La session de juin touche à sa fin. Comme chaque année, la lecture des mémoires de master confronte à des défauts récurrents auxquels il n’est pas difficile de remédier. Quelques conseils en vrac pour les candidats de la session d’octobre.
Les feuilles de style tu apprendras. Même s’ils sont en diminution, les cas où le logiciel de traitement de texte a été utilisé a minima ne sont pas rares. Plutôt que d’appliquer à la main paragraphe par paragraphe les attributs de style, police, format, etc., la rédaction d’un mémoire d’une centaine de pages est une bonne occasion d’apprendre la gestion des feuilles de style et autres outils de génération automatique de sommaire, qui s’avèrent du plus grand secours dès qu’il faut faire face à des modifications importantes du texte.
L’impersonnel tu préfèreras. La manifestation de l’énonciateur dans le cadre de la démonstration scientifique reste une question toujours délicate. Le conformisme conduit à l’emploi du « nous » de majesté, volontiers panaché avec celui du « on », qui garantissent lourdeur et problèmes d’accord insolubles. Si le style du labo le permet, je préconise plutôt l’usage du « je », limité à quelques moments-clés (passages introductifs, revendication de conclusions), combiné au recours massif à la tournure impersonnelle (plutôt que: «À partir de ce corpus, nous avons identifié deux tendances opposées», écrire: «Deux tendances opposées se dégagent de l’examen du corpus»).
Plutôt trois fois qu’une te reliras. Confier tout ou partie de son mémoire à un ou plusieurs relecteurs est une pratique recommandée. Mais on peut aussi apprendre à se relire en focalisant son attention sur les différents niveaux de correction: lecture pour le fond, lecture pour le style, lecture pour l’orthographe, lecture pour les notes de bas de page, etc. Cet exercice est une arme sûre contre les erreurs de toutes sortes, dont on peut être certain de ne jamais abuser.
Tes titres tu peaufineras. Titres et sous-titres de partie ou de chapitre constituent des indications essentielles des matières et de l’organisation de la recherche. Il est recommandé de réfléchir à deux fois à leur formulation et de peser soigneusement les termes utilisés. Il est de même utile de se souvenir que les indications conclusives au sein d’un chapitre peuvent être extraites sous forme de citations, et justifient par conséquent l’élaboration de formules nettes et précises.
La chasse aux renvois tu feras. La distribution des matières représente à l’évidence un écueil sérieux pour le chercheur débutant, qui se traduit par l’abus des « Comme on vient de le voir » ou des « Comme nous allons le montrer dans le chapitre qui suit ». On peut faire l’essai: ces renvois plus irritants qu’utiles pour le lecteur peuvent être supprimés sans la moindre perte d’information.
Les traductions tu indiqueras. Autre question récurrente: que faire des citations consultées dans leur langue d’origine, lorsqu’il n’en existe pas déjà de traduction française? Une bonne solution consiste à citer le texte dans une traduction personnelle dans le corps du mémoire, tout en restituant la version originale en note, accompagnée de la mention «je traduis». On n’omettra pas non plus de mentionner le nom des traducteurs et la langue d’origine des ouvrages cités dans la bibliographie (traduit de … par …).
La bibliographie tu organiseras. Comme les yeux sont le miroir de l’âme, la bibliographie est la vitrine d’une recherche, la première partie consultée par le lecteur expert, celle qui dit tout sur les outils, les méthodes et les matériaux de l’enquête. Rien de plus déprimant que de decouvrir en fin de mémoire une liste en vrac qui mélange études et sources en un même brouet alphabétique. La bonne organisation des références sera au contraire la plus sûre indication d’un travail maîtrisé. Plutôt que de se voir reprocher un oubli majeur ou un défaut de présentation en soutenance, il est conseillé de soumettre cette partie essentielle à son directeur avant l’échéance fatidique.
A l’homogénéité des références tu veilleras. Il n’y a qu’une façon de répondre aux sempiternelles questions de rédaction des références: choisissez la solution que vous voulez, mais tenez-vous y! Peu importe le style de guillemets utilisés, le choix de mettre le nom avant le prénom ou de séparer le titre du sous-titre par un point (système français) ou un double-point (système américain): ce qui compte est d’utiliser tout du long une même convention. L’emploi d’un logiciel de gestion bibliographique règle une fois pour toutes ces problèmes, mais il est conseillé d’y recourir dès le début de la recherche, et non à la fin de la rédaction du mémoire. (Pour la présentation des références en ligne, voir: « Comment citer les publications en ligne« .)
3 réflexions au sujet de « Rédaction des mémoires de master: quelques conseils »
Et pour une typographie parfaite sans prise de tête : LaTeX tu apprendras… 🙂
Merci beaucoup André pour ces conseils qui sont comme toujours très bien ciblés. Ils prennent la suite d’une première notice et pourraient se poursuivre sur des questions très diverses, telles que le plan (tout comme la périodisation, un plan suit la nature du sujet et non l’inverse) ; comment rédiger les légendes des images ; l’ethnocentrisme inaperçu de nos textes (l’expression « dans notre culture… » ou la croix qui, chez les médiévistes, précède la date de mort d’un auteur) ; les choix matériels du mémoire (recto-verso, un ou deux volumes, livret d’images ou images en texte), qui portent en eux des effets de sens pas toujours heureux pour l’auteur.
Et pour compléter la réflexion : http://laboiteaoutils.blogspot.com/ 😉
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