Face à la diffusion d’Apocalypse, Hitler, second volet de l’histoire colorisée du XXe siècle de Daniel Costelle et Isabelle Clarke, le 25 octobre dernier sur France 2, le scrupule paraît dérisoire. Ne doit-on pas se réjouir qu’un documentaire soit proposé à une heure de grande écoute et atteigne une audience de 6 millions de téléspectateurs, dépassant Les Experts sur TF1 et Desperate Housewives sur M6? Les historiens connaissent bien cette alternative, pas éloignée de celle que l’on prodigue au peuple grec: vaut-il mieux quelque chose plutôt que rien?
Nous l’apprenons aujourd’hui à grands coups sur la tête: comme la pauvreté économique pousse à accepter des conditions de vie indignes, la pauvreté culturelle ne donne d’autre choix que de se réjouir du moins pire. Dans une télévision française désertée par l’histoire, y consacrer du temps et de l’argent est déjà si exceptionnel qu’on ne va pas chercher la petite bête.
Les réjouis d’une histoire ainsi rabaissée ne font que souligner le piètre état de la production hexagonale, et révèlent à quel point l’histoire, autrefois discipline reine de la culture à la française, est passée au rang de connaissance superflue, de hobby de généalogiste ou d’amateur de reconstitutions en costume.
L’anhistoricité d’Apocalypse est pourtant aussi visible que le nez au milieu de la figure. «Tout est vrai, tout est absolument vérifié et authentique, explique naïvement Isabelle Clarke sur France 2, on s’est interdit absolument le conditionnel.»
Devrait-on faire passer un DEUG d’histoire aux documentaristes? Il est accablant d’entendre exprimer une telle conception d’une histoire de carton-pâte, si éloignée de l’état actuel des connaissances. L’histoire, chère Isabelle Clarke, ce n’est que du conditionnel. Un travail rigoureux de construction d’hypothèses à partir de l’archive, mais en tout état de cause une œuvre d’interprétation.
C’est pourquoi il importe de choisir avec précaution les experts à qui l’on demandera conseil. Deux spécialistes peuvent parfaitement être d’avis contraire. La vérité historique ne se débite pas au comptoir, avec label de garantie de la Sorbonne, et s’adresser à un historien de l’Europe centrale qui n’a jamais consacré un livre au IIIe Reich ne conduira pas aux mêmes conclusions que si l’on avait choisi un spécialiste du nazisme – oh surprise! il y en a!
Comme le confirme l’absence en plateau de tout expert susceptible de contredire leur version, les options historiographiques de Costelle et Clarke consistent en réalité à se tenir soigneusement à l’écart de la science historique. Position qu’illustre tout particulièrement le choix d’un portrait biographique de Hitler, la dissimulation des options narratives derrière l’autorité du document, ou encore la manipulation de l’archive.
Si la biographie historique n’est plus un genre prisé par les chercheurs, c’est que le rôle des grands personnages, qui ponctuaient autrefois l’histoire comme autant de démiurges, a été sérieusement revu à la baisse, au profit d’une plus grande attention pour les mécanismes économiques et sociaux ou pour d’autres conjonctions de facteurs. Dans cette approche, un personnage aussi caricaturé qu’Hitler a toutes les chances de constituer un piège dont aucun projet narratif ne peut se sortir.
Montrer Hitler ne suffit pas à faire comprendre. Ou plutôt: montrer Hitler, c’est être sûr de ne pas donner les moyens de comprendre. Un lycéen d’aujourd’hui peut-il percevoir autrement que comme la manifestation d’une pathologie mentale ses discours exaltés prononcés d’une voix tonitruante? Pourtant, un court extrait d’un discours d’un opposant socialiste, Otto Wels, montre que ce style vocal est tout simplement la signature d’une époque, à un moment où, faute de micro, il fallait que les responsables politiques donnent de la voix pour se faire entendre. L’archive conservée des discours de Hitler, qui comprend de nombreux enregistrements intégraux, montre également une montée en régime au cours de l’intervention, qui commence toujours mezzo voce. Mais comment pourrait-on passer outre le cliché de la vocifération hitlérienne, que tant d’œuvres de la période, comme le Dictateur de Chaplin, utilisent déjà comme un poncif? Un film sur Hitler peut-il faire autre chose que renforcer l’idée reçue?
Quel a été le rôle du chef du parti nazi dans la catastrophe allemande? Les spectateurs d’Apocalypse seraient surpris de découvrir que cette question représente un point focal du débat historiographique, et qu’elle suscite des interprétations diverses et contradictoires. Le rôle déclencheur de la crise de 1929 dans la montée du nazisme est toutefois généralement admis. Dans les deux heures du film de Costelle et Clarke, ce facteur externe décisif est expédié en moins de 40 secondes, au début du 2e épisode, appuyé sur quelques images dont on se demande bien en quoi elles expliquent le lien causal entre misère et fascisme (voir ci-dessous).
