Médihal, Flickr du pauvre

Hal (Hyper-article en ligne), l’archive française destinée à héberger les documents scientifiques a été créée en 2004. Il aura fallu attendre de longues années pour que le CNRS s’aperçoive que les chercheurs utilisent aussi des images. Alleluia! Avec un sens caractéristique de l’acronyme, le Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) et le Centre national pour la numérisation de sources visuelles (CN2SV) ont inauguré le 3 février MédiHal, première archive spécifiquement destinée à héberger photographies et images scientifiques.

Inscrite dans le cadre du TGE (Très Grand Equipement) Adonis, cette avancée apparaît cependant des plus mesurées. Passons sur les quelques vues bleutées de Rio de Janeiro ou de Sao Paulo qui nous accueillent à l’ouverture, et constituent aujourd’hui l’essentiel des 29 photographies de l’archive. Après une homepage qui essaie d’imiter une visualisation à la iTunes, on est un peu surpris de découvrir une interface qui a le pimpant de la Roumanie sous Ceaucescu, avec des fonctionnalités aussi généreusement distribuées qu’un déjeuner de cantine à Longwy-gare.

Résumons: un espace de stockage, la visualisation en petit format, un accès aux métadonnées, une caractérisation Creative Commons. Et… c’est à peu près tout. L’image est affichée – ou exportable – en 320 pixels de large (moins de la moitié des formats aujourd’hui courants sur YouTube ou Facebook). On peut l’agrandir grâce à …une fenêtre pop-up, dénuée d’url, qui ne se referme pas avec la touche Esc, mais uniquement quand on clique sur la croix en bas à droite.

Comme le montre un peu naïvement la photographie du bandeau, qui représente une fiche iconographique papier d’un centre de documentation, la plate-forme est avant tout pensée comme l’émulation d’un fichier classique. Qu’il existe des applications en ligne, dont certaines sont des fleurons du web 2.0, est un détail qui a échappé aux concepteurs. Pas de possibilité de circuler d’une image à l’autre, pas de dossiers, pas de tags, aucune possibilité d’interaction ou de commentaire, pas de compteurs de vues publics, pas de diaporama, des possibilités d’exportation restreintes, évidemment aucune connection avec les réseaux sociaux. Et je ne parle même pas de l’interface d’importation – que j’ai abandonnée après quatre minutes sans avoir réussi à inclure une seule image. Est-ce là tout ce que peuvent produire les centres spécialisés du CNRS en 2010?

Je dois un aveu à la communauté scientifique. Je n’ai pas eu la patience d’attendre Adonis. J’ai ouvert en 2005 mon compte Flickr. Sans les fonctionnalités d’organisation puissantes offertes par la plate-forme, il me serait aujourd’hui impossible de m’y retrouver dans les 3300 images qu’il contient. Grâce aux dossiers et aux tags, cette base est aujourd’hui un de mes outils de travail les plus précieux, dont la disponibilité me rend service à chaque colloque.

Pas de panique. Il y a des bébés très laids qui sont devenus des grandes personnes tout à fait présentables. Pour peu que les Très Grands Ingénieurs d’Adonis se donnent la peine de regarder ce qui se passe sur le web, ils pourront sans difficulté copier ici et là toutes les fonctions disponibles partout ailleurs. En attendant, je crois que je ne vais pas fermer tout de suite mon compte Flickr.

14 réflexions au sujet de « Médihal, Flickr du pauvre »

  1. j’ai testé aussi. Tout à fait d’accord, l’adhésion ne pourra se faire qu’autour d’un outil innovant et durable… aussi bien (ou mieux) qu’ailleurs, dans un esprit non commercial. j’ai été un peu surpris par l’interface assez frustre, la logique assez floue.

