Ne parlons plus des amateurs

J’ai participé récemment à deux manifestations consacrées à la figure de l’amateur, dans les domaines du graphisme et de la photographie [1] Rencontres de Lure, « Avis aux amateurs!« , août 2013; journée d’études « Figures de l’amateur« , musée des Abattoirs, Toulouse, septembre 2013.. Réveillé par les pratiques numériques, ce personnage alimente une interrogation paradoxale, où il est simultanément identifié comme la source d’un renouveau esthétique et culturel, et suspecté de mettre en danger les autorités, les hiérarchies ou les pratiques professionnelles.

Exposition "From Here On", Arles, juillet 2011 (mauvais réglage de l'appareil, photo AG).

Le premier réflexe de ceux qui essaient de comprendre la place qu’occupe aujourd’hui cette figure est d’ouvrir le dictionnaire. Ils y trouvent deux définitions contradictoires, l’une issue de l’étymologie, qui décrit l’amateur comme « celui qui aime », l’autre comme antonyme de professionnel, aux connotations négatives de dilettantisme et d’incompétence.

Ce que le dictionnaire n’explique pas, c’est comment deux significations aussi différentes peuvent être attachées à un même terme. Il faut alors interroger l’histoire de la notion. Son usage se répand en France à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle, avec les expressions d’amateur d’art, de musique, de littérature ou de sciences, indiquant le développement d’une érudition spécialisée liée à des activités de loisir et de connaissance. L’emploi du mot « amateur » est typiquement associé à l’essor des sociétés savantes, qui favorisent une sociabilité de la culture et participent activement aux progrès du savoir [2]Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1987; Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition. Les sociétés savantes en … Continue reading.

Cette acception très positive est importée en Angleterre vers la fin du XVIIIe siècle, pour s’appliquer plus particulièrement aux pratiques sportives. C’est ce contexte qui explique la spécialisation du terme dans son opposition à l’exercice professionnel. Dans un univers aristocratique qui veut préserver ses privilèges, « amateur », synonyme de gentleman, est utilisé comme un opérateur de distinction pour se protéger de l’expansion de la pratique sportive au sein des classes populaires [3] Derek Birley, A Social History of English Cricket, Londres, Aurum, 1999.. Si l’amateur « à la française » est un érudit spécialiste d’un domaine, l’amateur « à l’anglaise » se caractérise par la pratique d’une activité, dans un paysage où existe une concurrence professionnelle (les emplois issus de cette lignée sont identifiables par l’usage adjectival – »boxeur amateur », et non « amateur de boxe » –, ou par le dérivé « amateurisme »).

La dévalorisation du terme « amateur » au cours du XIXe siècle est le miroir de l’essor du capitalisme et d’une lente inversion de la perception des statuts de classe. Alors que l’exercice d’une profession n’était autrefois corrélé qu’à la nécessité matérielle, la division du travail transforme progressivement le professionnel en spécialiste. L’institutionnalisation des sciences au cours de la période fournit une illustration exacte de la diversification et de la spécialisation de savoirs jugés soudainement utiles [4] Nicole et Jean Dhombres, Naissance d’un nouveau pouvoir. Sciences et savants en France, 1793-1824, Paris, Payot, 1989..

Souvent associé au personnage de l’amateur de sciences, le roman inachevé de Flaubert Bouvard et Pécuchet (1881) ne mobilise en réalité jamais cette expression, et ne décrit nullement l’érudit de province qui l’incarne à cette époque. Les deux modestes employés qui tentent maladroitement d’ingurgiter toutes les connaissances témoignent en revanche de l’incroyable développement de la science académique, désormais inaccessible au quidam [5] Claudine Cohen, « Bouvard et Pécuchet réécrivent les sciences« , Alliage, n° 37-38, 1998..

