"Pour une histoire de l'imaginaire" (archive)

Pour une histoire de l’imaginaire. Théorie de l’image médiatique, séance du séminaire « Mythes, images, monstres », INHA, 14/01/2010, diffusée en streaming (voir archive vidéo, diaporama).

Enregistrement audio (version courte, 69′, 32 Mo).

Résumé. Avec Mythologies (1954-1956), Roland Barthes faisait l’hypothèse que sous les images médiatiques, il y a des histoires. Mais le projet de thèse issu de cette expérience a été refusé par l’université. L’image, ce n’est pas sérieux.

La proposition de Barthes suggère un changement d’échelle. Plutôt qu’à partir de la grille œuvre/auteur, elle propose, à la manière de l’anthropologie, l’analyse d’une société à partir de ses mythes. Ce faisant, elle rabat tous les énoncés sur un seul plan, et définit les images comme supports de récit.

Alors que la culture bourgeoise du XIXe siècle était d’une grande homogénéité, le XXe siècle, qui voit l’émergence simultanée de la classe moyenne et des industries culturelles, creuse un fossé entre la culture lettrée et la « culture populaire », structurée par les médias audiovisuels.

Les industries culturelles produisent une objectivation des récits. Effectuées pour des raisons d’opportunité économique, la reprise et la circulation intermédiale des récits leur confère une valeur de généralité, et fait progressivement oublier leur caractère d’œuvre créée. L’objectivation ainsi réalisée favorise l’appropriation collective. La viralité des récits est perçue comme un indicateur de leur pertinence symbolique.

Le récit objectivé devient un métarécit (Lyotard). On distinguera entre récits sociaux (métarécit réputé vrai), mythologies (métarécit réputé faux) et signaux (métarécit implicite).

Dans le contexte des industries culturelles, l’image n’a aucune autonomie: elle fonctionne comme support de récit. Sa faculté de donner forme à l’invisible en fait un outil puissant de l’objectivation. Image construite, l’illustration fournit un exemplum – à la fois un échantillon et un modèle. Le rôle des illustrateurs et graphistes est fondamental dans la construction de l’imaginaire.

L’image est la preuve de l’imaginaire. Ses usages apportent la démonstration du rôle central de l’imaginaire dans nos sociétés. N’est-ce pas plutôt l’histoire événementielle qui passe à côté de l’essentiel en s’en tenant à la fiction de la rationalité des sociétés occidentales? Le paysage que dessine une histoire de l’imaginaire n’est pas le même que celui dressé par l’histoire événementielle. Ce qu’il esquisse est la véritable histoire de nos vies, qui attend encore d’être racontée.

Elements de bibliographie

  • Roland Barthes, Mythologies, Paris, Seuil, 1957.
  • Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne, Paris, Minuit, 1979.
  • Matthias Bruhn, Bildwirtschaft. Verwaltung und Verwertung der Sichtbarkeit, Weimar, VDG, 2003.
  • Lorraine Daston, Peter Galison, Objectivity, New York, Zone Books, 2007.

A lire en ligne

5 réflexions au sujet de « "Pour une histoire de l'imaginaire" (archive) »

  1. Réaction en direct (amusant tiens, pouvez vous lire les réactions du public en temps réel?)
    Si Faust est un mythe, Arthur et la Table Ronde aussi.
    Je veux bien me dévouer pour une analyse de Kaamelott…
    Façon aussi d’aller dans votre sens, et de souligner aujourd’hui l’importance des séries télés (au sujet desquelles un travail bibliographique, recensant les études, de plus en plus nombreuses, dont elles font l’objet, serait sans doute intéressant).
    A plus tard normalement, et excellente chose ce streaming (même si le son est un peu limite)

  2. Ping : Topsy
  3. Dear Professor, I’m Cláudia Linhares Sanz, predoctoral studant of Universidae Federal Fluminense, Brazil and I’m writing my thesis on experience of time and photography. I’m reading your thesis but unfortunately my French is not so good. I couldn’t get any English or Spanish translation in the Internet. I wonder if you have some articles in those language and if could kindly send me it. It would be very helpful in my research. I appreciate your help. Best regards, Cláudia Linhares Sanz

  4. Ping : Métamorphoses

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