Il y bien des manières de composer un documentaire. Plutôt que de manifester l’existence d’un travail interprétatif ou de faire entendre des voix contradictoires en donnant la parole à des spécialistes, Costelle et Clarke abritent une narration univoque derrière le matériau documentaire, mobilisé à la fois comme illustration et comme garantie du récit.
Cette méthode apparemment inattaquable n’est qu’une illusion au carré, typique de l’histoire officielle. D’une part parce que le document visuel n’a rien d’une archive neutre, mais résulte des filtres et des options de la production originale, qui ne sont pas différents de ceux qui s’appliquent aux films contemporains. Ensuite parce que le matériau documentaire se trouve sérieusement malmené par sa réutilisation: coupé, remonté, décontextualisé, commenté, recadré, colorié, sonorisé, etc…, il n’est plus qu’un lointain reflet de l’archive dont il a été extrait.
Faire mine de s’abriter derrière l’autorité du document pour légitimer et naturaliser les choix de récit est le contraire du travail de l’histoire. L’application que mettent Costelle et Clarke à brouiller les pistes est peut-être l’élément le plus regrettable de leur projet. On peut défendre la colorisation de l’archive au nom de la lisibilité pour le jeune public. Mais la décrire comme une « restitution » de l’ambiance originale, à partir de l’argument que ce que voyaient les opérateurs était en couleurs, est une escroquerie pure et simple.
Durant le premier conflit mondial, mis à part le cas de l’autochrome, il n’existe pas d’images d’enregistrement en couleur: toutes les sources ou presque sont en noir et blanc. En revanche, dans les années 1930-1940, des procédés couleurs existent, ce qui modifie les paramètres. Mettre en couleur de façon indifférenciée l’ensemble du matériel documentaire empêche le téléspectateur d’y repérer une archive comme les prises de vues en couleur du Führer au Berghof (Apocalypse, La 2e Guerre mondiale, 6/6; voir ci-dessous). Or, la couleur est une information: elle indique que ces images, qui ne pouvaient être reproduites à l’échelle du réseau cinématographique allemand, n’ont pas été diffusées à l’époque, et n’ont pas le même statut que les actualités filmées.
Mais le traitement ne s’arrête pas aux documents noir et blanc. Les films couleurs eux-mêmes doivent être corrigés pour coller avec la couleur de carte postale appliquée à l’archive (voir ci-dessus). Suivant de près le syndrome de l’exposition Zucca, dont les corrections avaient pour effet d’homogénéiser le matériel source, plus aucune couleur, plus aucune nuance n’est ni vraie ni fausse.
Apocalypse n’est pas un témoignage du respect pour l’histoire, mais le symptôme d’une vraie trouille de l’histoire. Le matériel légué par une époque est un donné. Le génie du pédagogue est de savoir intéresser son public à ce matériau, de lui faire découvrir ses propriétés et sa signification, pas de le manipuler, de le dissimuler ou de le transformer parce qu’on le croit incapable de susciter l’attention.
Le problème de la couleur n’est pas un problème de l’archive, mais un problème de la télévision. Cela fait belle lurette que les responsables des programmes ont fait le constat que les audiences pour les rediffusions d’émissions en noir et blanc baissaient inexorablement. La colorisation a été inventée pour pouvoir réutiliser le stock des anciens programmes. Avec un succès mitigé. Un film colorisé est un film qui perd les contrastes du noir et blanc, sans être tout à fait en couleurs. L’application automatique de jus colorés sous forme d’aplats à des zones prédéfinies donne des résultats au réalisme peu convaincant, créant plutôt une chromie autonome, sans inscription temporelle (voir ci-dessous). La colorisation n’a pas sauvé les vieux films. Car leur péché n’était pas d’être en noir et blanc, mais d’être des programmes anciens, forcément moins attractifs que des propositions plus récentes.
Cette leçon n’a pas été correctement perçue, et la peur du noir et blanc a continué à sévir, notamment chez les documentaristes les plus perméables à l’anxiété des producteurs. On a vu se multiplier les projets de « guerre en couleur » (War in Colour, Martin Smith, Alastair Waddington, Stewart Binns, TWI/Carlton Co, 1999) et la promotion d’archives inédites – nonobstant le fait que celles-ci, issues de prises de vues d’amateur, n’apportaient pas forcément une documentation d’un intérêt majeur.
Apocalypse restera comme le produit typique d’une époque qui craint les apparences du passé, confondant les destinées de l’archive historique et de la production commerciale, mais ne sait pas reconnaître l’archaïsme d’une approche dépassée de l’histoire. C’est moins Costelle et Clarke qu’il faut tenir pour responsables de cet état de fait que France 2, qui n’oserait pas promouvoir un documentaire historique sans le présenter comme un défi technologique, et qui empile les superlatifs pour s’autoconvaincre de diffuser en prime time une vision désuète et terriblement old school de l’histoire.
Lire également:
- Georges Didi-Huberman, « En mettre plein les yeux et rendre Apocalypse irregardable« , Libération, 21/09/2009.
