C’est pas gagné. J’ai assisté hier à la conférence de presse de l’association des professeurs d’histoire de l’art (APAHAU), qui défendent la transformation en spécialité (dotée d’un concours, d’un programme et d’un volume horaire fixe) de l’enseignement d’histoire des arts proposé depuis 2009 en collège et lycée. L’existence même d’un enseignement dépourvu du socle d’une formation spécifique semble assurément une anomalie. Mais ce qui apparaissait tout aussi clairement dans le discours des spécialistes (Laurence Bertrand-Dorléac, Nadeije Laneyrie-Dagen, Daniel Roche, Pierre Rosenberg), c’est qu’il n’y avait aucune justification évidente à cet enseignement dans le cadre scolaire.
L’appel à un nouvel humanisme (Olivier Bonfait) ou l’éveil à la beauté (Pierre Rosenberg) semblaient des arguments un peu minces aux participants eux-mêmes, délivrés pour la forme, comme sans y croire. Restait la justification martelée tout au long de la conférence: celle de la nécessité d’une éducation à l’image (dans une société où il est entendu que nous sommes « submergés » d’images; seule Nadeije Laneyrie-Dagen a estimé que nous étions également « submergés » de musique).
Mais en ce cas, pourquoi ne pas proposer plutôt un enseignement des images ou des études visuelles, plutôt que des arts? Les élèves sont-ils « submergés » d’œuvres d’art qu’il y aurait une nécessité urgente à expliquer? Nul ne l’a prétendu. Au contraire, il était frappant de constater que presque aucune œuvre d’art n’a été citée par les participants. La seule œuvre mobilisée de manière autre qu’allusive aura été la célèbre photo par Nick Ut de la petite vietnamienne fuyant nue (pour répéter la fable médiatique répandue qui veut que cette image ait « contribué à arrêter la guerre », voir ci-dessus). Une image du photojournalisme, mal analysée, pour justifier l’enseignement de l’histoire des arts semblait une mauvaise plaisanterie plutôt qu’une justification convaincante.
Le problème de cet argumentaire est qu’il ne marche pas. D’une part parce que, tout « submergés » que nous semblions être, l’absence d’une prise en compte des images est si ancienne qu’elle apparaît comme une donnée naturelle pour la plupart des acteurs. Ensuite parce que personne, y compris parmi les plus acharnés des « décrypteurs » n’est en réalité capable de fournir une description cohérente du paysage visuel dans lequel nous vivons. Enfin parce qu’il est loin d’être sûr que les élèves aient besoin d’explications à propos des images.
Car le paradoxe est bien là. La société n’a pas attendu les professeurs. Elle a pris acte depuis longtemps que l’image n’est pas une matière enseignée. Les images qui sont généralement proposées à l’attention ne sont donc nullement des messages cryptés, difficiles à interpréter, mais au contraire des contenus sélectionnés pour leur lisibilité immédiate.
Contrairement à l’argumentaire développé hier à propos de la photo de Nick Ut, selon lequel seule l’histoire de l’art serait capable d’éclairer la compréhension de cette image, en la resituant dans la série des désastres de la guerre – Callot, Goya, etc… – la raison principale de son succès, c’est que son sens saute aux yeux. N’en déplaise à Laurent Gervereau ou à Alain Korkos, voilà bien une image qui n’a besoin d’aucun décryptage: des enfants qui s’enfuient en hurlant, dont une petite fille nue, sur fond de fumée noire, figurent pour n’importe qui doté d’yeux une allégorie poignante des désastres de la guerre. « No caption needed » (pas besoin de légende), constatent Hariman et Lucaites…
A propos d’une telle illustration, on peut aussi se demander pourquoi il y avait un photographe, qui a choisi l’image, par quel canal et à quelle échelle elle a été diffusée, comment elle a été légendée et si elle a été recadrée ou retouchée (la réponse est oui). Bien sûr, ces questions et quelques autres, comme celle de savoir pourquoi le journalisme produit des allégories, ne relèvent nullement d’une science de l’image, qui y chercherait des nombres d’or ou des crucifixions cachées, mais plus simplement d’une sociologie des médias.