Ce qu’enregistre l’histoire du mot « amateur » est le processus d’une inversion de légitimité. Alors qu’il était au XVIIIe siècle le signe de distinction d’une élite, le terme finit par renvoyer à la foule des anonymes, dépossédés par la spécialisation des savoirs. Au début du XXe siècle, le discrédit de la notion se manifeste par sa relégation au profit d’un nouveau vocabulaire, comme « discophilie » ou « cinéphilie », pour désigner l’attachement à une pratique spécialisée [6]Sophie Maisonneuve, L’Invention du disque, 1877-1949, Paris, Editions des archives contemporaines, 2009; Christophe Gauthier, La Passion du cinéma. Cinéphiles, ciné-clubs et salles … Continue reading.

De manière typique, les rares domaines qui préservent au XXe siècle un emploi positif du mot « amateur », comme la photographie ou la radio, sont caractérisés par la légitimité relative d’une pratique non spécialisée, celle précisément offerte par une technologie accessible au plus grand nombre. Dans ces domaines, on peut observer la pérennité d’un conflit entre l’acception positive revendiquée par les non-professionnels, et celle, devenue négative, que mobilisent les spécialistes rémunérés (voir mon billet « La faute aux amateurs« ).

Dans sa version moderne, l’antithèse amateur/professionnel n’oppose donc pas, comme on le croit généralement, l’incompétence à l’expertise (dans une conversation à ce sujet, on finit toujours par convenir qu’il existe des amateurs experts et des professionnels incompétents). Il s’agit plutôt d’un outil rhétorique, qui manifeste l’existence d’un conflit de légitimité. Comme la « querelle des Anciens et des Modernes« , il permet d’orienter le débat en désignant d’avance les vaincus.

Dans ces conditions, il n’est guère étonnant de constater que les militants de la participation numérique, comme Dan Gilmor ou Tim O’Reilly, dans leurs plaidoyers du début des années 2000 [7]Dan Gillmor, We The Media. Grassroots Journalism by the People, for the People, O’Reilly Media, 2004; Tim O’Reilly, « What Is Web 2.0. Design Patterns and Business Models for the Next … Continue reading, ne recourent pas à l’épithète d' »amateur » pour qualifier les nouveaux acteurs « citoyens ». Celle-ci apparaît en revanche dans les articles qui stigmatisent l’encyclopédie collaborative Wikipedia [8] Larry Sanger, « Why Wikipedia Must Jettison Its Anti-Elitism« , Kuro5hin, 31 décembre 2004., et figure pour la première fois en titre d’ouvrage dans le pamphlet d’Andrew Keen: The Cult of the Amateur. How Today’s Internet is Killing our Culture [9] Andrew Keen, The Cult of the Amateur. How Today’s Internet is Killing our Culture, New York, Doubleday/Currency, 2007. Des tentatives peu concluantes pour articuler amateurisme et … Continue reading (2007), qui accuse les contributeurs bénévoles de liquider les industries culturelles.

Exposition "From Here On", Arles, juillet 2011 (photo AG).

Imposée par les adversaires de la culture du partage, la présence du terme s’accompagne depuis peu de diverses formes de réappropriation positives, ainsi qu’en témoignent les manifestations auxquelles j’ai été invité. De même que la reprise par les peintres du vocable d' »impressionnisme » (utilisé par le critique Louis Leroy pour railler Monet) a transformé un sarcasme en étendard, l’amateurisme se métamorphose en emblème des nouvelles pratiques numériques [10] Patrice Flichy, Le Sacre de l’amateur. Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, Paris, Seuil, 2010..

Dans le domaine de l’art contemporain, la mise à l’honneur des contenus vernaculaires est à la mode, sous réserve de décontextualisation et de réhabilitation par la curation bienveillante de l’artiste. L’exposition « From Here On » a déployé en 2011 au festival d’Arles la palette de ce nouveau primitivisme qui, comme les cubistes avec l’art nègre, capte les charmes surprenants de l’expression spontanée de la multitude. Un film comme YouTube Trilogy (2011, 46′) du cinéaste expérimental James Benning, composé de séquences « trouvées » sur la plate-forme, permet de faire partager à ceux qui n’ont pas l’habitude de s’aventurer en ligne le frisson du vulgaire et le kitsch si particulier des vidéos personnelles.