- Isabelle Hanne, « Du bruit autour du Führer« , Libération, 25/10/2011.
- François Ekchajzer, « Apocalypse Hitler, une impression de déjà-vu« , Telerama, 31/10/2011.
29 réflexions au sujet de « Apocalypse ou la trouille de l'histoire »
« la pauvreté économique pousse à accepter des conditions de vie indignes »
Ah bon ? Vous avez une preuve de cette assertion ? Parce que beaucoup d’Allemands ont cru aux discours volontaristes du chancelier Hitler pour résoudre la crise allemande des années 30, par exemple… (exemple au hasard, bien sûr)
@francbelge: Une preuve? La dégradation des salaires correlée à la montée du chômage de masse? L’acceptation d’un stage non rémunéré ou la tolérance au harcèlement en raison de la pénurie d’emplois? Le choix imposé de ne pas se soigner faute de remboursement? (exemples au hasard, bien sûr)
« Ou plutôt: montrer Hitler, c’est être sûr de ne pas donner les moyens de comprendre. Un lycéen d’aujourd’hui peut-il percevoir autrement que comme la manifestation d’une pathologie mentale ses discours exaltés prononcés d’une voix tonitruante? »
A en croire ma mère née en 1920, mais est-ce un souvenir reconstruit ou le résultat du travail de montage réalisé dans les actualités de l’époque, c’était déjà le sentiment des contemporains. Ca avait même l’effet paradoxal de rendre Hitler moins inquiétant en en faisant un charlot qui ne pourrait réellement séduire durablement le peuple allemand.
@Thierry Dehesdin: C’est bien pourquoi je cite Le Dictateur (1940). La vocifération hitlérienne est un poncif depuis le début des années 1930 – et c’est en grande partie une construction médiatique, sur un principe classique de diabolisation. Dans les pays non-germanophones, il est clair que la langue allemande (teintée d’accent autrichien), incompréhensible, a joué un rôle de premier plan dans la caricature du discours hitlérien. Même s’il sous-titre les interventions, Apocalypse ne sort pas de ce cliché, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’aide pas à comprendre comment les Allemands ont été séduits par Hitler.
Merci André pour cet article !
Ce qui est également inquiétant, comme le rappelait un des intervenants à l’émission de France Culture consacrée à ce documentaire, est le fait que la série « Apocalypse » devient l’étalon en terme de diffusion de documentaires historiques à la télévision… Or comme tu l’expliques très bien, il s’agit de tout sauf de documentaires historiques !
L’objectif de ce type de « documentaire » (visible ici) est parfaitement dévoilé par l’introduction débitée par l’insupportable Marie Drucker: soirée-événement, travail incroyable, document absolument exceptionnel, il s’agit juste de faire de l’audience en survendant un produit. Ne pas rater non plus à partir de 1:48, le « débat » avec les deux auteurs, le récitant, et un psychiatre/psychanalyste (sic! Tiens, où est passé l’historien ?) qui se termine par la présentation d’un livre extraordinairement bien fait et d’un DVD; mais ce n’est pas une opération de marketing (resic). Manque plus que la figurine de Hitler en short, façon Tintin.
bon ben je vais aller dans l’autre sens.
Ce documentaire, il m’a plu, j’y ai appris des choses et comment l’avènement d’hitler a pu être possible.
J’y ai découvert que l’allemagne dans les années 30 était une république dirigé par des socialistes, que beaucoup d’allemands considéraient hitler comme un bouffon, comme d’autres le font actuellement avec les Le Pen Père et fille (mais je doute que Marine devienne hitler qd même).
J’y ai redécouvert ce qu’était la mentalité de l’époque ce côté « après moi le déluge », la lassitude des allemands façe aux rebonds incessants du monde politique, de leur peur de l’inflation toujours actuelle après avoir subi celle d’après 14-18.
Donc certes, ce documentaire c’est du fast-food d’histoire, mais il a pourtant le mérite de rappeler des faits simples mais propose aussi une articulation causale simple en opposition avec la complexité inhérente du travail d’interprétation des historiens.
Cependant croire que le lycéen d’aujourd’hui ou le téléspectateur est à ce point lobotomisé qu’il ne serait pas capable de départager les faits de l’interprétation proposée est un poil condescendant.
Enfin, vu le succès d’audience, il semble que les téléspectateurs soient justement en demande d’histoire, le service public le fournit. On peut voir ce documentaire comme une base de départ qui peut amener à pousser la réflexion plus loin et se pencher ensuite sur les débats historiographiques que vous évoquez mais qui d’emblée, n’intéresse pas forcément le public, sauf si on la mis en condition avec un « produit d’appel » comme l’est ce documentaire Apocalypse Hitler.
@ Patrick,
« Manque plus que la figurine de Hitler en short, façon Tintin. »
Excellent et très juste !