  2. Je ne pense pas que la comparaison exclusive avec Flickr, service commercial grand public d’une société privée américaine soit totalement pertinente. Flickr a certes une interface plus complète, mais il existe depuis longtemps et dispose de moyens sans commune mesure avec MediHal. Dans l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein, on peut choisir de saluer l’initiative et pointer les éléments qui doivent être améliorés ou bien flinguer le bébé sitôt porté sur les fonts baptismaux, en se moquant parce qu’il n’est pas bien grand et ne sait pas déjà tout faire comme un grand. J’ai du mal à comprendre pourquoi tu choisis la seconde option.

    Par ailleurs, Flickr, c’est très bien, mais relève quand même de l’économie marchande, avec tous les aléas liés. Qui peut prédire les décisions qui seront prises dans les années à venir en fonction de tel ou tel retournement de conjoncture ?

    HAL c’est aussi une archive ouverte publique, avec identification unique des documents, versionnage et entrepôt OAI moissonables par les moteurs scientifiques. MediHal essaie de favoriser la publication des sources par les chercheurs, quelle que soit leur discipline d’ailleurs (il ne faut pas penser seulement sciences humaines en l’occurrence). Que toi, tu utilises Flickr avec bonheur, c’est une chose. Maintenant, imagines-tu une quelconque institution scientifique demander à toutes les équipes de recherche de déposer, archiver et diffuser leurs sources visuelles sur Flickr ?

    Encore une fois, j’ai des doutes sur la validité de ta comparaison parce que les deux services ne me semblent pas du tout avoir la même fonction : si on prend l’exemple de Flickr Commons, on voit bien que les institutions participantes ne déportent pas la totalité de leurs collections sur Flickr, mais seulement une partie ; elles utilisent Flickr dans un but précis, de valorisation par exemple, ou de communication, voir d’interactions avec le public, bref, comme un canal supplémentaire mais ni comme une archive, ni comme une source principale de diffusion de leurs images. Il me semble que MediHal répond davantage à cette fonction pour les équipes de recherche : c’est un dépôt, avec des garanties en terme de pérennité, qui sera ensuite utilisé par des signalements, des citations (pérennes !) et des valorisations qui se feront ailleurs.

  3. Piottr, ne fait pas semblant de ne pas comprendre. Bien sûr que la comparaison avec Flickr est une comparaison avec un outil par défaut, puisqu’il n’existait jusqu’à présent aucun service institutionnel français. Tes remarques témoignent d’ailleurs d’une belle indifférence face au sort de chercheurs en études visuelles. Que fallait-il donc que je fasse dans l’intervalle, selon toi? Ne pas recourir à un service commercial américain? Me tourner les pouces et attendre sagement la solution clé en mains du CNRS ou de l’EHESS?

    Je fais donc les comparaisons que je peux, et ce que je reproche précisément aux concepteurs de MédiHal, c’est de n’en avoir fait aucune. De faire comme si rien n’existait avant eux, de ne tenir aucun compte des expériences existantes, qu’ils n’ont pas l’air de connaître. Triste autisme du village gaulois. Je viens de tester ce week-end la merveilleuse application bibliographique Mendeley, américaine elle aussi. Franchement, quand des Français seront capables de produire un environnement de ce niveau, je serai le premier à m’en réjouir. Souple, puissant, intelligent, pratique, à jour, bien pensé, totalement connecté. Quand tu démarres sur Mendeley, il commence par te demander si tu veux importer tes bibliothèques EndNote et Zotero. Voilà ce que j’aurais voulu apercevoir dans MédiHal: voulez-vous importer votre photothèque Flickr ou Picasa? Honnêtement, qu’est-ce que tu me conseilles: d’importer à la main et de retaguer une à une mes 3000 photos sur MédiHal, pour la gloire de l’institution scientifique française? J’attends que tu viennes me donner un coup de main.

