Les Editions des Archives Contemporaines annoncent la parution de « Pour une anthropologie filmée des interactions sociales« , par Christian Lallier (préface de Jean-Paul Colleyn), 252 p.
« L’anthropologie filmée des interactions sociales vise à rendre compte des situations de négociation ou de coopération, des lieux de transactions et des périodes de transition, par la mise en récit du travail des relations sociales entre les acteurs. Une telle pratique repose sur ce qui se joue dans le rapport à la caméra.
Filmer l’autre constitue, en soi, une relation sociale. Autrement dit, l’observation filmée des interactions sociales repose sur une compétence de sociabilité entre filmant et filmés. Dans cette perspective, les conditions de l’ethnographie filmée peuvent s’interpréter selon le cadre théorique d’Erving Goffman. Dès lors, on comprend l’opération symbolique par laquelle la caméra se fait oublier, lorsque le cadre de la caméra parvient à traduire le « cadre de l’expérience » qui soutient la situation sociale filmée…
Filmant et filmés sont engagés dans un rapport singulier où tout se passe comme si la caméra n’existait pas. Cette dénégation repose paradoxalement sur la mise en représentation du dispositif technique, attribuant à l’observateur-filmant une place spécifique dans la production des échanges entre filmés. C’est en cela que nous pouvons dire que savoir filmer c’est savoir être là: au sens où filmer c’est se situer dans un « espace potentiel » de perception, selon le terme de Donald W. Winnicott. Mais, cette disposition ne va pas de soi lorsque la circonstance observée n’est pas vécue pour être représentée. Comment se maintenir dans un rapport de face-à-face avec ceux que l’on filme, sans pour autant transformer leur situation en un lieu de voyeurisme ou de contrôle? ».