Le terme « amateur » convient-il pour désigner cette échappée postmoderne hors des systèmes imposés? On peut en douter. Si la médiation artistique confirme l’existence d’un problème de légitimité de la production vernaculaire, c’est une illusion de croire que celle-ci nous livre un « esprit des foules » innocent et spontané. D’une part parce que la vision primitiviste ne repose que sur une information volontairement appauvrie, anonymisée et decontextualisée (voir mon billet « Il n’y a pas d’image innocente« ). Mais aussi parce que, comme l’ont confirmé toutes les études consacrées aux pratiques en ligne, l’usage actif des outils numériques est toujours le fait d’une minorité, animée par des intérêts particuliers – politiques, associatifs, militants, personnels [11]L’analyse de la plate-forme collaborative Flickr menée en 2006 a été l’une des premières à montrer que seulement «19% des utilisateurs publient des photos publiques et … Continue reading. Plutôt que d’amateurs au sens d’une foule anonyme, il serait plus judicieux de parler d’un web des acteurs.

Au-delà d’un problème de définition, la question de la multitude renvoie immanquablement aux préjugés et aux biais de l’observateur. Comme l’ont bien montré les réactions au succès de la page Facebook de soutien au bijoutier de Nice, les mêmes processus viraux qui avaient fait apprécier positivement  des mouvements à caractère révolutionnaire comme Occupy Wall Street ou le printemps arabe, ont été dans ce cas analysés comme l’émergence d’un « internet des masses« , un « phénomène inquiétant » voire  une « instrumentalisation des réseaux sociaux« … Il se pourrait bien que la notion d’amateur ne soit en définitive que le miroir où se reflète un regard paresseux et distant.

Exposition "From Here On", Arles, juillet 2011 (photo AG).

Ce texte est issu des présentations effectuées dans le cadre du séminaire d’Antonio Casilli, « Étudier les cultures du numérique: approches théoriques et empiriques » (EHESS, mars 2013); aux Rencontres de Lure, « Avis aux amateurs! » (Lurs, août 2013); et à la journée d’études « Figures de l’amateur » (musée des Abattoirs, Toulouse, septembre 2013).

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Notes

Notes
1 Rencontres de Lure, « Avis aux amateurs!« , août 2013; journée d’études « Figures de l’amateur« , musée des Abattoirs, Toulouse, septembre 2013.
2 Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1987; Jean-Pierre Chaline, Sociabilité et érudition. Les sociétés savantes en France, Paris, CTHS, 1998.
3 Derek Birley, A Social History of English Cricket, Londres, Aurum, 1999.
4 Nicole et Jean Dhombres, Naissance d’un nouveau pouvoir. Sciences et savants en France, 1793-1824, Paris, Payot, 1989.
5 Claudine Cohen, « Bouvard et Pécuchet réécrivent les sciences« , Alliage, n° 37-38, 1998.
6 Sophie Maisonneuve, L’Invention du disque, 1877-1949, Paris, Editions des archives contemporaines, 2009; Christophe Gauthier, La Passion du cinéma. Cinéphiles, ciné-clubs et salles spécialisées à Paris, 1920-1929, Paris, AFRHC/Ecole des Chartes, 1999.
7 Dan Gillmor, We The Media. Grassroots Journalism by the People, for the People, O’Reilly Media, 2004; Tim O’Reilly, « What Is Web 2.0. Design Patterns and Business Models for the Next Generation of Software« , O’Reilly Network, 30 septembre 2005.
8 Larry Sanger, « Why Wikipedia Must Jettison Its Anti-Elitism« , Kuro5hin, 31 décembre 2004.
9  Andrew Keen, The Cult of the Amateur. How Today’s Internet is Killing our Culture, New York, Doubleday/Currency, 2007. Des tentatives peu concluantes pour articuler amateurisme et professionnalisme n’ont pas été poursuivies, cf. Charles Leadbeater, Paul Miller, The Pro-Am Revolution. How Enthusiasts are Changing our Economy and Society, Londres, Demos, 2004.
10 Patrice Flichy, Le Sacre de l’amateur. Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, Paris, Seuil, 2010.
11 L’analyse de la plate-forme collaborative Flickr menée en 2006 a été l’une des premières à montrer que seulement «19% des utilisateurs publient des photos publiques et utilisent les fonctionnalités coopératives du site», Jean-Samuel Beuscart, Dominique Cardon, Nicolas Pissard et Christophe Prieur, “Pourquoi partager mes photos de vacances avec des inconnus ? Les usages de Flickr”, Réseaux, n° 154, 2009.

