Rimbaud et les docteurs de la ressemblance

Nouvelle controverse à propos de la photo d’Aden: le 13 janvier, le rimbaldologue Jacques Bienvenu propose d’identifier un des personnages comme étant le docteur Pierre Dutrieux (1848-1889). Ce protagoniste avait fait l’objet d’identifications variées, comme étant Alfred Bardey, puis Georges Revoil, l’auteur supposé de la photo. Appuyée sur un portrait conservé par la Société française de géographie, la nouvelle comparaison paraît plus convaincante (voir ci-dessous). En quoi contredit-elle la présence de Rimbaud parmi le groupe? Se basant sur une lettre de Dutrieux qui mentionne un séjour à Aden en novembre 1879, Bienvenu estime que celui-ci n’a jamais pu croiser l’auteur des Illuminations, présent à Aden à partir d’août 1880.

(1) "Sur le perron de l'hôtel de l'Univers", Aden, 1880. (2) Détail. (3) Portrait de Pierre Dutrieux, Société française de géographie.

Ni datée ni légendée, la photographie d’Aden est depuis sa découverte située dans le temps et dans l’espace par l’identification visuelle des sujets représentés. A la localisation géographique permise par la comparaison de vues contemporaines de l’hôtel de l’Univers a succédé une longue séquence d’identification des personnages par comparaison avec des portraits d’époque. Corrélée à la reconstitution des agendas des protagonistes, une telle méthode semble susceptible de dater avec précision la photo, et sera employée aussi bien par ceux qui veulent reconnaître Rimbaud dans l’image que par ceux qui excluent sa présence.

Cette méthode pose pourtant plusieurs problèmes. Les nombreuses identifications contradictoires montrent que sa fiabilité est très relative. Elle dépend autant de l’impression physionomique que du croisement des informations chronologiques, qui peuvent être lacunaires et n’apparaissent incontestables que dans quelques cas. Rappelons que l’identification d’Henri Lucereau était d’abord supposée interdire la présence du poète, jusqu’à ce que la découverte d’une archive inédite prouve le contraire. Comme on a pu le voir, cette méthode reste suspendue à l’apparition d’un nouveau portrait susceptible de modifier l’identification, et partant la chronologie. Enfin, on peut observer que les convictions des deux camps étaient forgées bien avant la mise à jour de ces « preuves » successives, systématiquement apportées pour conforter l’une des deux thèses ou infirmer l’autre, plutôt que pour élaborer une démonstration objective.

Il existe pourtant une autre méthode d’analyse de cette image, qui est son archéologie technique. Ainsi que je l’avais observé dès l’an dernier, tous les objets représentés sur la photo sont marqués par un léger tremblement (voir ci-dessous). Ce bougé qui affecte également toutes les parties de l’image traduit l’ébranlement de l’appareil au moment de la prise de vue, provoqué par le mouvement d’un obturateur défectueux ou mal ajusté. Le petit format de l’image, l’usage d’un obturateur ainsi que l’empreinte même du bougé sont autant de traits qui renvoient à la pratique du gélatino-bromure d’argent, qui succède historiquement au procédé au collodion.

(4-9) Détails montrant l'empreinte de l'ébranlement de l'appareil (cliquer pour agrandir).

En quoi cette indication peut-elle nous aider? La transition du collodion au gélatino-bromure, ou plaque sèche, s’effectue justement pendant la période concernée, et permet d’apporter des précisions décisives à la datation de la photo d’Aden. Jacques Bienvenu s’appuie sur un article de la Revue photographique de décembre 1879 pour affirmer que le gélatino-bromure est largement «vulgarisé» dès cette date, contrairement à mon affirmation d’une pratique plus tardive. Une telle conclusion est malheureusement hâtive, comme le montre une lecture moins distraite de l’article en question, qui évoque fièrement «les premières épreuves publiques tentées en France» de ce procédé venu d’Angleterre. Ma thèse de doctorat consacrée à l’histoire de la photographie instantanée démontre que la pratique du gélatino-bromure s’installe en France beaucoup plus lentement que ne l’avaient estimé les historiens de la photographie jusque-là.

Avouons-le, j’ai été surpris par la datation proposée par les découvreurs de la photo d’Aden. Même si la plaque sèche commence à être utilisée par l’avant-garde photographique au début des années 1880, son usage reste inhabituel et ne deviendra véritablement courant qu’au milieu de la décennie. Il était donc particulièrement intéressant de constater un cas d’emploi précoce à l’été 1880, qui est à ranger parmi les premiers exemples conservés de la pratique de la plaque sèche. Par bonheur, Jacques Desse et Alban Caussé ont pu étayer cette hypothèse grâce à l’examen de l’archive de l’explorateur Georges Révoil, présent à Aden à partir du 7 août 1880, muni d’un équipement photographique composé d’une chambre touriste, d’un obturateur à guillotine et de plaques au gélatino-bromure de petit format (voir ci-dessous), soit une parfaite correspondance avec les caractères identifiables de la photo d’Aden.

(10) Liste du matériel photographique de Georges Révoil, 1880, coll. part. (11) Exemple d'obturateur à guillotine primitif.