Tu ne crois pas si bien dire, les posters ou affiches cartonnées qui font la pub de ce produit audiovisuel sur le lieu de vente (Fnac…) ont un air étrange… reprendre des images de propagande bâties pour valoriser Hitler comme seul visuel promotionnel me paraît révéler l’intention réelle (et informulée) de ce projet, utiliser innocemment la fascination morbide que suscite Hitler pour faire le buzz et gagner de l’argent… ne tombons pas dans le piège de l’alibi documentaire, comme le montre André, ça ne tient pas la route très longtemps…
Quand il s’agissait de la guerre, le mal était relatif, car il y d’autres travaux documentaires bien plus intéressants (F. Rossif…) Mais là je trouve cela vraiment limite…
Hitler a caché la forêt antisémite et totalitaire pendant des années offrant au monde une figure diabolique bien commode et aujourd’hui, il serait temps de dépersonnifier le « mal »… plutôt que de jouer, comme des enfants en culottes courtes avides de couleurs Haribo, avec son aura maléfique…
@blaz: Vous avez apprécié un film moyen. Jugez quelle aurait été votre satisfaction si ce film avait été excellent! Je n’ai rien contre les livres d’images, il s’en publie des milliers, mais je n’aime pas qu’on me refile de la daube au prix du filet, ni qu’on me présente comme révolutionnaire un récit conventionnel.
Malheureusement, Apocalypse ne servira pas d’apéritif à une analyse plus consistante. Comme le rappelle Grégory ci-dessus, ce film représente l’étalon de ce que veulent les chaînes en matière de documentaires historiques, et les Costelle/Clarke ont prévu de revisiter toutes les « Apocalypses » du XXe siècle selon la même méthode…
Ce qui me frappe plus profondément, à la vision de ce documentaire (il faut l’avouer, regardé de façon morcelée) c’est ce que Saul Friedländer avait appelé la « fascination fantasmée » pour le nazisme et la figure d’Hitler. Lorsque je vois un tel documentaire, plein de commentaires hallucinants, qui ne font qu’intensifier la mythification du personnage au cœur de notre société occidentale, je me demande en quoi nous avons besoin d’une telle figure ressassée du Mal? La colorisation, le primetime, le commentaire tout sauf historique, ne sont, pour moi, que la mise en contemporanéité d’une figure qui nous hante. Ce type de documentaire, incontestablement, a un effet de ralentissement intellectuel dans l’appréhension du passé, il empêche l’avancée historique et historiographique. En cela, ces images, présentées comme telles, sont dangereuses pour la mise en perspective individuelle et collective. En bref, on ne fait pas de l’histoire avec de la fascination, encore moins lorsqu’elle est fantasmée.
Très bon article. J’ai des choses à dire sur le sujet mais je préfère ne pas polluer le site.
Je n’ose imaginer l’inéluctabalité d’une polémique qui aurait été déclenchée par votre présence à ce débat après la diffusion de cette fiction documentaire. L’introduction du moindre fait historique sur cette période désormais 100% mythifiée est insupportable à des minorités très actives.
« appuyé sur quelques images dont on se demande bien en quoi elles expliquent le lien causal entre misère et fascisme (voir ci-dessous) »
Effectivement, à part celle du chien attelé (mais la roulotte oui), j’aurais pu filmer ces images le mois dernier qque part à l’est…
De manière générale, ne faudrait-il pas rappeler qu’une image n’explique rien, rien, rien.
Je sais bien que votre spécialité s’exerce sur le visuel, mais il y a des cas, ce docu par exemple, où il faudrait parler du son. La toute-puissance des images que tt le monde reconnait comme évènement majeur de ces 50 dernières années, n’a pu se faire sans l’appui du son, je veux dire du commentaire qui nous explique( lui prétend le faire) ce que nous sommes en train de voir.Nous avons donc toujours affaire à des images sonores. Quiconque regardera le JT en coupant le son me comprendra.
Vous avez mis un lien qui renvoie aux cadres couleurs du Berghof, j’ai fait l’expérience de les regarder accompagnés d’une musique jazzy très agréable, et bien ce monsieur Hitler m’a l’air tout à fait convenable..
@Adrien Genoudet: « La colorisation, le primetime, le commentaire tout sauf historique, ne sont, pour moi, que la mise en contemporanéité d’une figure qui nous hante. » Tout à fait d’accord!
@pas_de_pseudo: Je partage évidemment l’idée que l’illustration sonore – ou le commentaire – transforme tout autant l’interprétation de l’archive que ses manipulations visuelles. Mes compétences musicales sont malheureusement trop limitées pour analyser les ambiances sonores des docus sur le nazisme, mais il y a là un beau sujet de compte rendu…
merci pour cette excellente analyse. Ce qui m’a particulièrement agacé dans cette série documentaire à épisodes (on nous promet une suite sur 14/18), c’est la prétention à se réclamer d’une histoire incontestable alors que l’histoire ne s’arrête pas à des documents même authentiques mais les interroge pour en tirer des enseignements sur notre relation à l’évènement.