14 réflexions au sujet de « Ne parlons plus des amateurs »

  1. L’historique de la définition contradictoire de l’amateur que tu dresses André rejoint la distinction qu’opère Christopher Lasch dans « Culture de masse ou culture populaire ? » et le tournant de la naissance du capitalisme.

    Le terme d’amateur d’ailleurs semble toujours avoir une double signification, même aujourd’hui encore, si l’on en croit Olivier Donnat – http://www.internetactu.net/2011/03/30/le-role-des-amateurs-12-quest-ce-quun-amateur/ – ou l’excellent « Passions ordinaires » de Christian Bromberger : l’amateur désigne à la fois celui qui s’engage totalement dans une activité, dont le but est de professionnaliser sa passion ou d’organiser sa vie sociale autour de l’objet de sa passion et le modèle de l’engagement intime où l’activité demeure bien souvent coupée de la vie sociale. L’amateur ne semble pas échapper à cette double figure qui dépend beaucoup du regard qu’on lui porte, aux préjugés de l’observateur…

  2. Bonjour André, merci pour cette mise en perspective dépassionnée. 🙂

    Comment expliquerais-tu qu’il y a des activités que l’on peut pratiquer « en amateur », mais où le qualificatif « amateur » est toujours dépréciateur, contrairement au sport où à la photographie par exemple?

    Je pense à la figure de l’historien local par exemple qui ne dira jamais me semble-t-il « je suis un historien amateur », mais « je pratique l’histoire en amateur »? On est amateur de philosophie, mais je ne pense pas que l’on dise souvent « je suis un philosophe amateur ». Et dans les activités manuelles on sera bricoleur mais pas maçon amateur. De même, il me semble que si l’on peut pratiquer l’ébénisterie en amateur, il est rare que l’on se définisse comme un ébéniste amateur.

  3. @ Hubert Guillaud: Tout à fait! Comme j’essaie de l’expliquer ci-dessus, « amateur » n’a pas une sigification stable, mais est le miroir d’un contexte et d’un regard. L’approche de Lasch de la culture populaire est un bon exemple des mêmes contradictions, caractéristiques du regard sur les domaines « vulgaires » (vulgus = multitude).

    @ Thierry Dehesdin: Le côté dépréciateur dépend me semble-t-il fortement du contexte, pour les historiens comme pour les photographes. Il existe par exemple des sociétés d’histoire locale, au sein desquelles on peut exercer son érudition en toute quiétude… Sur le plan historique, l’existence d’une pratique amateur reconnue (musique, histoire, astronomie, photographie, radio…) peut s’expliquer par un démarrage antérieur à la spécialisation professionnelle.