    Quant à la perénnité, c’est probablement le plus mauvais argument dans les circonstances politiques et institutionnelles présentes. Je n’ai pas à te rappeler le fiasco du CENS, le Centre d’édition numérique scientifique du CNRS, abandonné en 2006 avec armes et bagages après l’échec constaté de toutes les missions et entreprises qui lui avaient été attribuées. Foin de verre à moitié plein, la vérité, c’est que la situation institutionnelle française en matière de TIC est désastreuse, et ce n’est pas en se gargarisant du label d’humanités digitales qu’on y changera quelque chose. La vérité, c’est que le CNRS, qui aurait dû être à l’avant-garde de cette bataille, a fait depuis longtemps de si mauvais choix que je me retrouve à devoir payer 25 dollars par an pour bénéficier d’une solution pour mettre en ligne les images, et toi à défendre un TRE (Très Riquiqui Equipement) indigne de la science qui se fait.

    Ne renverse pas les choses en me faisant les gros yeux. Ce n’est pas moi qui suis responsable de la situation actuelle. Moi, je fais mon possible pour l’améliorer, avec des outils à jour, capables de communiquer avec leur environnement. Sur Culture Visuelle (comme sur Hypotheses.org, que tu pilotes), on recourt à WordPress Mu, un très beau CMS américain (propriété de la société commerciale Automattic, dirigée par Toni Schneider, qui était le CEO de Yahoo! au moment de l’acquisition de Flickr), pas du tout soutenu par le CNRS, ni par Adonis… 😉

  4. André,

    d’abord je ne fais pas les gros yeux. Cela ne correspond pas à mon tempérament tu le sais bien et même si cela était, je ne suis pas en position de le faire.

    Je ne comprends pas pourquoi tu t’enfermes dans une position du « ou bien, ou bien ». Ou bien Flickr, ou bien MediHal. Personne ne te fait le reproche d’avoir déposé tes images sur Flickr et personne d’ailleurs ne te demande de fermer ton compte pour y basculer l’ensemble de ta galerie.

    A ce propos, tu regrettes que MediHal ne dispose pas d’un outil d’import massif de Flickr, parmi d’autres défaults. Tu n’es pas sans ignorer j’imagine, que le développement de fonctionnalités sur une plateforme prend du temps et coûte cher. Alors donc, qu’aurais-tu préféré ? Attendre encore des années que tout y soit avant de faire paraître la plateforme au grand jour ? Mais c’est justement l’erreur des développements « à la française » où les projets mettent tellement de temps à aboutir parce qu’on les charge d’un tel souci de perfection et de tellement de fonctionnalités qu’ils deviennent obsolètes avant même de sortir. Moi, je fais plutôt l’éloge des concepteurs de MédiHal qui ont au contraire fait le choix de sortir la plateforme, maintenant, en l’état, dénuée de toutes ces fonctionnalités qu’ils connaissent d’ailleurs parfaitement (ce sont eux-mêmes de gros utilisateurs de Flickr) et qui viendront s’ajouter petit à petit…. si l’initiative a du succès bien sûr.

    Et c’est là que je reviens sur l’importance de ton billet et des positions qui sont prises au moment du démarrage de telles plateformes. Il ne s’agit pas d’attaquer ou de défendre le TGE, le TRE, le CNRS ou je ne sais quelle institution. J’espère que nous sommes d’accord sur le fait que les institutions sont d’une importance relative par rapport aux initiatives, aux projets, aux réalisations et aux créations. Pour ma part, je choisis de défendre MediHal parce que je trouve très positive cette initiative qui consiste à ouvrir une archive ouverte d’images scientifiques qui se trouvent placées, je ne sais pas si tu t’en rends compte, exactement sur le même plan (dans la même base de données, dans la même archive ouverte) que les articles de revues à comité de lecture qui sont déposés dans HAL. Pour moi, c’est, contrairement à ce que tu dis dans ton billet, le signe de l’extrême valeur et importance accordée aux images par les porteurs de cette initiative et c’est très exactement ce qui déclenche mon adhésion de principe. Et si tu étais d’accord avec cette position, cela renverserait tes propos en critique constructive dressant simplement une liste de feature request, plutôt qu’en flingage destructeur. Encore une fois, l’alternative n’est pas MediHal ou Flickr, mais MediHal ou rien (et Flickr à côté). Je ne vois pas comment tu pourras améliorer la situation des Tic dans la recherche française en attaquant de front ce type d’initiative.

