Du bruit dans l'image (l'homme a-t-il marché sur la Lune?)

Par construction, l’environnement du conspirationniste est celui d’une information raréfiée et trompeuse. Si l’on ne parle pas au grand public de la planète X, ce n’est pas parce que ce corps céleste n’existe pas (ou ne menace pas la Terre), mais parce qu’un complot mondial cherche à en dissimuler l’existence.

Dans cet univers perverti, seule l’image ne ment pas. Il n’y a plus que deux types de personnes qui croient aujourd’hui à la valeur de l’information visuelle: ceux qui organisent des colloques consacrés à « l’image comme preuve » – et les conspirationnistes. Pourquoi une telle confiance? Si les adeptes de Reopen 911 scrutent les photos ou les vidéos en pensant qu’elles vont leur livrer des informations cachées, c’est parce qu’ils appliquent sans le savoir au document photographique une théorie de l’enregistrement comme rapport signal-bruit.

Selon cette théorie – jamais vraiment formulée –, l’enregistrement prélève une coupe du réel, qui comprend par définition aussi bien du signal (information utile) que du bruit (information inutile). Dans l’usage « normal » d’une photo, la lecture ne s’applique qu’au signal (c’est un portrait de X). Mais l’image a aussi enregistré beaucoup d’autres informations (sur le costume, l’attitude, la coiffure, la façon de faire la photo, etc.), tout à fait lisibles pour un regard oblique. Or, ces informations ont un caractère particulier: puisqu’elles ne concernent pas le signal, elles n’ont pas été prises en compte dans la réalisation de l’image. C’est en vertu d’un raisonnement similaire que Daguerre prouvait dès 1839 l’originalité de son procédé face à la représentation manuelle. Pour les complotistes (ou les historiens), le fait qu’il s’agisse d’informations non contrôlées leur donne tout leur prix.

Ce type d’approche demande d’être utilisé avec prudence. Lorsque Bill Kaysing publie en 1976 son pamphlet We Never Went to the Moon (« Nous ne sommes jamais allés sur la Lune »), la plupart de ses « preuves » sont photographiques. Pourquoi ne voit-on pas d’étoiles dans le ciel sur les photos prises par l’équipage d’Apollo? Pourquoi la visière du casque de Buzz Aldrin est-elle éclairée, alors qu’elle devrait être dans l’ombre (voir illustration ci-dessus)?

De nombreux commentateurs se sont appliqués à démontrer les erreurs de raisonnement qu’impliquent ces questions. Les jolis ciels étoilés des paysages extra-terrestres sont le fruit de l’imagination des illustrateurs. Pour faire apparaître les astres sur une photo lunaire, il faudrait poser beaucoup plus longtemps et surexposer l’image des astronautes. Quant au casque en contre-jour, je me suis amusé à vérifier expérimentalement qu’un objet sphérique miroitant renvoie la lumière qui lui parvient de l’ensemble des points qui constituent son horizon (voir illustration ci-dessous, cliquer pour agrandir).

Chercher le bruit dans la photo est un principe fructueux. Mais ce qu’il fait apparaître n’est pas une vérité cachée, c’est simplement le protocole d’enregistrement, ses contraintes et ses conventions. Faute de maîtriser ses subtilités, on court le risque de faire beaucoup de bruit pour rien.

16 réflexions au sujet de « Du bruit dans l'image (l'homme a-t-il marché sur la Lune?) »

  1. Le signal ne serait-il pas plutôt TOUT ce qui rentre ?

    Accessoirement, je trouve normal que des gens se posent des questions sur les images dont ils sont gavés. Réduire ces interrogations à la présence de bruit me semble limite ; même si certains sceptiques, moins formés à la lecture des images, commettent des erreurs. Il n’y a pas de conspiration des conspirationnistes.

  2. L’opposition signal/bruit nous vient de la théorie de l’information. Par construction, le signal est l’information utile, le bruit celle qui n’est pas souhaitée. Son appréciation tient donc plus au contexte de réception qu’au contenu proprement dit. Ce qui est signal pour l’un peut être bruit pour l’autre, et inversement.