  4. Bonjour
    on pourrait rappeler sur ce sujet la demi-journée d’étude (après-midi) à MP13 sur les échelles de légitimité en matière culturelle, vendredi 27 sept. 2013 aux Archives départementales à Marseille
    http://mp2013publicspratiques.wordpress.com/journees-detude/demi-journee-n6/
    avec Jean-Louis Fabiani de l’EHESS par ex

    J’avais une autre actu, et ne savais où la mettre, il y a une procédure ? C’était au sujet de la présence de Claire Bishop (CUNY) pour un mois sur le blog du Fotomuseum de Winterthur (Canton de Zürich) qui est quand même pas mal… http://blog.fotomuseum.ch/

  5. Très intéressant! pour moi la notion de Bien Communs permet de sortir d’une vision désincarnée des amateurs pour insister sur le fait que c’est de communautés d’intérêt dont on parle. On sort ainsi du primitivisme par l’objectif de favoriser les apprentissages en réseaux autour de ressources gérées « en biens communs ». C’est pour moi ce qui justifie une action militante, orientée non pas vers la défense des biens communs, mais sur la défense des conditions de possibilités de l’émergence et du développement des biens communs. C’est le positionnement que nous avons choisi pour SavoirsCom1 : http://www.savoirscom1.info/manifeste-savoirscom1/ Ainsi le grand récit est moins celui de la défense d’un web des amateurs en général (au sens de celui qui aime), mais des conditions dans lesquelles un web des acteurs peut exister.

  6. @Silvae: Oui, tout à fait d’accord! Ce billet est principalement un point notionnel et historique. Un autre est en préparation pour tenter de mieux décrire le « contenu » du web des acteurs…

  7. Et si les différences de dénominations venaient d’un mouvement intérieur/extérieur ?
    L’amateur (éclairé, parfois) se définit lui-même ainsi ; il se déclare amateur (comme celui qui aime) et apprécie, voire cherche à comprendre une pratique par l’expérience ;
    l’amateur (amateuriste) est défini comme tel par un groupe qui se considère, lui, du côté des auteurs : auteur lui-même ou défenseur de l’autorité de l’auteur ; un peu comme le kitsch, qui est une dénomination extérieure et condescendante.

    D’où l’intérêt, dans cette question, d’artistes comme Jim Shaw qui rachète et intègre dans son travail des œuvres d’amateurs achetées lors des brocantes (Thrift Store Paintings) et pousse le vice jusqu’à fabriquer de faux travaux d’amateurs lui-même, et qui rend la frontière amateur/professionnel encore plus floue en réutilisant des toiles peintes de décor de théâtre, ou encore Rob Pruitt, Olaf Breuning, David Shrigley : leur refus de toute forme de technicité sert de pont de levier à notre regard sur une question comme : qu’est ce que j’attends de l’art ?

  8. @ b, en passant: Oui, c’est cela: « amateur » est un terme à géométrie variable dont la signification dépend de celui qui l’énonce comme de celui auquel il s’applique…

    Quant au réflexe de l’art de jouer la carte du primitif, ce n’est pas tout à fait nouveau: relire l’indispensable Ernst Gombrich, La Préférence pour le primitif, Phaidon, 2004…

  9. Ah, mais est-ce primitif ? Quand Jim Shaw utilise ça, comme Mike Kelley a pu le faire, c’est dans un autre but, je pense : c’est très précisément pour montrer que ces formes culturelles élaborées qui se sont construites en dehors des circuits classiques de la culture ne sont pas à considérer comme primitives, elles lui sont parfois contemporaines, mais comme négligées, impures ou méprisées.
    Il va reprendre ces formes mésestimées, non pour les ré-évaluer, mais pour montrer qu’elles sont tout aussi valides que les formes nobles de l’expression du génie humain (ce qui une façon de les ré-évaluer, bon, okay) mais dans un champ culturel différent.

  10. @ b, en passant: Réaliser des œuvres d’art à partir de l’appropriation de productions non-artistiques recontextualisées relève d’un même principe, bien décrit par l’anthropologue Benoît de L’Estoile: «Le primitivisme, entendu comme goût du primitif, couvre ainsi à la fois l’art des enfants, l’art des fous, l’art non occidental: tous ces arts apparaissent comme des arts des Autres, au sens où ils offrent une alternative à l’art classique érigé en parangon par la tradition académique et donnent accès à un fonds enfoui» (Le Goût des Autres. De l’Exposition coloniale aux Arts premiers, Flammarion, 2010).

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