Comme on pouvait s’y attendre, malgré la fronde anti-Fioraso, manifestée par une pétition qui a réuni plus de 8000 signatures en quelques jours, l’ex-ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, chaudement soutenue par le président de la République, réintègre le gouvernement au titre de secrétaire d’Etat. Comme son prédécesseur, François Hollande aura répondu aux universitaires par le mépris, et démenti dès le lendemain la déclaration de politique générale de son premier ministre, pour qui « la confiance est la clef de tout« .
Selon un avertissement récent du conseil scientifique du CNRS, «contrairement à ce qu’ont affirmé les gouvernements précédent et actuel, le financement de la recherche en France ne cesse de baisser», générant logiquement «une crise de la vocation scientifique des nouvelles générations». Renforcées par la loi ESR du 22 juillet 2013, la systématisation de la pénurie méthodiquement organisée par la LRU de Valérie Pécresse poursuit son travail de sape du terrain académique. A ceux qui se demandent si la France est ou non entrée en déclin, la reconduction de Fioraso contre tous les avis exprimés fournit une indication précise. L’abandon programmé de la recherche, aiguillon de l’économie, est bien une capitulation, un choix qui trahit l’avenir, et l’aveu d’une politique qui se borne à tenter de préserver les apparences – un exercice de plus en plus acrobatique au-delà de la garde rapprochée du locataire de l’Elysée.