Un historien qui examinerait la controverse dans son ensemble serait surpris par le nombre de « certitudes » (ou « quasi-certitudes ») affichées par les avocats de l’une ou l’autre thèse. Soyons sérieux: à l’endroit d’une photo sans tradition et en l’absence de toute preuve formelle, il serait plus honnête de parler de convictions. On n’arrivera probablement jamais à prouver de façon indubitable que Rimbaud figure sur la photo d’Aden – en tout cas pas par la méthode des ressemblances. En bonne pratique historique, la conséquence de ce constat (outre qu’elle impose de respecter pour chacun l’entière liberté de son appréciation personnelle) est que seul un faisceau d’observations cohérentes est susceptible d’apporter une réponse crédible. Attribuer la photo à Revoil n’est qu’une hypothèse, mais celle-ci offre l’avantage incontestable sur toutes les autres de pouvoir corréler deux séries déductives indépendantes: la chronologie suggérée par la méthode des ressemblances et celle indiquée par l’archéologie technique. Elle constitue donc à ce stade l’argument le plus sérieux pour interpréter l’image.

On ne connaît aucune photo réalisée sur collodion qui comporte un flou de bougé de ce type (caractérisé par une égale répartition sur l’ensemble de l’image, une très faible amplitude et deux bords distincts); il est tout simplement impossible que le collodion puisse l’enregistrer. Cette empreinte ne peut être que la marque d’un ébranlement de la chambre, d’une durée très brève, que seule la sensibilité du gélatino-bromure est capable de capter. Ce flou inscrit dans l’image, que chacun peut observer, est la signature technique du gélatino-bromure, et l’un des rares faits irréfutables à propos de ce document. Qu’une telle image ait pu être exécutée en 1879 est très improbable. Cette hypothèse supposerait de pouvoir prouver qu’un autre photographe a pratiqué le gélatino-bromure à Aden avant Révoil – ce qui va être moins facile que de brandir une nouvelle ressemblance.

Résumons. N’en déplaise à Desse et Caussé, je ne suis pas convaincu par les comparaisons de portraits proposant d’identifier le personnage barbu comme étant Georges Révoil, et trouve la ressemblance avec Dutrieux plus évidente. Il faut remercier Jacques Bienvenu pour ce nouveau progrès dans l’étude du document. Mais la photo d’Aden porte l’empreinte d’une réalisation technique qui doit être mise en cohérence avec les autres informations disponibles, et qui désignent toutes le mois d’août 1880. Dutrieux, qui était en Egypte cet été-là, est-il passé par Aden à ce moment? Aucun document ne permet actuellement d’établir le contraire. Mais avec un peu de malice, on peut affirmer qu’il en existe un qui l’atteste bel et bien: c’est la photo de l’hôtel de l’Univers.

Références

20 réflexions au sujet de « Rimbaud et les docteurs de la ressemblance »

  1. Une remarque… La seule certitude devant cette photographie, ce qui en fait comme chaque photographie, un document, c’est que la lumière renvoyée par ces êtres humains et cette terrasse a été « conservée » par le gélatino-bromure.
    La photographie est donc un document qui nous informe surtout sur la présence d’un type d’ appareil de prise de vues et d’un sujet imageant devant les choses et les êtres dont la trace lumineuse a été conservée au fond de la chambre noire. Le « ça a été » est en fait un « ça a été fait » ce qui rappelle qu’il n’y a pas de transparence ni de « neutralité » photographique, mais on oublie facilement la qualité et l’importance de cette présence (sauf quand un spécialiste la rappelle) pour ne voir que ses fruits, alors que c’est pourtant par elle que la photographie peut être datée, le lien est de ce côté là, pas dans la vue mais dans ce que dit le cadre à celui qui sait l’entendre (qui s’y entend en procédés techniques). L’indicialité photographique est en arrière de l’image, dans le contre-champ et pas dans le champ. Pourtant, le dogme de la ressemblance, ruminé par les docteurs, reste comme la racine conceptuelle de la dimension documentaire de la photographie. C’est une idée utile plus qu’une réalité… Je la lierait à une certaine conception de l’identité des sujets, celle d’un sujet plus ou moins cartésien tout rond comme une bille de plomb, intangible et clairement identifiable, transparent à lui-même, qui se ressemblerait toujours. Le dogme de la vérité photographique marche avec cette conception de l’identité, elle sert à l’attester et à l’établir, je suis ce que je parais et le suis toujours…
    De la même manière qu’on utilise l’idée de photographie pour valider la ressemblance des sondages avec quelque chose qui n’a pas d’apparence comme l’opinion, on utilise cette idée de ressemblance photographique pour identifier des représentations de personnes qui changent forcément, mais on se heurte aux limites de la labilité de l’apparence des êtres, (c’est que le sujet ne se ressemble pas toujours) et l’on cherche alors à prouver la ressemblance par la présence… cf buste de César, gravures d’Henri IV… et là Rimbaud, y était-il ou non le jour supposé de la photo ?… mais Rimbaud peut bien avoir été présent ce jour-là sans figurer sur la photographie, ou même s’être tenu à côté du photographe, le châtouillant pendant la prise…
    On ne pourra jamais que se dire « tiens c’est sûrement lui ! » Mais le doute inévitable ici, heurte une croyance tenace. Puisque c’est une photo, il faut que ce soit vraiment Rimbaud…
    C’est drôle cette obsession de faire de la photographie une preuve de ce qu’on croit, connaît ou sait déjà… et de ne pas la croire sans preuve écrite.