    Je trouve aussi tout à fait normal – et même salutaire – d’interroger les images. Et les conspirationnistes m’intéressent parce qu’ils scrutent les images. Je pense aussi que lorsqu’il y a théorie du complot, il y a toujours une bonne raison derrière, même si ce n’est pas toujours celle que défendent ses adeptes. Cela dit, ma petite expérience montre les limites de la méthode du soupçon, lorsqu’on oublie de l’appliquer à ses propres théories. Vérifier l’angle des reflets sur un objet sphérique est à la portée de n’importe qui. Encore faut-il y penser. C’est ce qui différencie le soupçon conspirationniste (qui peut souvent avoir des allures rigoureuses, mais qui est rarement réflexif) de la démarche scientifique (qui commence toujours par la vérification et la mise à l’épreuve des hypothèses).

  3. Intéressant cette remarque sur l’usage des mots signal et bruit… En principe, le signal, c’est un message qu’envoie un émetteur à la destination d’un récepteur. Et, le bruit, c’est tout ce qui va modifier le message, déformer ce message… En utilisant les mots signal et bruit, on sous-entend qu’il y a un message qui est transmis ! Un message qui est « caché » dans l’image…

  4. En même temps, si tu n’as rien à dire sur Reopen911 … c’est gentil de laisser un lien, mais tu ferais tout aussi bien de te taire …

    Mais si on retourne l’argument, là où tu parles de preuve, as-tu la moindre preuve que 19 arabes fanatiques ont attaqué avec succès les USA le 11 septembre ?

    Crois tu réellement que les « conspi » ne s’intéressent qu’à des images, qu’ils fient leurs délires uniquement sur des images ?

    Je sais pas moi, si tu avais envie de faire un papier sur le reflet dans une théière, fallait pas de gêner, mais pourquoi alors délirer sur des sujets qui visiblement ne t’intéressent pas ?

    C’est effectivement très limite de donner à penser que toute interrogation sur un éventuel média « visuel » ne serait qu’une perte de temps … sur la plupart des sujets « polémiques », la manipulation est courante, faut-il être dingue pour le constater ?
    J’attends avec impatience ta démonstration de la présence d’un avion dans le pentagone à l’aide d’un légo !

    PS : bravo pour le cliché digne des plus grand éditorialistes morandinesques qui veut associer dans un même délire les fous du « 11 septembre » et les dingues de « on a pas marché sur la lune » !

  5. Concernant les reflets sur un objet sphérique, tous les amateurs d’images de synthèse connaissent ce phénomène, Le « raytracing » (lancé de rayon) et notamment le logiciel gratuit POV (Persistence Of Vision) exposaient déjà les différents effets de réflection, réfraction et diffraction de la lumière il y a plus de quinze ans de ça. Effectivement, le reflet sur la visière de l’astronaute n’a rien de surprenant quand on connait quelques bases sur les lois de l’optique.

    Concernant l’allusion à ReOpen, il faut savoir que l’analyse des images ne représente qu’une infime partie des arguments qui remettent en cause la version officielle du 11 septembre. C’est juste la plus connue, parce la plus spectaculaire, et par nature la plus visuelle.

    D’ailleurs, les tentatives de tromperie contre la version officielle sont également dénoncées par ReOpen. Une vidéo prétendait prouver que les avions sur les tours étaient des hologrammes rajoutés en post production par les chaînes de télé, juste parce que sur 2 vidéos à première vue prises du même point de vue, l’une montrait l’avion et pas l’autre. Il a été facilement prouvé que les placements des caméras étaient en fait différents, et justifiaient que l’avion ne soit visible que sur l’une des vidéos.

  6. André Gunthert a écrit :

    « Il n’y a plus que deux types de personnes qui croient aujourd’hui à la valeur de l’information visuelle: ceux qui organisent des colloques consacrés à « l’image comme preuve » – et les conspirationnistes. »

    Le 13 décembre 2001 était divulguée la célèbre vidéo de Ben Laden où ce dernier se félicitait des attentats du 11 septembre. Cet enregistrement amateur de piètre qualité a été découvert lors de fouilles dans une maison en ruine de Jalalabad (est de l’Afghanistan). Rapidement, des journalistes mainstream émettent des doutes concernant l’authenticité de cette vidéo « confession » :

    ”But then doubts began to surface. Why had bin Laden broken his tight security to talk? Why had he not used one of his normally favoured media outlets? Was the tape genuine? Was this indeed bin Laden at all?”
    http://www.guardian.co.uk/world/2001/dec/16/september11.terrorism1

    La suite, je pense, devrait vous intéresser :

    Le Washington Post citait des officiels étatsuniens qui affirmaient que la vidéo « apporte la preuve la plus convaincante d’un lien entre Ben Laden et les attentats du 11 septembre. »

    Un président Bush euphorique ajoutait : « Quant à ceux qui voient cet enregistrement, ils réalisent que non seulement il est coupable d’un meurtre incroyable, mais qu’il est dépourvu de conscience et d’âme. »

    À Londres, Downing Street affirmait que la vidéo était une « preuve concluante de son implication. » Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Jack Straw, ajoutait : « Nul doute que c’est la pure vérité. Les gens peuvent y voir Ben Laden reconnaître absolument froidement sa culpabilité pour l’organisation des atrocités du 11 Septembre ».