Soyons sérieux. Ce que l’histoire de l’art française a malheureusement démontré depuis trop longtemps, c’est non seulement sa capacité très limitée à analyser les images de la culture populaire actuelle, mais plus encore son refus de les considérer comme des objets dignes d’attention. Admettre a priori l’idée que nous soyons « submergés » d’images est la meilleure preuve que le phénomène est largement incompris. Quel spécialiste admettrait de penser que nous sommes « submergés » par le texte?
Proposer un enseignement d’histoire des arts à l’école est une bonne idée: il devrait tout simplement venir élargir l’enseignement de l’art littéraire, qui fait depuis longtemps la colonne vertébrale des cours de français, pour ouvrir l’éventail des productions culturelles soumises à l’attention des élèves, conformément à l’évolution des pratiques. Mais s’il s’agit d’éviter de perpétuer des mythologies et de comprendre les usages des images contemporaines, leur proposer un enseignement de sociologie des médias serait plus approprié.
MàJ: Ce billet a été archivé le 1er juin et remis en ligne le 12 septembre 2012. Pour une histoire critique de l’enseignement d’histoire des arts, voir Sophie Gaujal, « L’histoire des arts, un objet en cours d’identification« , Aggiornamento histoire-géo, 9 septembre 2012.
19 réflexions au sujet de « A quoi sert l'histoire des arts? »
Si personne n’a proposé d’enseigner « le langage des images », c’est déjà un progrès. Enseigner la sociologie des médias dans le cadre d’un enseignement d’histoire des arts me semble à la fois relever du bon sens et être gérable par l’éducation nationale. Mais j’ai cru comprendre qu’à quelques notables exceptions près, la sociologie et les spécialistes de l’histoire des arts faisaient rarement bon ménage. 🙂
Ce n’était en effet pas exactement le sens de la revendication de l’APAHAU… 😉
Déjà, élargir la focale aux images, plutôt que de la restreindre aux arts reconnus, serait un sacré pas en avant et, surtout, une accroche pertinente pour capter l’attention des élèves, devenus experts en images et, pour la plupart, étrangers aux manifestations de l’art. On peut peut-être mieux leur faire toucher du doigt ensuite l’intérêt d’avoir une certaine culture artistique, par exemple pour leur faire réaliser combien l’iconographie de la photographie de presse reste dépendante de motifs hérités de la peinture d’histoire depuis la Renaissance.
Autant je suis souvent d’accord avec vous sur vos méthodes d’approche de l’image, sur vos analyses, etc., autant je trouve que votre croisade contre l’histoire des arts est aussi malvenue que peu constructive: jouer la carte de la sociologie des médias ou de la culture visuelle contre celle de l’histoire de l’art, ce n’est jamais que jouer celle d’une discipline contre une autre, ce qui n’est guère productif, et surtout c’est faire semblant d’oublier que l’histoire de l’art, même en France, est loin d’être monolithique. Ce que vous dites sur « sa capacité très limitée à analyser les images de la culture populaire actuelle, mais plus encore son refus de les considérer comme des objets dignes d’attention » est tout simplement faux: il existe des historiens de l’art en France qui étudient les images populaires et qui le font très bien, et ce dans la lignée de Jean Adhémar ou de Meyer Schapiro: je pense à Laurent Baridon, à Philippe Kaenel (qui est suisse il est vrai, mais francophone) ou surtout à Ségolène Le Men, pour ne rien dire des spécialistes de l’affiche ou de la photo, que je connais moins mais qui doivent bien exister et ne pas toujours se contenter d’analyses iconographiques à la Panofsky, je pense. Il est vrai que ce n’est pas la même école que celle de Pierre Rosenberg & Co., mais elle existe aussi, notamment pour la période contemporaine. Aussi, plutôt que de faire comme si l’histoire des arts était monolithique en France, je pense surtout qu’il faudrait accepter (sans doute aussi et surtout du côté des historiens de l’art), que l’histoire des arts puisse aussi intégrer une sociologie des arts, dans la mesure où l’histoire, science large s’il en est, doit pouvoir de fait intégrer des données sociologiques.