  2. @Olivier: Tout à fait d’accord sur le lien implicite entre dogme photographique et dogme identitaire, parfaitement illustré par des projets comme le bertillonnage – et accessoirement infirmé par l’échec des projets de reconnaissance faciale à une échelle large (la reconnaissance faciale n’est efficace qu’à l’échelle d’un groupe limité et de préférence fermé, comme une entreprise: au-delà, le système n’arrive plus à faire la différence entre les variations d’un même visage et deux visages distincts).

    Quant à l’indicialité (qui n’est qu’un nom un peu barbare pour désigner la nature du processus d’enregistrement), j’ai un billet là-dessus depuis longtemps dans mes tiroirs, qu’il va falloir que je me décide un jour à finir. Pour faire court, l’exemple ci-dessus en dessine bien le schéma: est-il légitime de nommer signe un phénomène qui n’a pas été désigné comme tel par l’haruspice? Le modèle théorique à solliciter ici est la figure du détective ou du chasseur pour qui la trace fait signe, et sans lequel celle-ci, à défaut d’interprétation, ne peut être distinguée comme phénomène (l’ébranlement de la chambre n’est identifiable que pour un regard cultivé, en l’absence duquel il n’est pas perçu). Autrement dit, la trace est constituée par l’interprétation et n’existe pas sans elle. N’en déplaise à Pierce, le bon modèle est ici Sherlock Holmes, plutôt que la fumée du feu…

  3. Il faut savoir qu’il y avait d’autres photographes à Aden, Charles Nedey et Bidault de Glatigné. Ne pouvaient-ils pas déjà expérimenter le gélatino-bromure dès novembre 1879?

  4. @Hugues: A ma connaissance, on n’en a encore jamais fait état. De fait, les photographes professionnels ne sont pas parmi les premiers à utiliser la plaque sèche, qui passe à cette époque pour un procédé moins performant réservé aux amateurs (Révoil, qui n’est pas photographe, mais explorateur et ethnographe, correspond bien au profil type des premiers usagers du procédé). S’ils l’ont fait, cette pratique a nécessairement dû laisser des traces, qu’il est possible d’identifier, soit par le matériel utilisé (chambre et obturateur), soit par la comparaison avec d’autres épreuves de la même année (petit format, caractéristiques visuelles, flous de bougés rapides).

  5. Le flou sur la photo me semble horizontal, mais pas vertical. Si cette impression est confirmée, et puisqu’on connait (mais à-t-on le détail suffisant?) le matériel de Revoil, est-il possible de vérifier la compatibilité de cette photo avec l’hypothèse Revoil? Car j’imagine (?) qu’il y avait des appareils a guillotine horizontale d’autres a guillotine verticale?

  6. @Charles Martin: Bonne remarque. Le fonctionnement d’un obturateur à guillotine implique un mouvement vertical, puisque c’est la gravité qui entraîne la partie mobile (il est possible de régler la vitesse de la chute en inclinant le dispositif, comme on peut le voir sur la gravure ci-dessus, fig. 11). Notez bien qu’un obturateur en bon état ne doit pas transmettre de vibration à la chambre. La trace de l’ébranlement que nous voyons sur la photo d’Aden est la conséquence d’un dysfonctionnement, qui peut avoir différentes causes. Sa direction résulte de la somme des contraintes mécaniques; elle traduit probablement le fait que la chambre était fixée sur un pied, et a donc vibré latéralement. Une autre hypothèse serait d’imaginer l’usage d’un obturateur à volet roulant (voir photo), qui fonctionne à l’aide d’un mouvement à ressort, et peut être disposé verticalement ou horizontalement. Mais l’emploi de ces dispositifs est un peu plus tardif, et ne paraît a priori pas compatible avec la fourchette de datation envisagée, non plus qu’avec le petit format d’une chambre 10 x 15.

  7. Cette question me passionne et je me demande si sur deux points précis nous ne pouvons pas interpréter différemment les choses relatées par André, lequel trouve 1879 un peu trop tôt par rapport à ce qu’il connaît de la diffusion de la technique du gélatino-bromure à cette époque.

    Voici ces deux interprétations possibles (je les propose, je n’affirme rien).

    Premièrement, le gélatino-bromure, s‘il produisait des images moins belles que les technologies précédentes, étant quand même beaucoup plus pratique que celles-ci. André a écrit dans sa thèse « Facilitant la prise de vue en déplacement, la réalisation de portraits ou de vues urbaines animés, les plaques sèches apportent certes des améliorations sensibles sur le plan pratique (…) » donc il me semble qu’on peut faire l’hypothèse que même si sa diffusion auprès des professionnels de métropole a été lente, elle a certainement été beaucoup plus rapide auprès des photographes voyageurs ? Car pour ceux-ci, la légère baisse de qualité était très largement compensée par la plus grande facilité ?

    Deuxièmement, il est vrai que la chambre était très certainement posée sur un pied. Mais tout simplement, le flou observé ne résulterait-il pas justement de l’utilisation d’un appareil « primitif » (pour la technique considéré) plutôt que d’un défaut sur celui-ci ? En d’autres termes, le flou observé ne serait-il pas justement LA preuve de l’utilisation d’un des tous premiers appareils idoines ? Auquel cas 1879 deviendrai un peu plus probable que 1880 ?

    ?