    Tout est là dans cet article de BBC News intitulé « Tape ‘proves Bin Laden’s guilt' » :
    http://news.bbc.co.uk/2/hi/south_asia/1708091.stm

    Comment disiez-vous déjà ?

    Ah oui :

    « Il n’y a plus que deux types de personnes qui croient aujourd’hui à la valeur de l’information visuelle: ceux qui organisent des colloques consacrés à « l’image comme preuve » – et les conspirationnistes. »

    Un commentaire ?

    Cordialement
    Zorg de Reopen.

  7. Les trois commentaires précédents (coco_des_bois, JiPé, Zorg) émanent de membres du forum Reopen, où la réponse au billet ci-dessus a été concertée: http://forum.reopen911.info/viewtopic.php?id=13607

    Il n’est pas question de rouvrir ici la discussion sur l’interprétation du 11 septembre – dont la critique n’est mentionnée qu’à titre d’exemple, de façon strictement non polémique. Il y a suffisamment d’endroits sur la toile pour déployer ces débats, qui sont ici hors sujet.

    La nature de ces réactions m’apprend toutefois quelque chose. Si le conspirationnisme m’intéresse comme une forme de culture populaire, je me rends compte que je n’ai perçu le phénomène de la croyance que de manière désincarnée et abstraite. Il y a quelque chose de fondamentalement exaltant dans le sentiment de détenir la vérité. La croyance nait de ce sentiment, se nourrit de sa puissance. Autrement dit, convoquer la croyance n’est pas simplement convoquer un système de pensée: c’est faire face à une conviction, une force qui veut briser tout ce qui s’oppose à elle. Bonne leçon.

  8. Monsieur Gunthert,

    Le problème est que la première et plus grande des croyances est celle de la majorité en la théorie officielle. Intéressez vous au sujet et vous n’en douterez plus.

    Ceci vous permettra par la même occasion de constater la vacuité du terme conspirationniste s’agissant de qualifier des personnes qui ont compris que la théorie officielle donnée par le Gouvernement US ne résiste pas à l’analyse des faits et repose sur un tissu de mensonges et d’ommissions, sans pour autant en conclure que l’homme n’a pas marché sur la Lune ni même, pour rester dans le sujet, que X ou Y a commis ces attentats.

    A bon entendeur

  9. @Charmord: « Le problème est que la première et plus grande des croyances est celle de la majorité en la théorie officielle. »

    Je n’ai jamais dit le contraire, c’est seulement vous qui le présupposez. Je suis chercheur en sciences sociales, pas juge, ni flic. A mes yeux, chacun a bien le droit d’avoir les croyances qu’il veut – et celle de la majorité n’est en effet pas d’une nature différente des autres. Le sort fait aujourd’hui à ceux qui rejettent la théorie du global warming montre bien la dimension religieuse, exclusive et intolérante de ce qui est supposé être une construction scientifique.

    On pourrait cependant attendre de la part de quelqu’un qui prône une croyance alternative plus de tolérance pour ceux qui ont choisi d’autres chemins minoritaires. Je vous trouve bien sévère envers ceux qui remettent en question le spectacle mis en scène par cette grande administration fédérale, la NASA. Intéressez-vous au sujet, et vous douterez:
    http://armes.silencieuses.free.fr/references.html#moon

  10. C’est drôle cette articulation délicate entre droit à la conviction et illuminisme. Pour quelqu’un comme André Gunthert, le droit à la conviction s’entend comme le droit de mettre son intuition à l’épreuve de tous les éléments observables, tandis que pour le côté illuministe c’est juste le droit de soutenir une vérité considérée comme l’ombre secrète qui se cache toujours dans tous les éléments observables. En quoi je ne doute pas qu’on brûlera encore des sorcières.