    Tu évoques Hypothèses ; je pense que la problématique est exactement la même : lorsqu’Hypothèses est né, pourquoi ne pas l’avoir critiquée pour son manque de fonctionnalités ou de templates ? et c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui ! Sommes-nous, sur le simple plan des fonctionnalités, en mesure de rivaliser avec les grosses sociétés américaines qui proposent les énormes plateformes de blogs au grand public ? Evidemment que non, et je ne pense pas que nous le soyons dans l’avenir. Mais là n’est pas le problème. Ce que nous essayons de faire, c’est bien plutôt de donner de la légitimité et de la valeur aux types d’informations qui sont publiées sur les blogs de SHS en créant un espace éditorial à l’intérieur de la sphère d’information scientifique. C’est pour cela qu’il ne faut pas opposer les deux démarches : investir les outils grands publics, c’est bien ; mais il faut aussi tenter de rapatrier ces nouveaux usages dans l’espace proprement scientifique (avec ses institutions du coup) où, nécessairement, on perd en moyens, en agilité, en fonctionnalités. Pour MédiHal, la problématique est légèrement différente quand même, mais pour moi, elle s’inscrit dans le même type de démarche.

    Pour finir sur WordPress. Là encore la comparaison n’est pas valide : je ne me méfie pas de Flickr parce que c’est américain (tu me connais bien mal André 😉 ) mais parce que c’est un service commercial sur lequel nous avons structurellement moins de prise que les actionnaires (je crois qu’on surestime un peu (moi compris) le pouvoir de « la communauté » dans ces services 2.0). WordPress est un logiciel libre, dont le développement est animé par une communauté « non profit », ce qui change tout. Je te donne un dernier exemple pour finir : sur hypothèses, nous encourageons les carnetiers à insérer des vidéos et des enregistrements audios. La question qui se pose est : où doivent-il déposer ces enregistrements pour les rapatrier ensuite dans leurs billets ? Actuellement, nous avons le choix entre les plateformes commerciales, Youtube, Dailymotion, et une initiative américaine, mais non profit : Internet Archive. Nous leur recommandons clairement de choisir cette dernière plateforme, alors que son interface est de très mauvaise qualité et qu’elle dispose de bien moins de fonctionnalités, simplement parce qu’elle offre de bien meilleures garanties en terme d’interopérabilité, d’ouverture des formats et parce que, structurellement, elle s’inscrit dans une démarche non commerciale. Cela nous semble très important.

  5. Quelque chose est-il mieux que rien? C’est un point difficile à contester. Faut-il pour autant adouber sans critique toute initiative au prétexte qu’elle émane de l’institution? Il serait dangereux de le croire. On est d’accord sur la valeur des initiatives, d’accord aussi, bien sûr, sur celle l’interopérabilité. Le point que je veux souligner est l’écart entre la proposition et les attentes. Peut-être pourrait-on admettre de prendre en compte ma réaction, qui n’est pas une tribune dans les colonnes du Monde, mais l’opinion d’un chercheur désappointé sur son blog. A en juger par le nombre d’images téléchargées sur la plate-forme en dix jours, je ne suis pas le seul à ressentir les choses ainsi.