    Charles

  8. J’écrivais ci-dessus qu’aucun document ne permettait d’exclure la présence de Dutrieux à Aden en août 1880. Pourtant, c’est apparemment chose faite, avec un courrier découvert par Reinhard Pabst, qui suggère que Dutrieux, Rimbaud et Lucereau ne pouvaient se trouver simultanément au même endroit: cf « A l’Ouest d’Aden » (à paraître dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung). Fin de l’histoire? Si le personnage sur la photo est Dutrieux, et sauf nouvelles trouvailles, la réponse pourrait être oui. Desse et Caussé maintiennent leur identification Révoil, en s’appuyant sur la comparaison des formes d’oreille.

  9. L’identification de Dutrieux est établie à partir d’une seule photo. Elle est contradictoire avec les faits (maladie de Dutrieux, gélatino-bromure, etc. – voir http://chezleslibrairesassocies-rimbaud.blogspot.com ).

    Comment peut-on annoncer la « fin de l’histoire » à partir de la seule ressemblance entre deux personnages, alors que l’on vient précisément de nous expliquer qu’un tel procédé est aux antipodes de l’objectivité ? « En bonne pratique historique, la conséquence de ce constat (outre qu’elle impose de respecter pour chacun l’entière liberté de son appréciation personnelle) est que seul un faisceau d’observations cohérentes est susceptible d’apporter une réponse crédible. »

    Alban Caussé et Jacques Desse

  10. @Caussé & Desse: L’identification Dutrieux n’est en effet établie qu’à partir d’une seule photo, dont on aimerait voir l’authenticité précisée. Mais on peut en dire autant de l’identification Révoil, car il n’y a qu’un portrait qui soutient véritablement la comparaison, que vous reproduisez à plusieurs reprises, celui dit « de son arrivée à Zanzibar ». Etes-vous bien certains qu’il s’agit de Révoil sur cette photo, quels sont les éléments qui l’attestent, ne s’agit-il pas du détail d’une image plus grande? Pour ma part, je n’arrive pas à me convaincre qu’il s’agit du même homme. Cela n’engage que moi, mais je trouve qu’il y a quelque chose qui cloche avec cette photo, on dirait que le nez du personnage est plus long que celui de Révoil.

    Cela dit, j’admets que la comparaison des formes d’oreille, à laquelle je renvoie ci-dessus, a l’air d’aller plutôt dans votre sens, ce qui me laisse passablement perplexe. Je maintiens que le respect de l’appréciation personnelle est un préalable au débat, et chacun est évidemment libre de se faire son opinion à partir des éléments en présence.

  11. Jacques Bienvenu émet ce soir « les plus grandes réserves » sur le document retrouvé par Pabst – mais maintient l’absence de Dutrieux à Aden en août 1880, à partir de l’analyse de son courrier du 18 février 1881.

    MàJ du 08/02/2011: Aujourd’hui deux contributions symétriques: celle de J. Bienvenu dans Le Monde, « Deux explorateurs chassent Rimbaud de la photographie d’Aden« , celle de J.-J. Lefrère dans L’Express.fr, « Photo d’Aden: Rimbaud ou pas Rimbaud?« .

  12. Comme suggéré dans un commentaire furtif d’André, il faudra bien un jour écrire l’histoire de la recherche autour de cette photographie, qui est peut-être à la fois le symbole parfait d’un changement d’époque dans les méthodes d’investigation et un parfait exemple des mesquineries qui peuvent se produire des dans milieux confinés..

    En effet, après deux années de recherches « classiques » (les découvreurs gardant leur trouvaille pour eux seuls – ou du moins pour un cercle extrêmement restreint, avant d’orchestrer une mise au jour fracassante, avec convocation de la presse, interviews télé, tente au Grand Palais, etc.), on y voit ensuite un travail collaboratif se mettre en place sur divers forum (notamment sur Mag4, mais pas seulement), et les haines et rancœurs se dévoiler peu à peu.

    J’avais déjà écrit ici il y a quelque temps un billet sur « la malédiction Rimbaud » qui faisait perdre tous sens commun aux experts s’agissant de cette photographie.

    Aujourd’hui je réagis a nouveau sur ce thème suite a la notice de Bienvenu : car même si la raison pour laquelle il est suspicieux quand à la lettre retrouvée par Pabst saute immédiatement aux yeux à la vue du scan, il n’en reste pas moins qu’ « émettre les plus grandes réserves » ainsi qu’il l’a fait sans donner aucun motif ne me semble pas très confraternel. Il y a une différence entre ne pas considérer une preuve qu’on n’a pas validée soit même et « émettre les plus grandes réserves » à son sujet sans explications !

    Il semble que d’un coté comme de l’autre, parfois même dans son propre camp, jeter la suspicion soit devenu un sport quotidien. Il y a eu d’ailleurs des menaces de procès, des accusations de diffamation, etc., etc. Je note aussi que le temps de réaction a diminué : dés qu’un article parait, le camp d’en face réagit illico. Ce qui témoigne d’une grande nervosité.

    Tout cela me fait penser que les bonnes vieilles méthodes scientifiques (partage des résultats avant publication, reproductibilité par d’autres équipes, comité de validation, ex..), même s’il y a eu quelques anicroches, avaient quand même du bon.

    Pendant ce temps on oublie un peu le fonds du problème et on descend en spirale en se contredisant soi-même : ainsi, les Libraires qui expliquent un jour dans leur analyse des photographies de Rimbaud que toute ressemblance est toujours assez subjective ne font pas moins trois jour plus tard de la similitude des oreilles leur argument principal pour Revoil contre Dutrieux !!!! Va comprendre Charles ! Et ce n’est qu’un exemple, celui qui me vient a l’esprit a l’instant – mais il y en a eu beaucoup d’autres, de tous cotés.