Quant au fait que l’histoire soit celle des arts ou des médias, c’est à mon sens simplement une querelle de termes, qui a pour cause que personne ne se préoccupe d’essayer de définir ce que c’est que l’art exactement, tout en prétendant savoir ce que c’est en son for intérieur. L’art est un média esthétique (c’est-à-dire volontairement déréalisant), point barre. Si on acceptait ça, parler d’art à propos de la photo de Nick Ut ne poserait de problèmes, et laisser l’histoire de l’art s’occuper d' »images populaires » non plus.
Ceci étant dit, je suis assez d’accord avec vous sur le fait que l’argument de la « submersion d’images » soit assez spécieux. Et qu’il ne puisse absolument pas suffire à légitimer un enseignement d’histoire de l’art. Mais quant à l’idée de remplacer les cours de français par ceux d’initiation à l’étude de l’image (quel que soit le nom qu’on donne à la discipline qui s’en charge), je pense sincèrement que c’est une mauvaise idée à une époque où la moitié des collégiens est semi illettrée: apprendre à lire des textes leur sera pour le coup plus utile qu’apprendre à voir des images que, comme vous l’indiquez vous-même, ils savent déjà très bien « lire » en partie.
Je crois que vous vous trompez complètement en assimilant ce billet à une « croisade ». Je suis un historien d’art (probablement représentatif de l’absence de monolithisme de cette spécialité… ;). J’aurais aimé que cette subtile palette de nuances que vous décrivez soit mieux représentée hier à la table de l’APAHAU. Je m’étonne par ailleurs que le principal argument pour défendre l’enseignement des arts soit l’analyse (fautive) des images non-artistiques. Il y avait d’autres pistes à suivre, notamment celle de l’utilité d’une approche renouvelée et globale des phénomènes culturels…
C’est intéressant de citer les collègues francophones – belges, québecois ou suisses. Car cela fait bien apparaître l’existence d’une spécificité de l’histoire de l’art française, qui a fait un accueil des plus mitigés à l’histoire sociale de l’art, pour ne rien dire des visual ou des cultural studies, bien plus développés aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne que chez nous, où ces recherches restent portion congrue. En se voyant dans l’obligation de mettre au centre de sa démonstration un type d’approche habituellement maintenu en périphérie du domaine, la conférence d’hier a dévoilé à mes yeux l’espace des contradictions qui est aujourd’hui celui de l’histoire de l’art française…
Nier que la représentation institutionnelle de la discipline, notamment à l’INHA, reste attachée à la tradition de l’analyse formaliste ne me paraît pas très sérieux. Désolé, mais en matière académique, l’important n’est pas de lister les spécialistes aux terrains exotiques (j’en suis), mais plutôt de compter le nombre de contrats doctoraux accordés, et à quels types de recherches…
Sur l’évaluation quantitative du nombre de collègues ou de contrats doctoraux, etc., je ne peux que vous faire confiance, vous êtes mieux placé que moi du point de vue institutionnel pour en parler 🙂
Une première réponse, rapide, à un article qui me surprend un peu.
– Chercher à raviver la querelle entre anciens et modernes me semble un procédé peu intéressant, à tout point de vue :la revue Perspective, la composition du bureau de l’APAHAU (dont l’auteur de l’article fait partie), les enseignements prodigués dans les départements d’histoire de l’art et d’archéologie prouvent que l’étude des images actuelles, les images populaires, la sociologie de l’art ou des arts sont loin d’être bannies, comme le laissent penser l’article et certains commentaires.