    Flickr, n’est pas, comme tu veux me le faire dire, l’alpha et l’omega de l’archive, mais juste un point qui permet de mesurer cet écart. Ouvrir en 2010 une plate-forme qui fait moins bien que ce que proposait Flickr en 2004 peut difficilement susciter l’enthousiasme. Car il y a bien des choses que je demanderais à une archive que Flickr ne fait pas, comme de pouvoir aussi y stocker du son (ce que permet par exemple Ipernity, le clone français de Flickr), mais aussi des powerpoints ou des pdf (que je mets aujourd’hui sur Slideshare et sur Issu). Par rapport à tous ces besoins pour lesquels nous n’avons aujourd’hui pas de réponse de l’institution, nous sommes bien obligés de recourir à des solutions faute de mieux. Commencer par faire moins bien que l’existant ne me paraît pas une façon très constructive d’aborder le problème – voir des images fixes en 320 pixels alors qu’on attend du streaming ou du powerpoint en plein écran est un peu décourageant…

    Sur le fond, tu tiens beaucoup aux catégories officielles de l’institution (« rapatrier ces nouveaux usages dans l’espace proprement scientifique »). Mais ce qui est à l’oeuvre depuis maintenant plusieurs années, précisément à cause de l’incapacité de l’institution à s’adapter suffisamment vite à nos besoins, est un déplacement des contours de la science, de sa légitimité et de ses pratiques. L’intégration progressive de Google Scholar, puis de Google Books, aux instruments bibliométriques officiels en est un bon exemple. Etant moi-même situé à la périphérie des disciplines académiques, je ressens très fortement ces mouvements: il faut bien comprendre qu’un chercheur dont l’AERES est incapable d’évaluer l’activité, faute d’outils adaptés, n’a pour seule alternative que de voir frappé d’illégitimité son propre travail ou bien l’instance évaluatrice. Compte tenu d’un certains nombres d’évolutions rapides, d’une part, et de fortes résistances, de l’autre, il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour me faire dire que la vraie science a lieu aujourd’hui plus sur ses marges qu’en son centre. J’ai en tout cas cessé d’attendre les blancs-seings de l’Alma Mater pour faire mon travail. Chercher est pour moi plus important qu’attendre de savoir dans quelle case l’institution mettra le savoir que je fabrique. Tu connais la phrase: « Nous ne sommes pas les employés de l’université, nous sommes l’université ». En d’autres termes, « l’espace proprement scientifique », c’est moi qui le construit. C’est à la mesure de s’adapter à mon travail, pas le contraire.

  6. Bonjour,

    Sans vouloir entrer dans la polémique, je voudrais apporter quelques réflexions sur le sujet.

    D’abord sur la nécessité de disposer d’une archive d’images qui ne dépende pas des désidératas d’une société privée. Je partage l’avis de Piotrr. La récente mésaventure de Flickr Commons, plus ou moins marginalisé depuis que sa fondatrice a été remerciée par un Yahoo! en quête d’économies devrait nous éclairer.

    Maintenant, pour qu’une telle archive publique puisse rencontrer le succès, il faut qu’elle propose autre chose que Flickr.

    D’abord l’aspect « scientifique » des descriptions d’images (métadonnées, liens vers des outils de référencement externes – mode « linked data »). Ce n’est pas seulement les tags, mais bien la recherche de pérennité et d’évolutivité de l’indexation qu’il faut viser. Et le choix d’une indexation adaptée au public concerné (de quoi les chercheurs ont-ils besoin en matière d’images ?)

    Nous allons tenir un séminaire sur cette question à l’Université de Caen, justement avec André Gunthert en mai prochain.

    Ensuite, l’aspect de ré-utilisation des images. La « valorisation » du patrimoine culturel et scientifique doit se mesurer à la façon dont il est repris et rediffusé par les internautes. C’est par exemple le fondement du rapport sur ce sujet écrit à destination du Ministère de la Culture (et vraiment trop peu diffusé… ou mis sous le boisseau? On ne le trouve que sur le site de Bernard Lang)

    Enfin, l’intégration du multilinguisme. Les images sont directement accessibles par tous… mais les contextes, qui sont essentiels pour comprendre les images, et pas seulement se laisser émouvoir, notamment quand il s’agit d’images scientifiques, méritent l’apport multilingue pour l’indexation et la description.