    Il manque manifestement un directeur de thèse pour coordonner tous les travaux en cours ! Ca part dans tous les sens.

    J’émets le souhait que tout ce petit monde se ressaisisse et reparte sur de bonnes bases. Deux thèses s’affrontent aujourd’hui : 1879 ou 1880. Que chaque camp fasse la synthèse de son hypothèse, en partant des identifications certaines (Lucereau, Suel) ou quasi-certaines (Dutrieux), de ce que l’on sait de la photographie (gélatino-bromure avec flou caractéristique des premiers appareils), etc., et propose un scénario (c’est-à-dire une identité pour chacune des 7 personnes) qui se tienne (ie : qu’ils aient tous été présents à Aden à la date supposée) et alors on pourra juger du quel est le plus vraisemblable.

    Enfin, j’appelle aussi à un peu d’humilité : toujours a titre d’exemple, n’oublions pas qu’il ne reste aujourd’hui, seulement 9 mois plus tard, quasiment rien des hypothèses émises dans le premier article de Lefrère et des Libraires accompagnant l’annonce de la découverte de cette photographie en avril dernier !

    A méditer.

    Charles.

  13. @Charles Martin: Les arguments des deux camps sont plutôt bien résumés dans les 2 derniers articles publiés, dont je fournis les liens dans mon précédent commentaire.

    La virulence de la discussion peut selon moi s’expliquer par plusieurs caractéristiques:

    1) En premier lieu, le fait que les études rimbaldiennes forment un décor pour le moins contrasté, où deux visions contradictoires de Rimbaud s’opposent, ce dont on pourra se faire une petite idée à partir de l’article (antérieur à la controverse sur le portrait) et de ses liens: « De la terreur en Rimbaldie« .

    2) La photo d’Aden n’a jamais été soumise à une expertise scientifique indépendante, et personne ne s’est donné les moyens d’une analyse en termes d’archéologie technique. Depuis le début de la discussion, chacun s’est auto-promu expert en photographie du 19e siècle, tout en se prononçant à partir de copies numériques d’une image absente. Comme a pu le montrer mon intervention, le regard d’un spécialiste aurait pourtant été utile dans ce dossier. Je connais bien les meilleurs experts en photographie historique, et je crains que la tournure très polémique qu’a pris ce débat empêche désormais de procéder à l’expertise technique de l’image, quand bien même celle-ci redeviendrait accessible. Il semble que je sois le seul à comprendre ce que ce défaut signifie, à savoir l’absence du soubassement même d’une discussion scientifique sérieuse. Par la suite, l’échange d’arguments sur les ressemblances n’a été mené par l’un ou l’autre camp qu’à charge ou à décharge. Il ne s’agit donc pas d’une controverse scientifique à proprement parler, mais plutôt d’un affrontement médiatique dont, comme je l’ai écrit ci-dessus, il est remarquable que les conclusions aient toujours précédé les preuves.

    3) La vente de l’image avant la clôture du débat sur l’identification n’est évidemment pas un paramètre anodin. Elle enferme les libraires dans une position des plus inconfortables de juge et partie, et les a poussés à une lecture paranoïaque des contestations de leur thèse, évoquant dès les premières contradictions procès en diffamation ou théorie du complot. Tous les appels au calme – ou à l’humilité – se heurteront nécessairement aux enjeux pécuniers de l’affaire.

  14. @ Charles Martin :

    Vous avez parfaitement raison en ce qui concerne le côté passionnel. Mais n’oubliez pas que cela fait 10 mois que durent ces attaques, qui ont pris parfois des formes inadmissibles (diffusion délibérée de fausses informations) ou de « passages à l’acte » relevant de la pathologie mentale.

    Quels sont les faits établis au départ qui ont été réfutés ? Il en a un, mentionné au conditionnel dans une brève note de bas de page : « Les deux personnages barbus assis à gauche pourraient être Alfred Bardey et son frère Pierre, à en juger par la seule photographie connue du premier employeur de Rimbaud. » On sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas.

    Tout le reste à ce jour n’a fait que préciser et confirmer les pistes de départ, et la quantité de faits très spécifiques qui se sont parfaitement emboités (jusqu’au gélatino-bromure) suggère qu’il ne peut s’agir de coïncidences. Nous ne savions pas tout il y a 10 mois, c’est normal : le propre d’une découverte est d’en permettre de nouvelles… Ces progrès – au demeurant assez incroyables – ont été permis par la publication de l’image, par l’implication collective de nombreux passionnés, et également bien sûr par la polémique. Mais cette polémique a souvent freiné ou empêché l’établissement de la vérité, comme c’est le cas actuellement (voir aussi les innombrables fausses pistes et « canulars » qui ont été distillés sur le forum Rimbaud). Le débat repose en quasi-totalité sur les éléments que nous nous avions donnés en avril puis à l’automne (Dutrieux compris), pour du travail d’amateurs (certes appuyés par quelques spécialistes chevronnés), ce n’est pas si mal !

    La polémique et la progression de la recherche sur cette photo n’existeraient pas sans Internet. Mais les effets pervers de la démocratisation et de l’instantanéité sont considérables, puisque toutes les prises de parole sont placées au même plan, sans aucune « traçabilité », et qu’il permet l’éclosion de petits Thierry Meyssan du rimbaldisme, la diffusion d’une espèce de marmelade où il devient fort difficile de discerner le vrai du faux, le fait établi et la propagande, etc. Vous avez dit « humilité » ?