– On a bien parlé à cette table ronde à laquelle participait Daniel Roche d’une histoire des arts qui apprennent à regarder une oeuvre, à savoir l’inscrire dans des contextes, mais aussi de développer la sensibilité à partir de ces oeuvres, et à exprimer cette sensibilité : en ce sens, cette matière un bien une nouvelle discipline humaniste, formatrice pour des élèves d’école, collège, lycée. Il n’y a donc pas (désolé …) que les images, mais aussi la perception de l’espace, par exemple, que ce soit dans les jardins ou l’urbanisme contemporain.
suite à un peu plus tard, désolé, mais je dois essayer de sauver un ou deux postes pour des historiens de l’art, qui sont aussi des historiens des images, et qui apprennent à les voir et à en profiter visuellement
@Olivier Bonfait: Le livre blanc, qui propose une synthèse des limites de l’enseignement d’histoire des arts tel qu’il est actuellement proposé, me paraît une bonne intiative, que j’ai relayé. Je venais à cette conférence plutôt convaincu d’avance, avec la satisfaction de voir se dessiner une critique élaborée de propositions gouvernementales largement insuffisantes.
J’ai été le premier surpris de découvrir la minceur de l’argumentaire développé par les participants, qui dessinait en creux la faiblesse de la discipline dans son rapport à la société, au moment même où il aurait fallu faire la démonstration de son utilité (je suis d’accord avec ton idée de l’HA comme espace humaniste, malheureusement, cet argument me paraît très faible dans la société d’aujourd’hui, on peut le regretter, mais c’est comme ça, tu ne l’as d’ailleurs pas développé toi-même outre mesure).
Ce n’est pas moi qui ai développé la défense du rôle de l’histoire de l’art à partir des images contemporaines. J’ai au contraire été surpris que ce soit l’argument principal. Ce n’est pas moi qui ait choisi de mobiliser la photo de Nick Ut, ni d’en proposer une lecture qui témoigne précisément de l’absence des outils qui permettraient d’en approfondir la compréhension. Il est vrai qu’aucun grand historien de l’art ne s’est penché sur cette image pour en produire l’analyse détaillée – et c’est bien tout le problème (cette photo compte effectivement parmi les plus emblématiques de la seconde moitié du XXe siècle)… Tu dis toi-même que les images populaires ne « sont pas bannies » des publications ou de l’enseignement. C’est une formule qui en dit long, je la trouve très juste, dans ce qu’elle exprime de la marge de tolérance qui accueille aujourd’hui ces travaux. Là encore, la comparaison internationale n’est pas difficile à faire. Malheureusement, nous avons pu voir hier qu’on ne mobilise pas impunément des images ou des mécanismes qu’on ne connaît qu’imparfaitement. La démonstration attendue a donc été particulièrement décevante à mes yeux. C’est ce paradoxe que je me borne à souligner…
Le livre blanc est en ligne, au format pdf :
http://blog.apahau.org/fichiers/livre%20blanc%20enseignement%20histoire%20des%20arts.pdf
Le débat est complexe et mérite sans doute mieux que certains raccourcis choquants, sur un fond corporatiste (« l’école apprend à lire, elle n’apprend pas à voir » – apprend ? ou enseigne ?).
De même, l’exigence de formation ne doit pas faire l’impasse sur les dégâts de la politique menée par le quinquennat précédent. La formation initiale en alternance a été démolie.
Enfin, ne pas oublier que beaucoup d’enseignants, et pas seulement en histoire, s’efforcent d’intégrer la lecture distanciée de l’image dans leur travail. Surtout quand un travail scientifique préalable a été fait, et qu’il est facilement accessible grâce au web. C’est le cas pour Kim Phuc, « la fille de la photo ». Les vidéos (couleur) filmées lors du bombardement éclairent la photo de Nick Ut.
DL
http://www.lemonde.fr/style/article/2012/06/17/la-fille-de-la-photo-sort-du-cliche_1719507_1575563.html
Tiens, encore un article qui ressert le truc du « déluge d’images » pour introduire la singularité de cette photo 🙂
Le web (canadien) donne accès à plusieurs photos de la cérémonie du 8 juin 2012 qui est à la source de l’article. Annick Cojean avait consacré un remarquable article à Kim Phuc en août 1997.
