit une posture « chorégraphique » décidée et entretenue à l’intérieur d’une communication politique établie (à l’identique des choix de couleur de cravate etc…).

    Il est légitime de se demander si le choix éditorial de montrer Mélenchon en tribun « dictateur » procède d’une stratégie de rapprochement iconographique volontaire et politiquement orientée, soutenant un propos (comparaison).

    On peut aussi se demander si le choix iconographique produit par Le Monde de montrer « Mélenchon en Hitler » ne serait pas tout simplement une absence de critique iconographique, où Le Monde se bornerait naïvement à reproduire une iconographie définie par un plan de communication visuelle et chorégraphique définie en amont par son auteur (JLM).

    Se poser la question du rapport causal entre la comm’ de Mélenchon et la façon dont Le Monde parle de l’homme et de ses idées semble nécessaire.

    Grégoire

  53. @ Grégoire: « Le Monde se bornerait naïvement à reproduire une iconographie définie par un plan de communication visuelle… » Le Monde ne serait-il qu’une simple chambre d’écho reproduisant « naïvement » la propagande FdG? L’hypothèse n’est pas très aimable pour les journalistes de ce respectable organe, qui revendique au contraire hautement sa capacité d’interprétation. Il suffit par ailleurs de feuilleter un numéro de L’Humanité pour s’apercevoir que la présentation du leader y est très différente, positive, souriante, charismatique – et en rien tribunicienne. Désolé, mais la présentation de Méluche en tribun beuglant et grimaçant semble bien une spécialité des journaux des catégories socio-professionnelles favorisées…

  54. Ping : Opiam
  55. Que JLM ne soit pas toujours gracieux avec les médias ne suffit pas à expliquer son hitlérisation.

    Que cette hitlérisation vienne de la droite et de l’extrême-droite (dont on connaît les relations incestueuses) amuse quand on sait que beaucoup de ces gens sont les descendants des possédants qui criaient « plutôt bruns que rouges ».

    Mais qu’elle vienne de la gauche de gouvernement et de ses relais médiatiques, cela a de quoi étonner.

    Sauf si on considère que cette gauche, sous des habits sociétaux, est de droite…

    Quand même, Cahuzac, avec son cynisme et son égocentrisme, avec tout ce qu’il a produit de dégoût des hommes politiques, voilà un danger autrement plus grand pour la démocratie, non ?

  56. Ping : O.P.I.A.M.
  57. Ping : O.P.I.A.M.
  58. de mémoire, Sarkozy a levé le point plusieurs fois aussi…tiens-donc… les journalistes l’ont oublié? De la recherche visuelle on passe à la recherche intellectuelle, décryptage du message supposé des images: « par pitié ne votez à ces 2 partis politiques »…de la peur, de la panique?

    🙂 questions @ DD Gunthert: auriez-vous peur des « puissants »?
    Pourquoi faire des recherches visuelles si cela doit rester « secret et complaisant »?

  59. @ Bob: Mon diagnostic: il est temps de passer aux lunettes de vue… Sarkozy levant la main est inclus dans l’iconographie ci-dessus, nommément cité (« Nicolas Sarkozy a subi à son tour cette forme de caricature ») avec un lien qui renvoie à un autre billet où j’avais traité de sa diabolisation visuelle, en septembre 2010, quand cette question était d’actualité…

    – « Lepénisation visuelle« , 11/08/2010
    – « A-t-il déjà perdu (son image)? » 27/08/2010
    – « En image seulement tu outrageras« , 17/09/2010.

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