  15. La démarche scientifique est importante, mais André Gunthert s’est trompé à deux reprises pour dater la propagation de la photographie au gélatinobromure d’argent. La méthode s’est diffusée dès 1879, comme l’atteste la presse d’époque. L’authenticité des documents mis en ligne sur Gallica ne saurait être mise en question.
    Trois personnages de la photographie ont été identifiés. La photographie de Dutrieux a été déposée à la Société de géographie. Son authenticité n’a pas à être prise à la légère et nous reconnaissons trait pour trait le barbu à gauche sur la photographie d’Aden. Le discuter relève de la mauvaise foi.
    Ce personnage Dutrieux était à Aden vers le 25 octobre 1879.
    Par conséquent, la photographie peut avoir été prise au gélatinobromure d’argent plutôt qu’au collodion, okay belle remarque quoique cela reste à prouver, mais cela n’a aucune valeur discriminante pour dater plus précisément la photographie.
    La démarche scientifique pour dater cette photographie ou pour identifier un personnage n’est pas étroitement tributaire d’arguments techniques, que nous sachions.
    Dutrieux et Lucereau sont réunis sur cette photographie. On note accessoirement la présence de Jules Suel qui n’a aucun rôle discriminant pour dater cette photographie.
    Cette double identification montre que la photographie a été prise entre le 25 octobre et la mi-novembre 1879.
    L’hypothèse d’un passage de Dutrieux a Aden en août 1880 est a priori fantaisiste et elle est infirmée par une lettre de Dutrieux lui-même au sujet du décès de Lucereau.
    Rimbaud n’est pas sur la photographie et il ne s’agit pas d’un affrontement de clans. Les gens qui étaient convaincus que la ressemblance de cet inconnu avec Rimbaud était risible ont apporté avec la plus grande rigueur les preuves demandées pour exclure l’identification.

  16. @Antoine: Vous admettez que la démarche scientifique est «importante», mais comprenez-vous réellement de quoi il s’agit? Lorsque vous écrivez: «Les gens qui étaient convaincus que la ressemblance de cet inconnu avec Rimbaud était risible ont apporté avec la plus grande rigueur les preuves demandées pour exclure l’identification», ne voyez-vous pas que la conviction précède la preuve – alors que la méthode scientifique requiert précisément l’inverse? J’ai par rapport aux deux camps, définis par leurs convictions préalables (c’est Rimbaud/ce n’est pas Rimbaud), un gros avantage: c’est celui d’avoir changé d’avis, comme je l’indiquais dès mon premier billet, ce qui implique que ma conviction n’est pas un acte de foi, bonne ou mauvaise, mais bien le résultat de l’argumentation.

    Puisque votre science de la photographie historique est faite, il ne vous intéressera pas de discuter du degré de crédibilité qu’on peut accorder aux publications spécialisées de l’époque. Les autres lecteurs pourront se reporter à un article, publié dans la revue Romantisme, où je démontre que certaines affirmations reprises jusque dans le monumental Grand Dictionnaire universel Larousse ne sont que des fantasmagories. Pour le dire vite, en histoire de la photo, il y a les textes et il y a les images. Pour des raisons bien compréhensibles, on ne peut faire qu’une confiance très relative aux premiers. Seule la comparaison avec les images permet d’établir la validité d’une revendication. Pour tous les pseudo-experts qui pontifient sur le gélatino-bromure, dont ils ignoraient hier jusqu’à l’existence, voici une info qui permettra de briller dans les dîners en ville: notre connaissance iconographique des premiers temps du procédé est encore scandaleusement lacunaire. — Même si vous ne comprenez pas ce que ça veut dire, assenez ça l’air convaincu, je garantis l’effet 😉

    Plutôt que d’employer des termes savants, sur un ton inutilement sentencieux, merci de me relire avec un peu plus d’attention. «Si le personnage sur la photo est Dutrieux, et sauf nouvelles trouvailles», il pourrait bien s’agir de la fin de l’histoire, écrivais-je ci-dessus. Si l’on peut discuter les déductions du courrier publié par Pabst, je suis sensible à l’analyse développée par Bienvenu dans son dernier billet, selon laquelle le courrier du 18 février 1881 trahit une connaissance de seconde main à propos de la fin de Lucereau. Cet argument me paraît convaincant; il signifie que si c’est bien Dutrieux qui figure sur la photo d’Aden (ce qui demande une vérification iconographique, car cette hypothèse n’est appuyée jusqu’à présent que sur un seul portrait), Rimbaud ne peut pas faire partie des présents.

    La ressemblance avec Rimbaud n’est pas « risible ». C’est bien tout le problème. Que ce soit ou non Rimbaud, le fait que Lefrère, le meilleur spécialiste de l’iconographie rimbaldienne, ait pu considérer cette ressemblance comme crédible n’est pas à prendre à la légère. Quoique ma connaissance du corpus rimbaldien soit infiniment moins précise que la sienne, je crois comprendre, pour avoir suivi un cheminement similaire, quelle a pu être sa perception, à savoir que le visage d’Aden fonctionne exactement comme le chaînon manquant dans la lignée problématique des portraits de Rimbaud adulte. Au fond – et c’est le plus étrange – que ce soit ou non Rimbaud ne change rien à la question que nous adresse la photo d’Aden. Quelle que soit la conclusion à son propos, la polémique a d’ores et déjà apporté la preuve que nous ignorons à quoi ressemblait exactement le poète, jeune ou adulte (voir aussi l’intéressante contribution de Desse sur les photos Carjat, qui n’a pas suscité beaucoup de réactions, alors qu’elle pose exactement cette question). Cette leçon nouvelle me paraît d’une portée considérable. Il ne s’agit là bien sûr que d’un avis personnel, exprimé sur un blog qui est fait pour ça. Pas besoin de monter sur vos grands chevaux pour apporter la contradiction, celle-ci est parfaitement légitime ici.