La réponse nous est sans doute donnée par le titre qui laisse songeur tant il ne veut rien dire en français, en-dehors d’une vague connotation biblique : « Apocalypse Hitler » (Apocalypto, aurait dit Mel Gibson) = apocalypse sur Hitler (révélation sur le personnage) mais là il ne nous révèle rien qu’on ne sache déjà, ou apocalypse d’Hitler (l’annonce de sa destruction du monde ancien comme révélation contenue dans Mein Kampf) et elle n’est pas, là non plus, une véritable révélation.
Au-delà de la qualité historique d’un film se voulant « grand public » (généralement il est connu que l’on nivelle la culture par le bas sur certaines chaînes télévisuelles), il me semble que tout cet article et les réactions interrogent autre chose :
– d’abord le message implicite véhiculé et assimilables inconsciemment par les gens, qui finalement ne sauront pas forcément prendre le recul nécessaire. – un problème que l’on interroge depuis longtemps pour la télévision en général, quel que soit le sujet.
– ensuite le rôle des médias dans la société : divertir, informer, cultiver, ou dans un autre ordre de priorité ; qu’est ce que cela autorise ? Bonne question… En outre peut on parler d’une « réalité », la réalité étant transformée par nos représentations du monde qui nous amènent chacun à construire nos propres vérités(pour des spécialistes autant que pour des non-spécialistes d’ailleurs)? Les médias de masse ne constituent-ils pas finalement un formatage de la réalité et d’une pensée commune ?
– ensuite évidemment la question d’Hitler et de son discours soulèvent d’autres problèmes que l’on ressent clairement ici. D’abord un écho avec des partis politiques actuels évidemment… Et vis-à-vis de la vénération ou de la fascination que certains portent à Hitler, ou des « circonstances atténuantes » que l’on peut trouver à son orchestration du génocide, il me semble que nous sommes un certain nombre à sentir la démocratie menacée au présent. Et malheureusement, la fascination « précède » aussi le documentaire, puisque « mein kampf » serait le livre plus demandé et consulté à la Bibliothèque Municipale de Lyon : on peut s’interroger sur l’influence, encore sensible par là, du discours nazi aujourd’hui… (Il est vrai que les polémiques semblent moindre concernant les discours sur l’agriculture tenus par les mêmes médias de masse par exemple, alors qu’il y aurait aussi matière à débattre…)
Sans avoir vu le film, il me semble enfin que sa perspective décrite de diabolisation d’hitler répond bien aux schémas des deux types de publics « extrêmes » auxquels il peut s’adresser, les personnes qui s’effraieront de la barbarie et tendront à chercher un unique coupable à l’histoire et au génocide, et les néo-nazis actuels et sympathisants qui verront leur idole glorifiée, et non « le Mal en personne »…
– Enfin une rapide recherche sur Daniel Costelle montre que ce monsieur semble intégrer fortement le concept de nation (il a reçu la Légion d’Honneur, et a entre autre largement travaillé sur de l’Histoire bataille)ce qui à mon sens ne peut qu’inciter à la méfiance, … d’autant plus qu’il serait « historien » (!) d’après sa collègue (interviewée sur sfmag pour un autre film).
@ André,
Merci pour cette mise au point historico-iconographique magistrale qui me semble très utile devant un tel produit… Comme l’avait été celle de Georges Didi-Huberman au sujet du précédent opus d’Apolcalyspe…. http://bit.ly/2hxLNM
A la question vaut-il mieux cela que rien, je réponds bien volontiers « rien »… dans la mesure où cette perspective biographique très anachronique sert moins l’approche de la réalité historique du nazisme qu’un bon épisode de Maigret ou de Docteur House…
Finalement ce sont les essais de fiction comme La chute qui ont peut-etre le mieux réhistoricisé Hitler contrairement aux montages d’archives nazies qui, elles, visaient justement le contraire… et dont l’intéret est non pas d’etre des documents sur Hitler mais d’etre des documents sur les mécanismes de la propagande…
Pour le reste l’Histoire s’intéresse plus à son role effectif dans le processus génocidaire (Edouard Husson / le débat entre intentionnalistes et fonctionnalistes) qu’à ses talents personnels qui étaient, comme tu le suggères, dans la moyenne des orateurs de l’époque…
Bref, j’ai trouvé ce documentaire très régressif et le fait qu’il ait été regardé par 6 millions de personnes n’est pas un argument en sa faveur. Je pense que la meme chose sur Ben Laden avec des images de sa jeunesse débridée et celles de sa mort filmée par les Navy Seals aurait eu à peu près le meme impact en terme d’audience…
Très cher André,
Permettez-moi de m’offusquer de la virulence de votre critique. Si je comprends l’argument selon lequel le travail historique a été bafoué au regard de ce que sont les véritables historiens, il n’en demeure pas moins que vous faites ici la critique de ce que ne sont pas Costelle et Clarke: à savoir des historiens. Ils sont des archivistes, réalisateurs de documentaires comme « les grandes batailles » magnifié par l’immense Henri de Turenne.