    Rassurez-vous, ADONIS n’a pas qu’un seul fer au feu, et à côté de MédiHal, un autre projet a été confié à l’Université de Caen, et nous espérons bien pouvoir en démontrer les premières ébauches dans quelques semaines. Un projet basé sur les trois principes ci-dessus… qui sont plus difficiles à mettre en oeuvre que Flickr, mais qui, je partage l’avis d’André, devra avoir une interface au moins aussi facile d’usage que Flickr. Ce qui est un véritable challenge, tant Flickr fait partie des sites les plus réussis de la planète web.

    Hervé Le Crosnier

  7. Pour apporter de l’eau au moulin de cette intéressante discussion : l’équipe du CN2SV a toujours proposé des applications reposant sur des standards et avec des métadonnées riches, ce qui n’est pas négligeable à l’heure de Web sémantique , dans un but d’interopérabilité et de pérennité, pas négligeable non plus. Ils pratiquent une veille intensive sur standards et outils nouveaux.

    Il y a un objectif de mutualisation des sources de le recherche française dans le cadre « libre accès », forcément intéressant aujourd’hui, une volonté et une habitude de travailler avec les partenaires recherche. Voir les fonds mis en ligne par le CN2SV (mais selon les cas,dans ce cadre tout n’est pas libre de droits)

    L’environnement est différent avec les grosses applications commerciales réalisées dans un autre but….

    Après un lancement un peu brut, ils savent enrichir progressivement une ‘interface, et le CCSD pour HAL également. Par exemple, la possibilité d’import en masse est prévue (question posée par moi la semaine dernière)

    Bref, moi j’y crois, et je les félicite de cette initiative intéressante.

  8. @Hervé: Je ne pense pas que l’on puisse dire que Flickr Commons soit marginalisé. Les nouveaux chargements de la part des institutions, les commentaires toujours actifs des utilisateurs, l’activité des outils d’animations (groupe et indicommons), et enfin les réactions des institutions qui piaffent d’impatience à la porte, montrent le contraire. Je suis bien d’accord sur l’importance de la méthodologie et l’observation des standards concernant la description des images et le multilinguisme. Et après tout, si l’on est suffisamment précautionneux, on ne va justement pas confier ses métadonnées à Flickr, mais on prendra soin de les coder selon les règles de l’art. Si l’on a bien en tête qu’une plate-forme de partage n’est pas une fin en soi mais un outil, cela permet le cas échéant de quitter celle-ci pour une autre plus performante sans perte de données et sans état d’âme. C’est toujours ce que j’ai défendu pour mon projet PhotosNormandie.
    Sur Medihal, l’important n’est peut-être pas les fonctionnalités de la plate-forme, mais son estampille CNRS qui permettra (dans le bon cas) de sortir des placards une partie des millions d’images qui doivent exister dans les labos – et qui n’auraient jamais pris le chemin de Flickr ou d’autres sites commerciaux.

  9. Il me semble qu’il ne faut pas taper sur les gens qui essaient de faire avancer le dossier du numérique au sein d’institutions qui ont été pensée dans un autre paradigme, et qui bougent lentement. Par contre, il est pertinent de comprendre la démarche fondamentale de MediHAL. Il s’agit, avant tout, de conservation de longue durée. L’outil n’entre donc pas en concurrence avec FlickR. Concernant FlickR, j’en suis le premier partisan et je l’utilise comme André. Mais je déposerai 3000 photos issues de ma thèse sur MediHAL, dans une optique patrimoniale et scientifique. Ce, d’autant plus que je n’ai pas les droits de diffusion publique pour une partie importante de ces photographies, et que je souhaite les mettre à disposition de la communauté scientifique, pour l’avenir. Je ne rendrai donc pas publiques une partie très significative de ces photographies de famille collectées à la fin du siècle dernier, qui couvrent la période 1930-1950. Mais je crois qu’il faut aller rencontrer les modestes ingénieurs qui, très peu nombreux, essaient de faire avancer le numérique au sein du monde de la recherche. Et travailler avec eux.

