Modes visuelles et transition médiatique

Une vidéo parodique publiée sur le site CollegeHumor détourne une chanson de Nickelback pour se moquer des dernières modes de la photographie conversationnelle (via Rémi Douine). Photos de repas, de pieds, de chats, d’ailes d’avions, filtres Instagram, etc…: le clip propose une liste détaillée de motifs dont nous avons tous aperçu ou produit l’un ou l’autre exemplaire au fil d’une timeline.

Comme pour la photo de tourisme, l’angle qui consiste à souligner le caractère stéréotypé de ces images passe à côté de l’essentiel. Lorsqu’il examinait les caractéristiques de la photographie privée du début du XXe siècle, Marin Dacos notait qu’une bonne partie des photos d’album reproduisait les modèles de la photographie de studio ou des publicités publiées dans la presse [1] Cf. Marin Dacos, « Regards sur l’élégance au village« , Études photographiques, n° 16, mai 2005..

Au contraire, ce qui saute aux yeux dans la série de motifs mis en exergue par le clip, c’est leur origine vernaculaire. Lieux d’exposition de la photographie privée, les réseaux sociaux se comportent en diffuseurs et en amplificateurs de modes autonomes, qui ne doivent leur viralité qu’à leur prosécogénie et leur appropriabilité.

En démontrant leur caractère identifiable, la parodie gratifie ces modes visuelles d’un brevet de reconnaissance. Après les mèmes et la satire des images officielles, la production et la propagation autonome de ces motifs est un signe révélateur de la vitesse de la transition qui voit les réseaux sociaux prendre la place des médias traditionnels en tant que prescripteurs culturels.

Notes

Notes
1 Cf. Marin Dacos, « Regards sur l’élégance au village« , Études photographiques, n° 16, mai 2005.

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