Si je trouve pertinent votre propos quant au trop-plein de marketing dont a fait preuve France 2 (on retrouve la sempiternelle médiocrité télévisée, car vous le savez bien, la télévision est par définition le medium des images et donc de la superficialité), je trouve en revanche votre propos déplacé et lui-même rappelant un manque de discernement de votre part. Oui, ce documentaire est un travail de vulgarisation d’archives. Non, ce documentaire ne prétend pas expliquer LA vérité. C’est surtout un travail de collectes d’archives, un travail énorme pour sonoriser l’ensemble (vous n’avez pas évoqué tout le travail sur le son qui a été réalisé) et aussi une certaine qualité du scénario en ce qui concerne l’aspect politique de la montée du NSDAP, qui n’est pas sans nous rappeler une certaine actualité.
Alors oui, cela manque d’analyse purement historique. Mais mon cher André, lorsque vous souhaitez vous adresser aux masses, vous ne pouvez pas vous permettre un tel élitisme, faute de quoi personne ne vous écoutera, si ce n’est vous-même et vos lecteurs et quelques élites intellectuelles qui d’ailleurs seront de votre avis.
Je suis admiratif de votre capacité d’analyse. Je vous demande juste d’avoir un minimum de discernement pour ne pas rentrer comme vous venez de le faire dans un élitisme qui a d’ailleurs conduit cette Allemagne des années 1930, bouffée par la crise, ravagée par le Traité de Versailles, à mépriser à son tour ses dirigeants politiques historiques. On voit où cela à mené. Ne soyez pas à votre tour élitiste au point de mépriser un travail qui certes n’est pas à votre niveau de culture historique ni à votre niveau de débat, mais qui a le mérite d’être suffisamment juste pour éveiller un début de réflexion chez les téléspectateurs. Et ça, c’est une vraie victoire de la télévision. La seule qui peut lui être attribuée.
Je vous remercie, enfin, de m’avoir donné l’occasion de réfléchir sur votre critique que j’ai trouvée malgré tout intéressante.
Bien à vous.
T.R. (un étudiant beaucoup moins érudit que vous)
@T.R.: « Non, ce documentaire ne prétend pas expliquer LA vérité. » Je suis désolé, mais ce n’est pas en ces termes que se sont exprimés les auteurs. Le film donnerait certainement moins prise à la polémique si la présentation n’en avait pas été aussi hyperbolique, ni les revendications d’historicité de Costelle et Clarke aussi extravagantes (« restituer la couleur », ce n’est pas moi qui l’invente, je tiens l’enregistrement à votre disposition). Malheureusement, on n’obtient pas 6 millions de téléspectateurs en jouant la carte de la modestie et de la discrétion. Il est trop facile de charger la barque du marketing en prétendant épargner le film, car son succès auprès du grand public est bien sûr aussi le résultat de sa promotion dithyrambique.
Quant à la rhétorique convenue de l’opposition des masses et de l’élite, elle fera sourire sur ce blog, consacré à l’étude des images et des industries culturelles. Croire que la télévision est nécessairement vouée à la médiocrité et à la simplification est se faire une bien piètre idée du grand public. Il existe heureusement assez d’exemples de productions de qualité qui contredisent ce jugement méprisant, et qui montrent que le média télévisé peut parfaitement proposer des histoires plus en phase avec l’état actuel des connaissances. Pour ce faire, encore faut-il ne pas pas avoir peur du document, peur des historiens ou peur du public.
Cher André,
Je me suis certainement mal exprimé lorsque je vous lis : « Croire que la télévision est nécessairement vouée à la médiocrité et à la simplification est se faire une bien piètre idée du grand public. »
A l’évidence, la télévision n’est pas et ne doit jamais être vouée à la médiocrité. Ce que je cherchais à exprimer, c’est surtout le fait qu’il existe un juste milieu entre votre excellence d’intellectuel et ce que recherchent les téléspectateurs cultivés, ouverts et intelligents. C’est dans ce cadre que votre critique sur les interviews pre et post documentaire est juste et je la rejoins. Mais je ne vous rejoins pas sur votre critique du documentaire, qui doit en réalité être la seule qui vaille puisqu’il s’agit du documentaire et non des interviews. Les gens se fichent pas mal de ces interviews et je pense d’ailleurs les supprimer de la vidéo.
Je ne porte pas de jugement méprisant vis a vis des gens de bon sens, nombreux, qui ont regardé cette émission. Je m’adresse à vous, intellectuel, pour vous rappeler face à votre argument d’historien académique et reconnu, que vous avez aussi un devoir de vous faire comprendre. Et se faire comprendre n’est pas forcément céder à la médiocrité comme vous semblez l’analyser. Se faire comprendre, c’est aussi savoir faire la part des choses, et reconnaître la qualité du travail d’archiviste – ce que vous n’avez pas fait – autant que de critiquer les erreurs historiques – ce que vous faites avec brio ce soir.