  17. La pensée d’Antoine sur la nécessité ou non d’une analyse scientifique me laisse pantois : bien évidemment que c’est nécessaire ! Même si effectivement il est probable que l’identification précise de la technique employée ne soit pas discriminante ici, il faut quand même le faire !! Imaginons qu’il s’agisse de Polaroid, d’autochrome, d’un virage platinium… Rimbaud serait exclu de fait ! (je galèje). Voir même, imaginons qu’il s’agisse d’un faux ? D’un collage décelable uniquement sur l’original ? Je galèje à nouveau bien sûr mais je rappellerai quand même que Les Libraires n’ont pas hésités à diffuser dans la presse une photo QUI N’EXISTE PAS !! Je parle ici de la version retouchée avec les trous bouchés que nous avons vu partout … Sommes nous sûrs de ce que nous voyions quand nous dissertons longuement sur cette photo ?

    D’autre part je ne vois pas en quoi les affirmations un peu hâtives d’André (il s’en est d’ailleurs excusé) remettent en cause la nécessité de cette analyse scientifique : d’abord ces affirmations n’avaient pas valeur d’expertise, ensuite André n’a pas eu en main l’original, enfin ce n’est pas parce qu’il s’est peut-être trompé que les deux ou trois spécialistes que nous connaissons tous (P., L., …) auraient forcément fait de même.

    Je conseillerai donc à Antoine, si ce n’est déjà fait, de lire « Controverses » pour comprendre en quoi une analyse scientifique sur une photo de cette importance aurait été nécessaire dés le début. A vrai dire, je n’ai jamais compris que les Libraires n’aient pas entamé cette démarche avant publication ; il me semble à moi que c’était le B-A BA d’une démarche un tant soit peu sérieuse.

    Je profite de ma réaction pour revenir sur un autre point qui me gêne beaucoup, qui ne plaide malheureusement pas en faveur des Libraires, et que je ne souviens pas d’avoir vu soulevé ailleurs : sauf erreur de ma part, nous n’avons jamais vu le dos de la photo d’Aden, nous n’avons jamais vu non plus tous les scans de toutes les autres photos du lot, etc.. Qui peut garantir qu’il n’y a pas sur ces dos, sur ces autres photos, une inscription, une marque de papier photographique, une trace du temps, une personnage, qui nous fournirait de précieuses indications dont eux seuls auraient connaissance à ce jour ?

    Je trouve extrêmement suspect cet état de fait. Je suis persuadé de m’inquiéter pour rien, mais tout de même, je ne comprends pas cette attitude bien peu rigoureuse.

    Charles.

  18. @ Charles

    Il semble que, comme beaucoup de gens qui s’expriment occasionnellement sur ce dossier, vous ne le connaissiez pas complètement.

    – Nous avons diffusé une image absolument brute sans même toucher au contraste ou à la luminosité (nous avions même refusé que le scan soit « nettoyé » par le laboratoire qui l’a réalisé, comme cela se fait d’ordinaire), elle est visible partout. La version dans laquelle les deux petits trous sont « bouchés » a été réalisée de sa propre initiative par l’agence Adoc-Photos – d’ailleurs bien connue des amateurs et spécialistes de photographie ancienne.

    – Nous avons donné tous les éléments en notre possession quant au reste du lot et à sa provenance.

    – Vous semblez ignorer que cette photo est à peu près le seul cliché de Rimbaud sur lequel des recherches un peu poussées ont été menées. Puis-je vous rappeler que l’on n’a, à ce jour, strictement aucune information sur la photo de Scheick-Otman (acquise par le musée Rimbaud lors d’une vente chez Sotheby’s), et que personne de vivant n’a jamais vu la photo de Carjat, dont on il n’existe que des reproductions retouchées ou truquées ? C’est l’une des photos anciennes les plus célèbres du monde, connue de tous, mais personne ne sait à quoi elle ressemblait à l’origine, ni même si des tirages d’époque existent toujours.

    Le B-A BA d’une démarche un peu scientifique, ce pourrait être, avant de chercher la paille dans l’oeil du voisin, de vérifier si l’on n’a pas une poutre dans le sien. J’irai même plus loin : je pense que notre faute, c’est d’en avoir trop dit, et d’avoir donné, depuis 10 mois, trop d’informations (regardez ce qui était dit de la photo de Scheick Othman lors de sa publication, dans l’Afrique de Rimbaud, par M. Jeancolas…). Si nous avions sagement fait passer ce cliché dans une vente de prestige, avec dix lignes de commentaire, l’éventuel débat se serait cantonné à deux ou trois rimbaldiens, et vous ne seriez pas en train d’en parler. Nous serions plus tranquilles, mais ce document n’aurait rien apporté.

