À la fin des années 1980, Bill Gates, cofondateur de Microsoft, pressent que le marché des images sera l’un des secteurs porteurs de la nouvelle économie numérique. À l’origine de la création de la société Interactive Home Systems, renommée Corbis en 1995, son pari n’est pas sans rappeler la vision futuriste que Paul Valéry exprimait dès 1928: «Comme l’eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d’images visuelles ou auditives, naissant et s’évanouissant au moindre geste, presque à un signe.»
Mais Bill Gates s’est trompé sur un point. Son scénario reposait sur la conception d’une agence susceptible de commercialiser les reproductions de fonds institutionnels existants. L’image n’était-elle pas ce produit haut de gamme fabriqué par des professionnels, protégé par les dispositions du copyright, confié à des circuits de distribution spécialisés pour une consommation soigneusement contrôlée ? Or, depuis l’avènement des plates-formes visuelles, Flickr et YouTube en tête, la part la plus vivante de l’économie des images repose sur l’autoproduction, la diffusion et la consultation directe par les usagers eux-mêmes des contenus multimédia. Encore imprévisible il y a une dizaine d’années, ce basculement d’une économie de la distribution contrôlée vers une autogestion de l’abondance est en train de modifier en profondeur notre rapport à l’image…
Lire la suite sur Etudes photographiques, n° 24, novembre 2009.
Télécharger la version pdf.