Si je me permets un tel jugement, c’est tout simplement parce que je suis interpelé par le manque d’accessibilité dont font preuve beaucoup d’intellectuels, ce qui réduit hélas parfois leur génie et leur talent. Un exemple, pour vous qui êtes historien, est bien cette classe intellectuelle allemande qui n’a pas voulu comprendre l’extrémisme de son pays, en pensant avec mépris que tous ces nazis ne valaient pas la peine qu’on s’en préoccupe. Comprenez-moi bien, je suis un farouche opposant aux extrémismes, et je suis très inquiet de ce qu’il se passe dans notre pays aujourd’hui. Je pense simplement qu’il est temps d’arrêter de commettre les mêmes erreurs pour éviter les mêmes drames. Refuser la vulgarisation de sa propre pensée en arguant qu’il ne faut pas avoir de mépris pour son auditoire, c’est aussi refuser d’apporter votre savoir à celles et ceux qui ne sont pas au même niveau que vous dans l’analyse et dans la connaissance historique et donc les laisser dans l’ignorance. Votre discours ne peut se permettre de s’adresser à un public restreint.
Voilà en quoi ce documentaire apporte ce que vous n’avez pas apporté dans votre critique: l’accessibilité à une forme d’analyse politique, économique et historique.
PS: je précise que votre critique est complémentaire au documentaire. Si ce dernier apporte ce que vous n’apportez pas, vous apportez ce qu’il n’apporte pas. Le monde est tout de même bien fait.
Vous me faites penser aux candidats éconduits de La France a un incroyable talent (M6) qui, mécontents du jugement du jury, proposent à ses membres d’accomplir la même performance, pour vérifier à quel point elle est difficile. Plutôt que de m’assimiler à toute force aux universitaires allemands des années 1930, notre discussion ayant lieu sur un blog, peut-être pouvez-vous en déduire que mon rapport à la vulgarisation n’est pas aussi caricatural que votre préjugé anti-académique.
Laissons de côté mon cas, si vous le voulez bien, puisqu’aussi bien ce n’est pas mon œuvre qui est aujourd’hui soumise à l’examen public. Vous ne répondez pas sur les questions que je soulève, comme celle de savoir s’il est judicieux de coloriser un document déjà en couleur, de savoir si cette option ne constitue pas une instrumentalisation de l’archive, ou encore si le choix de la colorisation est véritablement fondé au regard de la réception, alors qu’il est souvent peu satisfaisant en termes de réalisme, et qu’il correspond peut-être à une mauvaise interprétation des demandes du public.
Par ailleurs, c’est une erreur de penser que les interviews des auteurs n’ont aucun effet et sont des éléments qu’on pourrait facilement détacher de l’œuvre. S’il est possible d’agir ainsi a posteriori pour l’édition du DVD, vous ne pouvez en revanche pas retirer leur impact de la réception qui a été celle du public lors de la diffusion. Encore une fois, l’audience du programme est directement liée à son exposition et à sa promotion. Il est évidemment crucial pour une émission en prime time de faire l’objet d’une présentation au sein du journal télévisé, et vous pourrez vérifier sur ce blog que le dispositif promotionnel joue un rôle important dans l’idée que le public se forge d’un contenu. Les Costelle/Clarke en sont d’ailleurs bien conscients, qui ont tenu à ce qu’on ne leur oppose pas de contradicteurs lors des débats télévisés, mais uniquement des non-spécialistes prompts à renchérir sur le caractère « exceptionnel » de l’œuvre.
Je ne suis pas très sûre de l’utilisation du terme archivistes en ce qui concerne les auteurs de ce documentaire. Documentariste ne veut pas plus dire archiviste qu’il ne veut dire historien.
Par ailleurs, beaucoup de fonds audiovisuels ont été d’abord constitués comme ressources documentaires et archives pour faciliter leurs ré-emplois par les professionnels de l’audiovisuel et des médias.
@T.R.: Ne supprimez surtout pas les interviews de la vidéo que vous avez mis en ligne. Elles sont intéressantes.
Pour illustrer la remarque d’Audrey ci-dessus concernant la différence entre documentariste et archiviste, vous pouvez lire ce court billet sur un documentaire d’un autre auteur, Jean-François Delassus, qui utilise les mêmes méthodes que Costelle et Clarke (colorisation, sonorisation, remontage, décontextualisation, etc.).
Par ailleurs, parmi les documentaires de qualité sur la 2GM qui sont passés à la télévision, on peut citer la série The War de Ken Burns et Lynn Novick.
A votre excellente analyse, j’ajoute deux points consécutifs au parti-pris narratif de ce type documentaire.
– Il s’agit pour ses auteurs de produire deux heures de programme entièrement illustré d’images animées d’archives, tout en soutenant le récit. Si c’était un livre, il serait entièrement composé de photos avec par ci par là une légende.
Il s’agit donc d’une profusion d’images, montées les unes après les autres, avec des tentatives de séquençage.