  19. @Jacques Desse

    Monsieur Desse,

    Je confirme, ce qui ne vous étonnera pas, que je connais moins bien ce dossier que vous-même, et oui il est possible que je ne sache pas tout – c’est bien pour cela que j’avais indiqué « sauf erreur de ma part » dans la note qui vous a fait réagir.

    Merci de votre précision concernant la retouche de la photo. Je prends acte que, selon vous, ce n’est pas vous le responsable de ce tripatouillage mais une agence photo. Mais alors, pourquoi donc avez-vous laissé faire ?

    Dire que vous avez donné tous les éléments en votre possession quand au reste du lot et à sa provenance me semble une vaste fumisterie, puisque, toujours sauf erreur de ma part (mais corrigez moi si je me trompe bien sur), vous refusez toujours de dire où précisément vous l’avez trouvé, alors que cela permettrai peut-être de remonter une piste (propriétaire précédent, propriétaire précédent du précédent, etc) et de trouver – qui sais ? – d’autres documents. Je comprends parfaitement les raisons légales qui vous empêchent de donner cette information puisque, étant un professionnel et ayant revendu plus de 9 fois le prix d’achat (si vous l’avez réellement trouvé dans une brocante), vous pourriez avoir rendre des comptes au précédent propriétaire s’il était retrouvé (comme c’est fameusement arrivé avec les fauteuils d’Eileen Green). Peu importe, c’est un autre débat. Mais ne dites pas que vous avez tout dit sur la provenance de ce lot. A ma connaissance- et je peux me tromper, alors détrompez-moi – ce n‘est pas vrai.

    Où avez-vous publié l’intégralité des autres photos du même lot ? Je ne les ais pas vus, mais je les ai peut-être manqués ? Et le scan du verso de la photo d’Aden ? Et les scans des autres versos du même lot ? Et les scans des billets qui je crois m’en souvenir accompagnaient les photos ?

    Ne soyez pas gamin en regrettant de n’avoir préféré une vente de prestige ! La raison pour laquelle vous n’y avez probablement même pas pensé, c’est que cela aurait moins servi votre gloire qu’un vélum au milieu du Grand Palais pendant trois jours avec convocation du ban et de l’arrière-ban de la presse, de la radio, de la TV. Vous aviez parfaitement, absolument, totalement, le droit de faire ce choix de vente, mais ne le regrettez pas ensuite, lorsqu’on vous challenge un peu sur vos preuves !!

    Non, je n’ ignore pas que cette photo est à peu près le seul cliché de Rimbaud sur lequel des recherches un peu poussées ont été menées, je n’ignore pas non plus que vous n’êtes pas responsables de toutes ces mêmes recherches poussées (je n’ignore pas qu’on ne vous doit pas les identifications de Lucereau, de Suel, ni même celle probable de Dutrieux) , mais ce que j’ignore encore et que j’aimerai réellement savoir et comprendre c’est pourquoi vous jouez en permanence la digression et le relativisme (la paille et la poutre, le manque d’info sur la photo de Scheick-Otman, les questions sur la photo de Carjat…) ? Peu me chaud ici les enquêtes qui ont été faites ou pas sur les autres photos présumées de Rimbaud, je ne vois pas très bien en quoi cela change ce qui a été fait ou pas pour celle dont nous parlons en ce moment ?! Nous ne sommes plus dans une cour d’école, ce n’est pas une compétition, la question est de savoir qui a vrai ou faux, pas qui en a fait le plus ou le moins !!! Et n’oubliez pas que quand on questionne sur les résultats et qu’on vous répond par les moyens engagés, comme vous le faites en ce moment, cela cache souvent quelque chose et il est temps de s’inquiéter.

    J’ajoute, monsieur Desse, que vous manquez parfois de la logique la plus élémentaire: car si vous dénigrez la connaissance que nous pouvons avoir des autres photos de Rimbaud pour mettre en avant votre travail, alors vous affaiblissez en même temps votre argument principal pour l’attribution Rimbaud sur la photo d’Aden qui est justement une ressemblance que vous décelez d’après ces autres photos !

    Reprenons notre calme. Pouvons-nous enfin avoir des réponses sur le fond des questions posées plus haut ?

    Merci d’avance

    Charles

  20. Je dis simplement que la photo de l’Hôtel de l’Univers est soumise par certains à une sorte de procès inquisitorial, alors que nos têtes à tous sont remplies d’informations et d’images d’actualité ou historiques, certaines autrement plus importantes, dont la validité pourrait être examinée avec au moins autant de légitimité. Le fait que le cliché de l’Hôtel de l’Univers, plus documenté que d’autres, soit questionné alors que les autres ne le sont pas, pose un problème méthodologique, et suggère que le débat a d’autres origines que la recherche légitime de la vérité.

    Puisque vous vous intéressez à la photographie ancienne, quelle impression vous fait ce tirage albuminé, soudainement apparu en 2004 : http://www.sothebys.com/app/live/lot/LotDetail.jsp?lot_id=492JR ? Avez-vous déjà vu sur une photo carte de visite une cassure comme celle du côté droit du carton ? (Je ne prétends rien, je veux juste montrer que si l’on tient à se poser des questions, on peut très vise verser dans le doute, voire dans la paranoïa. Or le soupçon n’est pas plus vrai, a priori, que l’assertion). D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus, vous pouvez interpeller le vendeur, sur ce forum ou un autre…

    Pour le reste vous avez notre e-mail!

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