  11. Je viens de jeter un coup d’œil sur un site (http://ufologie.net/htm/lheureuxf.htm) qui analyse abondamment l’image de l’homme sur la lune. L’auteur, qui met lui aussi en doute que cette photographie ait pu être réalisée in situ, se fonde sur sa propre expérience de la photographie, mais pas sur les lois de Snell-Descartes, ni sur les caractéristiques des miroirs sphériques. Il s’appuie sur sa maîtrise d’un processus expérimental qui lui est personnel, sans le confronter aux lois (admises pour le moment) qui régissent le comportement de la lumière (envisagée ici sous sa nature ondulatoire). J’en déduit que la croyance est préexistante à la lecture de l’image, et qu’au bruit dans l’image il faut ajouter un bruit hors l’image. Ce dernier présumerait ainsi de l’existence d’un autre signal hors l’image.

    Dans la « vraie » vie, signal et bruit sont des notions parfaitement subjectives (dans une pièce ou monsieur regarde France-Irlande à la télévision pendant que madame discute avec sa meilleure amie, on observe deux perceptions opposées du rapport signal sur bruit). Ce qui est intéressant dans cette introduction du concept SNR à la lecture d’image, c’est qu’il permet d’établir une relation entre celle-ci et le principe de Lalande concernant la perception. D’un côté des sensations quantifiables individuellement (voir Weber, Fechner et consorts), et de l’autre l’organisation individuelle de ces sensations à un moment donné (Lalande). On passe ainsi d’une question de physique à une question philosophique, la seule permettant d’introduire tous les éléments (sociaux, culturels, religieux, …) nécessaires à la compréhension d’un phénomène lié à l’humain.

    Je ne sais pas si le « coup de la théière » (objet, soit dit en passant, très marqué culturellement et qui, contrairement à la bouilloire, n’émet pas un bruit en guise de signal) restera dans les annales, mais je gage que sa pertinence est mesurable dans le contenu de nos commentaires, n’est-ce pas?

  12. Bonjour,

    certes, le débat sur le 11 Septembre n’est pas le sujet ici, je ne veux pas entrer dans ce débat en effet.

    Juste vous piquer sur le fait que les remarques qui vous ont été adressées concernaient moins cet événement que l’incompatibilité entre votre théorie qui veut que « Il n’y a plus que deux types de personnes qui croient aujourd’hui à la valeur de l’information visuelle: ceux qui organisent des colloques consacrés à « l’image comme preuve » – et les conspirationnistes. », et votre mention du site Reopen d’autre part.

    Puisque Reopen analyse des images pour justement éclaircir le signal à en tirer, pas pour défendre une vérité préétablie, bien trop complexe et obscure pour être conjecturée de toutes façons. C’est simplement l’enjeu colossal de ces attentats qui impose de ne pas occulter les profondes anomalies qui sautent aux yeux. Cette analyse n’est donc pas alimentée par des a priori (l’histoire du monde est un complot ou je ne sais quoi), mais par l’incompatibilité entre des a priori et des faits concernant un événement aux conséquences majeures, donc qui méritent l’attention (pensons-nous).

    De plus, les analyses de Reopen (et de beaucoup d’autres sceptiques, moins tenus par des contraintes corporatistes et financières que les grands médias), ne se bornent absolument pas aux images.

    Donc c’est votre mention du site reopen qui est hors sujet dans votre article.

    On ne vous demande pas d’affiner votre analyse (pourtant réfléxive paraît-il, puisque vous faites des SCIENCES sociales) au point d’admettre que dans la complexité du monde existent des phénomènes qui échappent à votre dichotomie entre ceux qui sont capables de remettre radicalement en question des légendes urbaines, et ceux dont la démarche est scientifique.

    Mais vous devriez au minimum supprimer la mention reopen de votre article : elle menace l’intérité de celui-ci.

  13. Bonjour André,

    Je vis pour ma part une étrange expérience. Figure-toi que j’avais envisagé, il y a quelques temps déjà, de te suggérer l’étude de ces photographie polémiques de l’homme sur la lune. En fait, c’était une sorte de fantasme plus qu’autre chose. A l’origine de ce fantasme, la énième réception d’un email sur le sujet, invitant le récepteur à douter de la version officielle, images à l’appui. Mon fantasme est donc en partie « exaucé » ici, sois-en remercié. En revanche, je n’imaginais pas qu’un tel sujet provoquerait les réactions que je lis ici aujourd’hui.

    Rien à voir : à propos de l’intérêt du bruit, je me souviens avec le sourire en coin du lieutenant Ellen J. Ripley (Sigourney Weaver) dans Alien (Ridley Scott, 1979), « lisant » avec attention un écran sur lequel clignotent des 0 et des 1. Peut-être l’un des passages futuristes les moins crédibles, avec bien sûr ces écrans cathodiques embarqués sur le Nostromo. Et pourtant Alien, comme chacun sait, c’est une future histoire vraie… heu n’est-ce pas ?