Ces tentatives supposent que la narration est totalement illustrée par l’image. Et pour enfoncer le clou, par des images exactement en rapport avec le récit.
Ce serait dès lors historique.
Or comme c’est impossible pour de nombreuses raisons (absence d’images pour un évènement particulier, animation arythmique, qualité insuffisante pour la colorisation) le réalisateur prend des libertés et illustre le propos avec des images qui paraissent légitimes, mais qui ne le sont pas en fait.
Il y a donc « arrangement » avec la réalité et là où d’après le discours marketing on s’attendrait à l’exactitude, on ne trouve que de l’à peu près.
Pinaillage me rétorquera-t-on ! Pour moi l’honnêteté est essentielle en histoire et aucune image ne devrait être prise pour autre chose que ce qu’elle représente.
– Autre point majeur, l’inconvénient important au style narratif de ce type de documentaire : Hitler est montré comme la propagande nazie a voulu qu’on le vit.
C’est particulièrement flagrant pour ce qui concerne les cadrages. Mais le montage le dit aussi.
Aucune prise de recul face à ce problème. Et la force de certains plans n’est pas atténuée par le commentaire. Le dictateur apparaît sous un jour éminemment favorable, tel que les services de Goebels nous l’ont légué.
Des plans larges qui démontrent la ferveur populaire, des champs-contrechamps appuyés et complaisants, des scènes faussement sympathiques. Même les séquences de vocifération peuvent avoir un effet positif sur un public non averti.
Evidemment, les auteurs n’alertent pas le téléspectateur qui peut prendre pour argent comptant ce qu’on lui montre. On ne distingue pas l’image de propagande (qui représente les trois quarts de ces deux heures de programme) du reste des actualités et donc, cette image fortement politisée est banalisée.
Nous sommes donc bien d’accord, nous voici loin du travail d’historiens, du travail d’analyse et de synthèse à but vulgarisateur.
Nous voici seulement devant un galimatias superficiel et journalistique dans ce qu’il a de plus caricatural.
Très bel article ; et les commentaires ne sont pas en reste. Ce qui vous a gêné est peut être la mise en scène de la réalité, ce qui fait pencher le documentaire du côté de la fiction. Toute dramaturgie, à peu près incontournable dans une émission de télévision, amène une forme de fiction (attention, ça ne veut pas dire invention). Donc un décollement par rapport à l’Histoire. Or comme il s’agit ici d’événement historiques et sensibles, il est assez normal à mon sens que les discussions soient vives et sujettes à débat(s). Je n’ai pas vu cette Apocalypse, mais si, comme le semble le montrer André Gunthert, l’emballage promo s’appuie entre autres sur le principe fallacieux du « tout est vrai », là il y a effectivement un réel problème et on peut oui, parler de naïveté (c’est même un euphémisme trop aimable). Mais il faut reconnaître à décharge que le pari était ambitieux, à l’excès sans doute : placer avec justesse le curseur entre le respect absolu de la vérité (en s’interdisant manipulations couleurs, homogénéisations et autres artifices narratifs) et le cocktail nécessaire à l’audience maximale. « Six millions » annonce-t-on avec éclat. Une coïncidence qui fait froid dans le dos, par ailleurs…
Je suis passé dans une FNAC hier, où j’ai vu Apocalypse Hitler en tête de gondole, les images, nettes, brillantes et colorées, tournant en boucle sur deux beaux écrans.
J’ai été échaudé par le vue du premier épisode, que je n’ai pu m’empêcher de regarder jusqu’au bout, intrigué par les multiples variations dans la colorisation ou les rectifications des couleurs existantes. Il n’y a pas eu de deuxième épisode pour moi. Mais comme vous, je suis dans un premier temps partagé. Enfin, je suis partagé cinq minutes.
Après la sortie d’Apocalypse-la grande fresque, une femme du voisinage, âgée de 35 ans et normalement cultivée me disait qu’elle découvrait plein de choses… Sur le moment, ça fait peur (d’où sort-elle, avec son bac +3? Est-elle la seule dans son cas?) et l’on se dit que l’un des bénéfices collatéraux de ce genre d’émission est tout de même de cultiver ceux qui ne savent pas. Et puis non, ça ne tient pas. On ne cultive pas en vrac, sur une exigence aussi faible, sur des images colorisées au hasard et une telle absence de conscience de ce que le langage (les mots, les images) n’est pas le simple véhicule des idées – quand on en a, des idées.
Face aux images images brillantes et colorées sur les écrans de la Fnac, j’ai eu une pensée pour votre texte.
Merci de cette analyse.
Bonjour,
Je me permets à tout hasard à signaler la Chronique que j’ai consacrée dans le mensuel de novembre du Café pédagogique : L’enquête historique à l’âge d’Apocalypse
Et merci à André pour son article qui reprend et prolonge des constats que j’avais alors fait en 2009 concernant la première série d’Apocalypse et pour laquelle je m’interrogeais : «Apocalypse : au-delà des prouesses techniques est-ce de l’histoire?»
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