  10. disclaimer : c’est un peu velu mais la trentaine arrivée je m’aigris et prend des poils depuis 4 ans au pays halluciné de la recherche (publique)…

    « aller rencontrer les modestes ingénieurs qui, très peu nombreux, essaient de faire avancer le numérique au sein du monde de la recherche. Et travailler avec eux. » [#314]

    >>allez RECRUTER les brillants ingénieurs qui, plus nombreux, feront avancer le numérique au sein du « monde de la recherche » (?). Et LAISSEZ-LES travailler : vous nous éviterez en plus la lecture du cinquantième rapport (mais combien coûtent ces études yaka yfodré) sur le retard du numérique dans le merveilleux « monde de la recherche ».
    [Marre aussi de ces –incompétents– responsables qui ne savent pas écrire une API pour flickr (1 mois pour le projet, dont 1 semaine de dev ?) et qui disent c’est cher, compliqué et tout : la culture informatique se répand (grâce aux logiciels libres notamment) et ça ne prendra plus, le roi (du SI) est nu.

    si vous pouviez penser AUSSI aux usages PUBLICS de la recherche PUBLIQUE, vous ne parleriez plus de « monde de la recherche » (peuplé d’elfes et de lutins ?) mais de société démocratique.

    sinon cékoi ton faktor H ?

  11. Flickr/Medhial le débat n’est pas celui-l, il est plutôt dans la question du dépôt des productions des chercheurs – si Flickr se battait pour le libre-accès ça se saurait -. Hal n’a pas été accepté tout de suite par la communauté SHS pour finalement se transformer en un véritable disposif pour le référencement et l’identité numérique des chercheurs. Maintenant, la grogne recommence avec les images… quand l’autoarchivage fonctionnera, Medihal trouvera sa place. Et j’espère bien que dans une prochaine version, le dépôt des enregistrements sonores sera aussi possible…

  12. L’initiative est bonne et mérite d’être critiquée sans complaisance. Merci André pour cette revue critique.

    Etant développeur de services intranet, j’irai plus loin dans la critique.

    MediaHal est un système de gestion d’images avant d’être un service web.
    Il gère des images alors qu’il faut gérer des utilisateurs publiant des images.

    Pour imager le propos : ils ont pensé à la pelle en oubliant le manche et celui qui le manie. On a une grosse pelle avec un petit manche.

    => Le symptôme le plus révélateur est la page utilisateur, ou plutôt l’absence de page utilisateur.
    Une page utilisateur est une entrée d’un service web. Sa vocation est de répondre à la question : « voilà comment je me sers du service web ».
    Ici, on a accès à des informations concernant l’utilisateur [adresse mail, labo (non lié) et lien vers sa liste d’images] (exemple:
    http://medihal.archives-ouvertes.fr/action/user_view.php?uid=shadia.kilouchi ) mais il n’y a pas à proprement parler de page utilisateur.

    Il y a des pages d’auteur (ex http://medihal.archives-ouvertes.fr/aut/Rignault/ ). On y trouve une liste d’images (pas de liste des groupes d’images) mais aucune interaction n’est possible ni avec l’auteur (pas de lien vers d’éventuels travaux sur hal) ni avec les contributeurs qui ont publié ses images.

    => Autre symptôme, ils ont oublié de recevoir les utilisateurs : un support fermé (privé) mais pas de feedback (pour Andre qui souhaite plus de fonctionnalités) et aucune communication sur le développement du service.

  13. cet « oubli » des utilisateurs est aussi un symptôme de quelque chose de plus large (et de plus grave) dans l’ensemble des « services publics » : la peur du public, l’usager vu comme un ennemi (voire un étranger analphabête dans la version polie).
    Le public, c’est moche, ça pue et c’est libre (donc dangereux), beaucoup moins glamour qu’un beau dashboard avec des beaux batons, des courbes sensuelles et des croix proprement alignées qui ne râlent pas…

    ils ont peur de la liberté

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