http://clioweb.canalblog.com/tag/kimphuc
Je ne comprends pas pourquoi l’article a été tronqué a posteriori ; je me souviens d’un début d’argumentaire en faveur d’un enseignement visuel plus général (débordant la stricte histoire de l’art en tout cas), et aurais bien aimé y revenir…
Parce qu’on me l’a demandé. Ce n’est pas la première fois: chaque fois que j’évoque l’histoire de l’art comme discipline sur ce blog, ça soulève apparemment quelques problèmes. Mais je reviendrai plus amplement sur la question de l’éducation à l’image, qui mérite mieux qu’une réaction d’humeur…
MàJ: Billet remis en ligne le 12/09…
Bonjour,
Je crois qu’il faut distinguer les historiens de l’art de l’enseignement de l’histoire des arts. Je dis bien enseignement et non discipline. Dans les différents post comme dans l’article initial je ne vois aucun lien avec ce qui se produit dans les écoles, collèges et lycées. Je suis très étonnée de ne voir apparaître aucune référence au Bulletin Officiel, aucune citation des textes.
Les choses sont infiniment plus subtiles et s’ancrent de façon interdisciplinaire. C’est un enseignement qui nécessite beaucoup de recul car justement il se situe bien loin des querelles de disciplines.On ne peut le réduire à l’éducation à l’image. N’en déplaise aux historiens de l’art qui ont encore loupé une étape…et j’en suis la première désolée.
@ Laurence: Tu as tout à fait raison, c’est pourquoi j’ai ajouté en fin de billet la référence à l’article de Sophie Gaujal, qui rappelle de façon détaillée l’histoire de la mise en place de cet enseignement, et ébauche une première description des propositions d’enseignement effectuées dans ce cadre.
Mon billet ne porte évidemment pas sur ce point, mais sur ce qui me paraît inadapté dans l’argumentation de l’APAHAU pour défendre la mainmise disciplinaire des historiens d’art dans la formation à cet enseignement – qui n’est peut-être pas une si bonne idée que ça…
Et puis les images dont nous sommes « submergés » sont souvent animées. Si on veut parler sérieusement d’images, il faut analyser les pubs, se soucier du contexte de diffusion comme tu dis, et ça implique même de réfléchir de manière critique à la culture cultivée, qui a aujourd’hui intégré Goya ou les photos de Life, mais sans doute pas les pubs kinder (pour lesquelles des enfants souffrent !) ni les films insultants pour des prophètes diffusés sur Youtube.
Ensuite, le déluge d’images est une chose, mais l’abondance est partout : apprendre à consommer (nous sommes submergés d’objets et de tentations) ou à raisonner (nous sommes submergés de bêtise) peuvent être de bonnes choses aussi. Finalement, c’est peut-être l’apprentissage de l’abondance et de la pénurie qui sont à faire (je me comprends).
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Dis-donc, Pierre Rosenberg, il ne doit pas être tout jeune !
@Jean-no: C’est Patrick qui devrait nous aider à poser la question en termes de gestion de l’information… Le monde qui nous entoure est a priori une source d’informations dont nous n’arrivons à gérer l’abondance que dans la mesure où nous sommes capables de l’organiser. C’est notamment, me semble-t-il, un des problèmes de l’autisme que de ne pas être capable de synthétiser ou de hiérarchiser les informations – d’où un sentiment de submersion et de désarroi… Qui ne provient donc pas de l’abondance des données, mais de l’incapacité à les organiser…
Je ne suis pas sûr d’aider à poser la question en termes de gestion de l’information, mais je peux risquer une comparaison. La submersion et le désarroi envers l’abondance d’images (et plus généralement d’information) est similaire au sentiment que l’on peut éprouver quand on entend une langue totalement étrangère. Pourtant, avec le temps, on se familiarise avec les sonorités, on commence à repérer des mots, à les comprendre isolément, puis à identifier leurs associations, etc. Tout cela demande un effort, un apprentissage, mais au final l’information (i.e. la forme, la structure) émerge de l’informel, le bruit se transforme en signal. C’est donc bien la capacité d’apprentissage et d’organisation, comme le relève André, qui façonne, structure, hiérarchise les informations. C’est un peu tout cela qui est exprimé quand on distingue les données et l’information conçue comme une interprétation des données.
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