Le moment est proche où il faut annoncer à l’administration les sujets de cours de l’an prochain. Je m’interroge. Faut-il poursuivre le thème choisi pour cette année ou en changer?
Sous le titre « Le génie des images« , le projet était de questionner l’idée d’un « pouvoir » spécifique des formes visuelles. L’enquête a permis de dégager plusieurs points importants, notamment le constat que l’attribution d’un pouvoir provient d’une mauvaise manière de poser la question, en présupposant un isolement des formes visuelles, ce qui est une illusion. A contrario, il existe une puissance de la norme, à laquelle l’image peut participer. On ne croit pas aux images, mais on peut croire avec des images, si on pense qu’elles sont indicatives d’une norme.
Ce programme est loin d’être achevé. Son objectif, qui est de déconstruire un paradigme constitutif des visual studies, suppose un examen historiographique attentif. Nous avons étudié David Freedberg et Tom Mitchell, mais ni l’agency d’Alfred Gell ni la survivance de Georges Didi-Huberman.
Mais l’élaboration d’un programme de cours repose sur la prise en compte d’urgences subjectives. Au moment de reconduire le Génie, réapparaît l’idée d’une iconologie de la culture populaire, dont l’étude de “The Road to Homo Sapiens” avait jeté les bases. Identifier, documenter et analyser les icônes largement reproduites par les industries culturelles, du Bonaparte franchissant les Alpes de David à l’image de la petite vietnamienne en passant par la photo de Buzz Aldrin sur la Lune serait une bonne façon de poursuivre l’enquête sur les dynamiques spécifiques des médiacultures, et simultanément de faire émerger un canon encore peu reconnu.
Historiographie ou iconologie? Je me donne encore quelques jours pour trancher…
8 réflexions au sujet de « Génie ou imitation? »
Impossible de trancher ! On veut les deux 😉
Plus sérieusement, étudier le médiatique, la circulation des modèles (et surement d’autres choses dont on ne soupçonne pas encore l’existence), n’est-ce pas la meilleure manière de revoir les définitions de Gell et Didi-Huberman ?!
Je crois en la puissance et au génie des urgences subjectives! Et comme le dit Alexie, l’iconologie requerra sans doute des passages par des mises au point historiographiques.
Ouais on veut les deux. Néanmoins j’aurai grand intérêt à la construction d’une iconologie de la culture populaire parce que 1° comme le dit André, ça n’existe pas et pourtant la permanence des images et leur utilisation dans la société sont notoires, 2° essayer de ranger/classer le chaos fait partie des fondamentaux de la science 3° la méthodologie de pensée d’un Gunthert supporte mieux la spirale que la causalité, 4° le changement d’herbe fait du bien.
Personnellement, venant des Sciences de l’info-com, j’ai beaucoup appris dans Génie, mais il est important et comme tu dis ‘urgent’ d’enquêter sur les mécanismes de la culture populaire. A mon avis, faire une iconologie n’exclut pas l’historiographie. Au contraire, cette dernière nous servira à mieux cibler nos problématiques, à remettre en cause les définitions, théories….
Nous ne passons jamais pour le même endroit deux fois. Soit c’est les eaux qui changent, soit c’est nous qui changeons, soit c’est tous les deux… Car, même s’il est vrai qu’il faut donner un titre de séminaire et un description pour l’école, il me semble que peu importe l’indication : tu feras toujours que cela soit un séminaire intéressant!
Personnellement, j’ai une préférence pour Génie avec un zeste poussé d’histo et culture populaire, car comme les commentaires ci-dessus l’indiquent déjà, la question est mal posé André 😉 ce n’est pas un « ou » excluant, mais plutôt un « et » incluant. Quelque chose comme ‘Les Génies imitateurs’, ‘Le Génie de l’imitateur’ ou même ‘La génialité des imitateurs’ ? 😉
D’accord avec Gaby et avec ce qui est dit au-dessus…
Le génie des images n’est-il pas justement dans l’imitation ? Ou peut-être dans notre relation à l’imitation… En tout cas je crois que l’essentiel est de ne pas isoler le visuel. Et quel que soit son titre, il me semble que c’est le chemin que nous prenons dans ton séminaire… Il me semble au fait que la séance sur Mitchell était à la fois historiographique et iconologique… un modèle d’assemblage des deux.
D’accord avec les commentaires précédents. L’iconologie comme une démonstration par la performance… sans exclure les détours par l’historiographie.
Merci pour ces commentaires convergents! Nous partons donc pour une iconologie enrichie d’historiographie (plutôt que le contraire… 😉
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