  14. – J’apporterai une première nuance : techniquement parlant, le bruit est un parasite. C’est un élément qui vient perturber le message, et qui, de plus, n’est pas désiré. L’information inutile, elle, ne vient pas perturber le message, mais l’entourer, parfois même le conforter, et l’auteur de la photo peut avoir le choix de ne pas l’y mettre. Elle devient non désirée lorsque celui-ci se rend compte, a postériori, qu’elle affaiblit son message.

    – « Chercher le bruit dans la photo est un principe fructueux. Mais ce qu’il fait apparaître n’est pas une vérité cachée » > le signal principal non plus n’est pas la vérité, puisqu’il est la version que l’auteur tente de faire passer . Ceux qui scrutent le « bruit » ont tout simplement une démarche similaire à celui qui essaie de démasquer un menteur en relevant les incohérences de son discours.

    – L’appel à la prudence dans l’analyse du bruit est une chose, mais l’appel à se questionner sur la véracité du signal principal est prioritaire. Car le spectateur est passif à la base, mais pas l’auteur.

    – pour finir, il y avait des tas d’exemples pour illustrer ce sujet, pourquoi prendre celui des « conspirationistes » ? Ce choix est une erreur me semble-t-il, car ce qui caractérise les débats conspirationistes, est justement que l’image ne suffit pas à établir la vérité (sinon il n’y aurait pas débat). A moins que vous n’ayez une idée préconçue de cette vérité, ce qui pour le coup n’est pas une démarche très scientifique pour un sociologue.

  15. Très juste remarque concernant ce fameux rapport signal/bruit. Et en effet, contrairement à ce que d’aucuns essaient d’affirmer, ça pourrait en effet s’appliquer à certains « truthers » qui ne se borneraient qu’à une relecture quelque peu étriquée et forcément limitative des choses. Cependant, votre remarque concernant reopen911 est d’une certaine manière déplacée car nombre de ses membres oeuvrent de manière exactement contraire à ce que vous tentez de suggérer … Bien souvent, ce qu’on observe n’est pas la réalité, il suffit d’un peu … d’habillage, de décors, de mise en scène pour que le rapport signal/bruit nous fasse prendre des vessies pour des lanternes …

  16. @Jean Leplant: « J’en déduit que la croyance est préexistante à la lecture de l’image, et qu’au bruit dans l’image il faut ajouter un bruit hors l’image », c’est tout à fait ça.

    @galactic swan: « Mais vous devriez au minimum supprimer la mention reopen de votre article » A posteriori, au vu des réactions suscitées, je regrette aussi d’avoir retenu l’exemple de Reopen, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons que vous. Puisque les adeptes veulent visiblement rester entre eux, soyez sûr que je suivrai votre conseil et m’abstiendrai à l’avenir.

    @Erwan: Je suis ravi d’être allé au-devant de ton désir.

    @Romain: « Pour finir, il y avait des tas d’exemples pour illustrer ce sujet, pourquoi prendre celui des «conspirationistes»? Ce choix est une erreur ». La question qui m’importe est de discuter du problème de l’image comme preuve. Prendre les conspirationnistes en exemple revient à retourner le schéma classique selon lequel on va plutôt chercher la confirmation de cette thèse du côté de l’image scientifique. L’éclairage du point de vue « conspi » modifie considérablement l’énoncé du problème, c’est bien ce qui m’intéresse.

    @samaouste: Qu’est-ce que je tente de suggérer selon vous? J’écris de façon très claire que « Chercher le bruit dans la photo est un principe fructueux ». Et je suis moi-même un spécialiste des images, que je passe mon temps à scruter – je ne vois pas comment on pourrait penser que j’en fasse reproche à quiconque. Pourquoi ne faites-vous pas attention à la parenthèse où j’associe les historiens (comme il est facile de le vérifier dans « l’A propos » de ce blog, je ne suis pas sociologue mais historien) aux conspirationnistes? Est-ce si difficile de remarquer, avec un peu d’humour, que ce billet pose des questions qui ne se ramènent pas aux idées reçues anti-conspi? En vérité, ce sont plutôt leurs propres réactions ici même qui sont venues confirmer l’impression d’intolérance ou de sectarisme qui accompagne traditionnellement l’image de ces mouvements.

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